Bonjour, la semaine dernière, le prévôt avait posé une question. Comment Saalyn pouvait elle être sûr que le neveu était innocent ? Voici la réponse.
— Comment pouvez-vous en être aussi sûre.
— Parce qu'à ce moment là, je passais la frontière avec mon apprentie. Et je l'y ait vu. Il faisait partie des gardes qui patrouillait pour prévenir les incursions de l'armée de Cairns d'entrer dans le territoire. Comment pouvait-il être ici à tuer sa tante si au même moment il protégeait la frontière.
Le juge hocha la tête. L'argument était irréfutable.
— Qui alors ? Demanda-t-il.
— En fait pour répondre à cette question, il fallait que je sache comment la victime était morte. En détail.
— Tout le monde le sait. Un coup de poignard en plein cœur.
— Avez vous déjà vu l'effet d'un poignard planté en plein cœur ?
— Non.
— C'est dégueulasse. Le sang est projeté dans toutes les directions, ça gicle, il y en a partout. Quand j'ai trouvé le corps, il n'y avait qu'une petite flaque ridicule.
— Même une petite blessure ?
— Non, pour une petite blessure, il coule plus lentement. Mais en très grande quantité. Bien plus que ce que nous avons pu voir dans cette pièce. Il y avait donc deux conclusions possibles, Tranisanar n'avait pas été tué ici. Ou bien, quand on lui a planté le poignard dans le cœur, elle était déjà morte. Tout revenait donc à déterminer laquelle de ces deux hypothèses était la bonne. Et s'il s'avérait que c'était la seconde, comment la victime a-t-elle été tuée ? Et pour ça, il fallait que j'aille examiner le corps.
Je fis une pause et observais l'assistance. Le meurtrier, celui que je soupçonnais l'être, était soit innocent, soit était particulièrement maître de lui parce qu'il ne bronchait pas, alors que mes explications me rapprochaient de lui à chaque étape.
— Je suis donc allé à la morgue pour ausculter le corps. Un village aussi petit que le votre n'a pas de service dédié à cela. Quand vous avez besoin de garder un corps, vous le déposez à la menuiserie, ce qui m'avait semblé étrange au début jusqu'à ce que je comprenne que c'était tout simplement là que les cercueils était fabriqué. J'ai tout de suite remarqué deux choses, l'hostilité du propriétaire et son handicap. Oh ! Léger le handicap. Un faible boitillement qui se remarque à peine. Sur le moment, je n'y pensais même pas. Et pourtant, cela va se révéler lourds de conséquences.
L'hostilité était surprenante. Pourquoi Terdar ne voulait il pas que l'on regarde le corps. Xénophobie, misanthropie. Jamanored m'a affirmé au contraire qu'il était du genre renfermé mais calme, qu'il ne se mettait jamais en colère. Mais là, le fait d'examiner le corps de la victime l'avait mis dans une colère folle. Pourquoi ? Avait-il quelque chose à cacher ? Mais nous y reviendrons plus tard.
J'ai donc examiné le corps. L'autopsie s'est révelée très intéressante. Je vous avait fait part de mes deux hypothèses. Ouvrant le corps, j'ai pu voir qu'il saignait. Il n'avait pas perdu son sang. Cela signifiait que le cœur ne battait plus quand il a été transpercé.
— Vous dites qu'elle était déjà morte, que c'était une mise en scène ? demanda le prévôt.
— C'est exactement cela. Le corps a été tué autrement, puis le poignard a été planté dans le cœur. Et pas n'importe quel poignard. Une lame ronde et effilée, pointue au bout mais sans tranchant. Ce n'était pas un de ces couteaux que possèdent tous les paysans ici. Mais un stylet.
— Comment le savez-vous ?
— La forme de la blessure. Un poignard aurait laissé une entaille plate, celle-là était bien ronde. Tous les paysans possèdent des couteaux ici. Ce sont des objets utilitaires, qui servent à couper tout ce qu'ils doivent. Un objet indispensable pour la vie à la campagne. On peut trancher, on peut couper, on peut même égorger avec. Mais un stylet, quel est son usage ? Il ne permet que de percer. Mais percer quoi ? Le cuir ? Les poinçons sont plus adaptés. Le bois ? Un foret est plus efficace. Non, un stylet n'a aucun usage pour un paysan. C'est une arme qui ne sert qu'à tuer. J'ai donc cherché qui pouvait posséder un stylet. Cela ne pouvait être à mon avis qu'un militaire où un ancien militaire.
— Mais ça ne répond pas à la question. Comment est elle morte ? m'interrompit le prévôt.
— Ça, c'est assez simple. Si la maison a été construite là où elle se trouve, c'est parce que ce terrain était rempli de verdiche. Vous savez tous que c'est un poison pour le bétail. Mais aussi qu'il est impossible à éradiquer. Ce terrain étant impropre à la culture et à l'élevage, l'ancien propriétaire y a construit sa maison. Mais le verdiche est aussi un poison pour les stoltzt. Il entraîne un arrêt cardiaque. Et surtout, le jus de bardiche ne présente aucun goût et son action est lente. Il faut entre deux et trois monsihons avant son ingestion avant l'apparition des premiers symptômes. C'est d'ailleurs ce qui le rend dangereux. Parce qu'alors il est trop tard pour prendre l'antidote. Un antidote très facile à trouver puisqu'il s'agit de venin d'abeille. Il suffit de se faire piquer par des abeilles pour survivre. Par beaucoup d'abeilles. Et avant l'apparition des premiers tremblements. Or les bras de la victimes étaient couverts de piqûres. Elle a compris ce qui se passait. Elle s'est rendue à une ruche et elle s'est fait piqué. Mais il était trop tard. Le poison était déjà en train de tuer son cœur. Elle est rentré chez elle et y est morte quelques calsihons plus tard. L'assassin est alors arrivé, lui a planté un stylet dans la poitrine puis est repartie. Un stylet de ce genre-là.
Je brandis l'arme que j'avais ramassé dans la menuiserie et la montrait à tout le monde. Elle était magnifique, en métal poli, à la garde délicatement ouvragée. Un bel objet qui avait dû attirer la convoitise de tous ceux qui l'avaient vu.
Maintenant que Saalyn a expliqué comment la victime a été tuée, avez-vous trouvé qui est le meurtrier ?
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Le Village (La guerrière libre - 3)
FantasíaSaalyn rentre de mission en compagnie de sa pentarque Muy. Au retour, elles sont accusées d'un meurtre. La guerrière libre a donc jusqu'à l'arrivée du prévôt pour prouver son innoncence et trouver le meurtrier.