Chapitre 2 : La Préhistoire

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Quand elle ouvrit les yeux, Tania crut rêver. Elle se trouvait en plein milieu d'une forêt vierge, avec des arbres trois fois plus hauts et plus larges que la moyenne, et des animaux qu'elle n'avait jamais vus auparavant. En baissant le regard, la jeune femme s'aperçut qu'elle était entourée d'empreintes, semblables à celles qu'elle avait vues dans ses livres d'Histoire. Apparemment, ce qu'elle avait sous les yeux était la trace d'un dinosaure. Tania pensa alors qu'elle s'était endormie, et que l'alcool lui faisait rêver à d'autres époques. Cela lui était arrivé auparavant, alors pourquoi pas maintenant ? Elle tenta de trouver une faille dans son rêve, quelque chose qui confirmerait son idée. Cependant, il n'en fut rien et Tania fut prise d'un énorme malaise. Elle tenta de se pincer, mais rien ne se passa. Cela était pourtant comme cela qu'on faisait, dans les films et les livres ? La jeune femme avait testé cette théorie par le passé et cela avait marché, alors, pourquoi pas maintenant ? Une peur panique commença à l'envahir. Elle n'allait tout de même pas rester bloquée dans un rêve, non ? Il fallait qu'elle se calme, sinon elle n'arriverait à rien. Elle prit de profondes inspirations, et son cœur finit par calmer sa chamade. Puisqu'elle était coincée ici, autant visiter un peu le coin, songea Tania en se mettant en marche. Elle fouilla dans ses poches et trouva son portable. Malheureusement pour elle, il n'y avait aucun réseau là où elle se trouvait. S'avouant vaincue, la jeune femme le remit à sa place. Qui sait, peut-être lui serait-il utile dans un futur proche ? Elle errait sans but quand elle croisa un archéoptéryx. Cet animal la fascinait depuis son enfance, et le voir d'aussi près, en chair et en os lui donna un grand sentiment de satisfaction. Elle vit également plusieurs ptérodactyles, volant au-dessus de sa tête, ainsi que des brachiosaures, broutant tranquillement les feuillages environnants. Elle ne craignait rien tant qu'elle ne croisait pas de grands carnivores... En formulant cette pensée, elle entendit un bruit sourd au loin. Quand elle se retourna pour voir ce qu'il se passait, Tania eut la peur de sa vie. Elle savait exactement quelle était l'époque dans laquelle elle se trouvait. C'était le jour de la pluie de météores qui avait causé la fin des dinosaures. La jeune fille ne pouvait détacher son regard des centaines de boules de feu qui s'écrasaient sur la Terre. Elle constata qu'il en était de même pour les animaux. Quand le premier météore s'écrasa, il y eut un grand tremblement de terre, et les arbres alentour prirent feu. Les dinosaures, bien qu'à l'origine fascinés, paniquèrent à la vue du feu et s'en allèrent dans le sens opposé des boules incandescentes. Autrement dit, ils fonçaient droit sur Tania, qui prit vite ses jambes à son cou. Elle fut bientôt rattrapée par des bêtes de toutes tailles, certaines, plus petites que son mètre cinquante, d'autres atteignant la dizaine de mètres. Elle fut par ailleurs doublée par un tyrannosaure, à la vue duquel elle se cacha rapidement. Même dans ce genre de situation, c'était le genre de dinosaures qui n'hésiterait pas à s'arrêter prendre un petit en-cas, supposa-telle. Aussi, Tania se réfugia dans le creux d'un tronc à proximité. Elle remonta le long de ce dernier afin d'avoir une vue d'ensemble sur ce qu'il se passait. Elle eut l'impression d'assister à l'apocalypse : quasiment tout ce qui l'entourait quelques minutes auparavant était en flammes. Les pins centenaires ressemblaient à d'immenses torches. C'est alors qu'un météore, plus imposant encore que les autres heurta la Terre, déséquilibrant Tania qui tomba de son arbre et perdit connaissance.

