四十二

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- Ça fait quoi d’être dans ta peau Felix ?

Ses iris s'échappent pour se perdre dans la ville, le vent parcourt sa peau.

La pluie s’arrête ;

comme si elle aussi voulait l’écouter.



- Je saurais pas quoi te dire. C'est comme se sentir mort ; ne rien ressentir.

La rivière emporte en son courant les larmes du monde, l'univers les regarde.


Du mieux qu'il peut il serre ses poings, comme pour les transformer en planètes, pour parler de tout ça. De ce qui occupe sa vie, ses pensées.

- On est là. Pas vivant. Pas mort non plus. On a l'impression de voler au dessus de la Terre sans jamais réussir à la toucher.

Il passe une main dans ses cheveux tandis que chacun de ses mots s'envolent pour former des constellations dans le ciel.


-Tout le temps. Sans pause. Chaque putain de seconde.


Puis il détourne ses yeux de l'infinité de la ville brillante pour offrir un petit sourire en coin dénué de tout.

Un sourire sans tristesse, un sourire sans joie,

juste un sourire vide.

-Constamment.

Un léger courant d'air vient calmement caresser sa peau blanche, levant quelques mèches de cheveux également. Le monde l’écoute.

Il passe sa langue sur ses lèvres roses, comme pour se donner du courage.


-Mais je m'en rends presque plus compte. Ce vide, il ne sort plus de moi. Il est là, on sait pas pourquoi mais il nous habite, il nous lâche plus.

Changbin le regarde, suspendu à ses mots, n'osant presque plus bouger pour ne pas l'interrompre.

-Je suis noyé dedans et des fois je l'oubli.

Felix s’égare sur les lampadaires, puis sur les immeubles, sur les passant. Ses yeux divaguent sur chacun mais sans s'attarder, juste un passage.

Pourtant à côté de lui Changbin l'observe, s'attarde.

Sur ses traits, sur ses mots.

-C'est comme l'univers. On sait qu'on flotte dedans mais on l'omet ou du moins on en fait abstraction.


Le noiraud scrute chacun de ses détails, comme s'il était une œuvre d'art, comme s'il était une chose précieuse.

-C'est pareil, je m'en rends plus compte maintenant. Je sais juste que ça m'effraie, et que j'ai tout le temps peur; Dans la ville, dans la nuit, dans mes pensées. C'est un blizzard qui enveloppe notre monde mais à force d'évoluer dedans on commence à voir à travers.

Puis après l'avoir observé, presque étudié, il se laisse porter par les mots de Felix, dans sa voix, et se noie.

-On essaye de se battre pour en sortir, pour remonter la tête de l'eau. Puis les heures passent, et les insomnies aussi et alors on baisse les bras.

Les bruits de la ville envahissent chaque cœurs, emportant avec eux sûrement les derniers nuages. Et ils furent les seuls à voir cette extinction. Le salut du soleil pour laisser place au vacarme assourdissant de la ville se levant.

Et ils trouvèrent ça d'une splendeur sans égale.

-C'est dur, on s'y fait, on serre les dents et on survit comme on peut.

Felix se tue. Le silence.

Puis leurs regards se croisent, leurs âmes se caressent dans l'océan de leurs yeux.


-Alors à force on vit avec sans y faire attention. La peur est là, elle fait partie de toi. Et c'est à ce moment, quand tu te rends même plus compte qu'elle est là, à te tenir douloureusement la main, que tu sais qu'au fond c'est comme si t’étais mort.


Et c'est dans un dernier souffle résonnant dans la poitrine du monde que sa bouche se referme, que sa voix se tait.

Un flash d'appareil photo casse le silence de la nuit. L'autoradio de la vieille voiture s'est arrêté.

Changbin immortalise la caresse de la lune sur la ville avec un petit appareil jetable avant de légèrement sourire.

Dans leur dos, l'appartement n°42 de Changbin les regarde de loin.

Le noiraud passe une main dans ses cheveux.

-Être vivant.

Felix le regarde, intrigué par ses mots.

-Finalement nos rêves sont les mêmes.

















𝟓

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𝐰𝐡𝐚𝐭𝐞𝐯𝐞𝐫. 𝐲𝐨𝐮 𝐜𝐚𝐧'𝐭 𝐜𝐨𝐦𝐞𝐛𝐚𝐜𝐤.
































𝐞𝐯𝐞𝐫𝐲𝐭𝐡𝐢𝐧𝐠 𝐞𝐧𝐝𝐬 𝐰𝐢𝐭𝐡 𝟒𝟐.


















≠𓂀

















❲ 𝐬𝐚𝐝 - 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐥𝐢𝐱 ❳ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant