Prologue

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Musique proposée : Cold - Jorge Méndez. (En média).


Je sens les larmes noyer mes joues fraîches tandis que j'offre mon regard perdu à l'océan qui coule sous le pont. Les étoiles se reflètent dans la luminescence de l'eau et je sens un sanglot bouillonner à l'intérieur de ma gorge sans pour autant le laisser jaillir. La douleur qui enflamme mes côtes m'empêche de reprendre convenablement le souffle qui manque à mes poumons frémissants. Je rabats un instant mes paupières sur mes iris, me privant du spectacle enchanteur qui aurait tant plu à mon meilleur ami, et des mains charnues et bourrues se retrouvent sur mon corps fragile. Je les sens me parcourir, me palper, m'imprégner, comme si je leur appartenais et que je ne pouvais plus m'en détacher. Un soupir d'angoisse s'échappe de mes lèvres sèches tandis que je rouvre les yeux pour grimper sur la barrière qui sépare mon pauvre corps frêle du vide.

Le vent joue doucement avec mes boucles bleues et je sens la fatigue me faire basculer en avant. J'aurais tant aimé me réfugier dans le cocon si protecteur des bras de mon petit miracle, une dernière fois. Mais la souffrance et la honte sont trop intenses pour que je ne cède pas à l'appel du ciel sombre qui m'ouvre les bras. Deux prunelles noires surgissent soudain dans mon esprit et mes mains se mettent à trembler plus violemment encore que mon manteau de chair. Je descends alors de mon perchoir pour m'asseoir sur la bande blanche de la route qui traverse l'immensité du pont anglais.

J'inspire longuement pour tenter de laisser le calme reprendre le contrôle et me focaliser sur les quelques pages encore blanches que j'hésite à remplir. Je lève la tête vers la lune en admirant ses petites amies les pépites étincelantes, avant de finalement me décider à attraper mon stylo.

Je ne peux pas m'en aller sans lui dire au revoir...

Étoile ObscureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant