Les journées s'étaient ensuite enchaînées, et s'étaient toutes ressemblées : je mangeais toujours avec l'unité, Leblanc et Grimaldi ne m'adressaient la parole qu'en cas d'extrême nécessité, et je continuais de les appeler par leurs noms de famille.
Eliott continuait de se renseigner sur tout ce qu'il est possible de savoir sur le Complexe, et je continuais à essayer d'éviter de lui poser des questions.
Emma, frustrée d'avoir à faire les entraînements spéciaux de sport donnés par Raven, m'avait demandé de l'accompagner en douce à la Salle Oméga tard dans la nuit ou bien tôt le matin afin que je l'entraîne également.
J'avais tout d'abord suspecté que nous soyons bloquées dans nos quartiers hors des heures d'entraînement ou de repas, mais, apparemment, nous étions libres de tous mouvements...Je ne pouvais cependant pas m'empêcher de penser que ce n'était que de la fausse confiance : une illusion de liberté pour nous faire oublier qu'en réalité, personne n'avait choisi d'être ici. Car, oui, je restais persuadée que les autres membres de l'unité n'avaient pas plus eut le choix que moi de venir ici.
Depuis mon premier jour où Emma avait failli laisser échapper qu'une menace pesait sur elle, j'avais plusieurs fois essayé de savoir laquelle. Mais elle n'était tombée dans aucuns de mes pièges. Cette attention particulière à ne rien dire m'avais convaincue de plus belle qu'il y avait quelque chose de pas très net à propos de la venue au Complexe d'Emma. Comme de celle des autres...Brenda avait clairement dit le premier jour « Vous avez tous accepté de nous aider. Avec chacun vos raisons et vos motivations. »
Et j'allais devoir me mettre plus sérieusement à travailler à découvrir ces « motivations ».C'est d'ailleurs en ce 15 septembre que je fis une avancée majeure dans ma mission. Je commençais à la fois à comprendre le type de « motivation » de mes coéquipiers, mais en plus, je gagnai enfin une confiance nécessaire à la réussite de mon objectif.
Pendant tout mon petit déjeuner, durant lequel je n'avais -par habitude-, fait qu'écouter les autres parler, récapitulant mentalement ce à quoi je devrai faire attention durant la journée, Leblanc m'avait fixée du regard.
Je l'avais soutenu un moment, avant d'être distraite par Eliott qui me pointa une femme asiatique élancée rentrant dans la Cafétéria et allant s'asseoir à la table des Conseillers, au centre."Je te présente Madame Natasha Sinclair, Conseillère du Département Technologique, et grande amie du Conseiller White. C'est en partie grâce à son soutien et à son influence qu'elle a pu devenir Conseillère l'année dernière." Me souffla-t-il.
En effet, après les premières fois où je m'étais trouvée dans la Cafétéria, je n'avais quasiment plus vu de Conseillers. Cela faisait donc bien trois semaines que je n'avais qu'entre-aperçu Brenda, et que je n'avais plus pu observer les autres Conseillers à ma guise.
"Ils sont en cellule de crise en ce moment." Me souffla à nouveau Eliott. "C'est pour ça qu'on ne les voit plus." Ajouta-t-il, répondant à ce qu'il pensait être mes interrogations muettes.
Évidemment qu'ils sont en cellule de crise ! La fille d'une de leurs Conseillers à été enlevée par leurs pires ennemis !
"Rappelles-moi comment tu sais tout ça toi ?" Lui demandai-je, me forçant à paraître blasée.
En vérité, je me secouais intérieurement. Comment pouvais-je laisser Eliott m'apprendre ce que je devrais déjà savoir !
J'allais devoir trouver un moyen d'avoir mes infos seule. Balayant la pièce du regard, je m'arrêtai sur une petite grille placée à trois mètres au-dessus du sol.Un conduit d'aération. Tellement classique que s'en était presque risible. Je ne pouvais que me douter qu'ils desservaient tout le Central, et tout le Complexe.
J'essaierai de m'y introduire plus tard.

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Espionnage : Black Wave
AcciónIronie du sort. C'est l'expression la plus adaptée que j'ai trouvée pour décrire l'aventure dans laquelle j'ai été forcée d'embarquer... Alors que j'aurais pu continuer à faire mon travail, il a fallut que des convictions oubliées depuis longtemps...