Quand elle se réveilla, le paysage était tout autre. Tout autour d'elle n'était que glace et neige. Chose étrange, elle n'avait pas du tout froid. En s'inspectant pour trouver une quelconque blessure, elle se rendit compte que ses vêtements modernes avaient été remplacés par des peaux de bêtes. Décidément, si c'était bien un rêve, il était drôlement réaliste ! Le vent commençant à se lever, la jeune fille décida de se trouver un abri, jusqu'à ce que la tempête se calme. Aussitôt dit, aussitôt fait, elle partit au hasard dans ce blanc infini. Cela faisait déjà quelques temps qu'elle marchait, et Tania n'avait pas croisé âme qui vive, ni aucun refuge potentiel à l'horizon. Elle commençait à perdre espoir quand une paroi rocheuse se dessina entre les flocons de neige. Elle accéléra le pas et se faufila dans une faille de la roche. Là, elle découvrit une grotte spacieuse, dans laquelle elle put se reposer et se réchauffer quelque peu. Cependant, son repos fut de courte durée, car en s'enfonçant plus profondément dans la caverne, pour trouver la chaleur de la Terre, la jeune femme se rendit compte qu'elle n'était pas la seule habitante des environs. Elle se retrouva face à face avec un énorme tigre à dents de sabre. Pendant ses cours, elle avait imaginé que ces animaux faisaient la même taille qu'un tigre ordinaire, or, celui qui se tenait en face d'elle était au moins deux fois plus imposant qu'un tigre du Bengale. Tania essaya de canaliser la panique qui montait en elle et de trouver une solution pour ne pas mourir. Normalement, tout cela n'était qu'un rêve, mais on n'était jamais trop prudents. Grâce à des mouvements très discrets, elle remarqua qu'elle avait toujours son téléphone sur elle. Elle tenait enfin la solution à son problème ! D'un geste vif et précis, elle le saisit et alluma son flash. Ce dernier eut le temps d'éblouir suffisamment le tigre pour que la jeune femme ait une longueur d'avance sur l'animal. En quelques pas, elle se retrouva dehors, et continua à courir. La peur lui arrachait de nombreux cris, qui se répercutaient en écho dans l'immensité de la banquise. L'animal la poursuivait toujours, et gagnait de plus en plus de terrain sur elle. Tania commençait à se résigner quand elle crut apercevoir, une lumière vacillante, tout près d'elle. Quelques secondes plus tard, elle entendait le sifflement d'une lance et l'animal était arrêté en pleine course, mort. Un groupe d'hommes préhistoriques s'approcha alors d'elle, la dévisageant avec curiosité. Tania eut un mouvement de recul, mais le réprima. Après tout, ils venaient de la sauver, la moindre des choses étaient de les remercier. Le plus âgé du groupe prit alors la parole :

« Qui c'est cette femelle ? Comment se fait-il qu'elle soit seule ? »

Les autres n'eurent aucune réponse à proposer. La jeune fille se décida alors à parler :

« Mon groupe s'est fait attaquer par un tigre, je me suis enfuie et je suis la seule survivante. Je crois que je me suis perdue dans la tempête.

- Bien, viens avec nous. Nous avons besoin d'une femelle pour cueillir les fruits quand nous serons à la chasse.

- Très bien. Je vous suis. »

La grotte où vivaient le groupe d'homo sapiens étaient plus belles encore que leurs vestiges d'aujourd'hui. Tania était fascinée par les couleurs flamboyantes des scènes de chasse. Les jours qui suivirent, elle se plia à la vie du coup, cueillant les quelques baies résistantes au froid hivernal, et s'occupant de tanner et de coudre les peaux ramenées par les hommes. Etrangement, tous ces gestes lui paraissaient naturels, comme si elle avait fait cela toute sa vie. Elle songea que la vie de cette époque n'était pas si terrible qu'elle le pensait. Pas de téléphone qui sonnait de manière impromptue, pas de stress, ni personne pour rappeler un travail à faire. Le seul but était de se battre pour survivre. Les seuls inconvénients pour la jeune femme étaient le froid et l'absence de livres et de musique. Le premier était supportable, mais le second lui manquait terriblement. Les feux de camp dans la grotte lui donnaient envie de jouer de la guitare et de chanter à tue-tête.

Un matin, le groupe décida de se rendre dans une autre région, plus tempérée en ce momentlà. Selon le chef de la tribu, ils y trouveraient des rennes à chasser. Pour cela, ils devaient traverser un lac gelé. Tout se déroulait bien jusqu'à l'arrivée d'un mammouth, qui se dirigeaient dans la même direction que les hommes. Tania entendit le morceau de banquise craquer, et la glace se fendre devant les premiers membres du groupe. Les hommes tentèrent de contourner la faille, mais leur poids la fit s'agrandir d'autant plus. La bête aussi continuait d'avancer, fragilisant une nouvelle fois la glace. La fissure finit par encercler le groupe, et par se fracturer de l'intérieur. Si bien, que quelques secondes plus tard, la glace se dérobait sous les pieds des ancêtres de l'humanité. Tous se retrouvèrent à l'eau, et tentèrent de se hisser sur la terre ferme, en vain. La couche de glace était trop épaisse, et Tania ne parvenait pas à trouver de prise satisfaisante pour remonter à a surface. De plus, les peaux qu'elles portaient l'entraînaient vers les profondeurs. Les hommes jouaient les flotteurs, disparaissant sous l'eau et remontant à la surface quelques secondes plus tard. La jeune femme laissa tomber ce qu'elle avait sur le dos pour être plus à l'aise. Les autres commençaient tour à tour à couler. Tania essayait par tous les moyens de s'en sortir. Franchement, mourir en mode Titanic, ce n'était pas du tout son genre. Au bout de longues minutes d'essais non concluants, la jeune femme finit par admettre la triste vérité. Jamais elle ne parviendrait à remonter sur la terre ferme, il ne lui restait plus qu'à attendre l'hypothermie. Au moins, le froid l'anesthésierait et elle ne souffrirait pas. Elle finit par fermer les yeux, résignée, et lâcha le morceau de banquise auquel elle s'accrochait. Puis, elle coula, lentement, et ferma les yeux.

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