Chapitre 8 : Le Moyen-Âge au pays des fantômes

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Quand Tania ouvrit les yeux, elle se trouvait dans un cachot de pierres humide. Quelques torches éclairaient les couloirs menant à sa cellule, dont le feu vacillait devant la force du vent extérieur. La jeune femme étant seule, elle décida de s'examiner plus en détails : cette fois, adieu la douce famille qui prenait soin d'elle et adieu les richesses. Elle était vêtue d'une robe simple et usée jusqu'à la corde. Elle déduisit donc qu'elle devait être une paysanne, quelque part au milieu du Moyen-Âge. Tania n'aimait pas tellement cette époque : à part des massacres sanglants et un grand nombre de famines, rien de vraiment intéressant ne s'était produit. Sa réflexion fut interrompue par l'arrivée des gardiens, qui la conduisirent à leur seigneur. Là, les chefs d'accusation furent prononcés. Ainsi, Tania avait refusé de se soumettre aux conquérants francs et saxes. Cela ne l'étonna pas vraiment, elle avait toujours eu une aversion contre les personnes se prenant sans aucune raison pour l'autorité. Elle avait donc refusé de céder ses terres et de communiquer autrement qu'en celte. L'homme en face d'elle semblait las de ce procès et portait une sorte de kilt, ce qui permit à la jeune femme de comprendre qu'elle se trouvait en Écosse. L'assemblée était majoritairement constituée d'homme, elle ne trouverait aucun secours de leur côté. Puis, elle se souvint des légendes à propos de ce pays, et pensa qu'elle pourrait peut-être s'en servir à son avantage. Parler du monstre du Loch Ness n'était sûrement pas l'idée du siècle, en revanche, l'argument des fantômes pourrait peut-être marcher, si elle se débrouillait comme il le fallait. Au moment d'annoncer ses dernières volontés, Tania se redressa, observa le ciel d'orage, prit une grande inspiration et se lança. Elle n'avait plus qu'à prier pour que la météo joue en sa faveur :

« Messeigneurs, écoutez attentivement ce que je vais vous dire : je suis fille de paysan, et petitefille de paysan, mais il y a une chose que vous devez savoir au sujet de ma famille. Nous n'avons jamais baissé les armes devant l'oppression, et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Sachez que s'il m'arrive quoi que ce soit, mon spectre ainsi que ceux de mes aïeux hanterons ces terres jusqu'à la fin des temps. »

A peine eut-elle terminé sa phrase que le tonnerre se mit à gronder et qu'un éclair s'abattit non loin de l'attroupement. Les hommes sursautèrent et s'éloignèrent de l'endroit où se trouvait la jeune femme. Elle en déduisit que sa manœuvre avait été efficace et soupira de soulagement. Cependant, elle se reprit rapidement et retrouva un semblant de sérieux. Elle s'éloigna du groupe à grand renfort de gestes se voulant ressembler à de la sorcellerie, et s'empara d'un cheval qui se trouvait là. Ainsi, la jeune femme chevaucha jusqu'au coucher du soleil et se réfugia dans un château qui lui sembla abandonné. Elle poussa la lourde porte, inspecta les lieux et jeta son dévolu sur une petite chambre, décorée de tentures violettes et de roses séchées par le temps. Tania supposa que la pièce avait dû héberger une jeune femme de son âge, certainement une princesse ou une jeune noble, étant donné du luxe de tous les objets qu'elle avait pu observer. C'est alors que son estomac se manifesta pour crier famine. Elle décida alors de se rendre dans la cuisine afin de trouver de quoi se nourrir. Une fois dans la pièce, elle fouilla l'intégralité des placards et autres tonneaux et trouva des lamelles de viandes séchées. Leur couleur n'avait rien d'appétissant mais la jeune femme s'obligea à les ingurgiter. Après tout, la viande séchée et conservée dans du sel ne pouvait pas être si terrible que cela, puisqu'il s'agissait d'une nourriture très répandue à l'époque. Une fois repue, elle se décida à ouvrir la bouteille de vin qu'elle avait trouvée durant ses recherches, et bien qu'il ne s'agisse pas de sa boisson préférée, cela restait plus sûr que de boire n'importe quelle eau. Elle se dirigea vers la bibliothèque, et fureta entre les rayonnages. Dans les meubles se trouvaient toutes sortes d'ouvrages reliés de cuir, comme elle en avait toujours rêvé. Elle trouva de nombreux recueils de poésie, ainsi qu'un grand nombre de ceux que l'on appelle à son époque, des grands classiques de la littérature. Elle choisit un livre au hasard et se plongea dans un récit d'aventures chevaleresques, éclairée par les rayons de la pleine lune. Elle savait qu'elle devait trouver un plan pour régler ses problèmes mais décida de remettre ceci au lendemain, le sommeil commençant à peser sur ses paupières.

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