"Mon dieu Atlantiqua, c'est toi ? C'est vraiment toi ?" Dit-elle en laissant ses bras retomber, et des larmes de joie couler le long de ses joues.
Je ne savais quoi dire. Dès mon entrée à la Société, Raven avait fait partie de mon passé.
Je ne l'avais pas vraiment oubliée. Juste reléguée loin de moi. Et la Société avait commencé à constituer ma seule famille.
Pourquoi fallait-il qu'elle fasse partie du Complexe ? Comment était-ce possible ? Comment était-ce arrivé ? Comment avait-elle pu ? Ma tête me faisait presque mal à force de questions.Raven avança alors vers moi. Doucement, puis en courant. Avant de se jeter dans mes bras. Me serrant aussi fort qu'elle le pouvait. En sanglotant et pleurant tout ce qu'elle pouvait.
"Si tu savais comme tu m'as manquée... Je n'ai pas vécu un seul jour depuis treize ans où je n'ai pas pensé à toi ! Ils ont dit que tu étais sûrement morte, qu'on ne te retrouverait jamais ! Mais moi, je savais que c'était faux, je le sentais, au plus profond de moi, que tu étais en vie ! Notre lien de soeurs n'était pas brisé ! Maman ne m'a jamais crue, elle me répétait que je devais faire ton deuil, que tu ne reviendrais jamais. Mais jamais, jamais je n'ai abandonné ! Jamais ! Je t'ai cherchée depuis ce jour, sans arrêt ! Sans répit ! Maman s'est détournée de moi, encore plus qu'avant, sous prétexte que je lui faisais penser à toi, mais qu'importait ce qu'elle pensait, j'ai continué ! Et aujourd'hui, mon dieu, tu es là ! Tous mes voeux ont été exaucés et toutes mes prières ont été entendues ! Je te tiens dans mes bras ! Si tu savais comme ç'a été dur pour moi de vivre sans toi... Mais je me suis battue, et je n'ai jamais baissé les bras, comme tu l'aurais voulu. J'ai été forte, comme tu m'as toujours dis de l'être ! Mon dieu Atlantique... Comme c'est bon de te revoir. Je peux te toucher," elle mit sa main sur ma joue, "sentir l'odeur si caractéristique de tes cheveux," elle plaça sa tête dans mon cou, "la même qu'avant, je peux plonger mes yeux dans les tiens et..."
Elle avait exécuté ses paroles en même temps qu'elle les avait prononcées, et ce qu'elle sembla voir dans mes yeux la fit se reculer légèrement.
J'étais restée stoïque depuis qu'elle m'avait prise dans ses bras. Je n'avais ni resserré mes bras autour d'elle, ni montré quelque marque d'affection, ni versé aucune larme, ni participé à sa joie."Et..." reprit-elle, "y voir à quel point tu m'aimes..." Finit-elle hésitante.
Je sentais les regards des autres personnes de la pièce peser sur moi et cela me conforta dans ma décision quant à comment réagir.
"Écoutez, je suis vraiment navrée, mais je ne suis pas votre soeur. Je m'appelle Phoebe Williams, et je ne vous connais pas. Vous avez dû me confondre et j'en suis désolée. Vraiment." Lui répondis-je calmement, avec une compassion très bien feinte. "Je ne suis pas votre soeur, ni celle de personne d'ailleurs..." Finis-je en lui souriant tristement.
Raven s'écarta alors brusquement de moi.
Le regard plein de douleur qu'elle me lança à ce moment précis me fit, bien malgré moi, mal au cœur.
J'avais beau me rappeler que j'avais une mission à accomplir et que rien ne devait m'en écarter, revoir ainsi ma soeur au moment où je m'y attendais le moins m'avait indéniablement fait un choc.Des souvenirs de moments avec elle commençaient même à remonter à la surface de ma conscience, s'échappant de la cage dans laquelle je les avais enfermés.
Je commençais moi-même –à mon grand étonnement- à presque regretter ma décision de lui mentir lorsque Smith intervint :
"Raven, je suis désolée, tu sais à quel point j'aimerai que ça soit ta sœur, mais ce n'est pas le cas. Je sais que c'est difficile pour toi en ce moment, mais ne te laisses pas envahir par des fantômes du passé. Cette femme est bien loin d'être de ta famille. Crois-moi." Lui dit-il en la prenant doucement dans ses bras.
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Espionnage : Black Wave
AzioneIronie du sort. C'est l'expression la plus adaptée que j'ai trouvée pour décrire l'aventure dans laquelle j'ai été forcée d'embarquer... Alors que j'aurais pu continuer à faire mon travail, il a fallut que des convictions oubliées depuis longtemps...