Chapitre 5

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Musique proposée : Giorni Dispari - Ludivico Einaudi. (En média).


Pardonne mon écriture tremblante, je commence à fatiguer. Les sanglots me secouent depuis des heures déjà et la souffrance refuse de me laisser respirer quelques minutes. Je réfléchis aux mots que je devrais employer, à ce que je pourrais dire et surtout à la manière de le dire, mais je ne suis pas sûre de savoir s'il y a vraiment un moyen approprié de faire ses adieux à quelqu'un qu'on aime. Je n'arrête pas de me demander si tu verras toujours la beauté du monde après mon départ, je suis terrorisée à l'idée de te voler ton âme comme on m'a volé la mienne. Mais je suis arrivée au point de non-retour, je suis dans un cul-de-sac et je n'ai pas la force de faire demi-tour pour affronter de nouveau les coups et les abus. Même si, je te l'avoue, j'aurais aimé te sentir respirer contre moi une dernière fois avant de sauter le pas.

Tu sais, l'endroit où je me trouve en ce moment te plairait, j'en suis certaine. Du haut de mon perchoir, je peux observer les étoiles se refléter dans le miroir brillant de l'océan. Une brise fraîche caresse mon visage en faisant virevolter le bleu de mes cheveux, pendant que le son apaisant des vagues vient accompagner les notes de musique qui s'échappent de mon téléphone. Je n'avais jamais tenté de mêler la symphonie puissante du piano, à l'harmonie si doux de la mer et je crois que c'est l'un des plus beaux mélanges que la terre ait bien pu abriter.

De temps en temps, j'arrive à apercevoir un poisson replonger dans l'eau et je me dis qu'il a de la chance, parce qu'il a la possibilité de fuir à l'autre bout du monde s'il le souhaite. Alors que moi, je suis coincée ici, dans une petite rue londonienne sans jamais avoir le pouvoir de changer quoi que ce soit. Et en écrivant ces quelques mots, je me mets à gamberger. Tu trouverais forcément quelque chose de joli si tu étais là, tu saurais me montrer le côté positif de cette situation. Mais tu n'es pas là et je n'arrive pas à déceler la beauté qui se cache derrière un nuage ou derrière l'une des bandes blanches qui recouvrent la route du London Brigde.

Est-ce que tu crois que la vie est plus belle de l'autre côté de l'océan ? Est-ce que tu crois qu'on rencontre plus de personnes comme toi là-bas ? Ou est-ce que c'est partout pareil ? Je voudrais tant revenir à l'époque où on ramassait les châtaignes dans la prairie. J'aimerais tellement pouvoir y retourner le temps d'une soirée et peut-être que cette fois, j'oserais te demander comment tu as pu réussir à mettre le petit écureuil marron sur tes genoux sans qu'il ne prenne peur. Peut-être avait-il senti que tu étais profondément bon et que tu ne lui voulais aucun mal ? Ou alors peut-être que je t'aurais regardé faire encore une fois, simplement pour revivre ce souvenir et les sensations qui m'avaient parcourue ce jour-là. Je me dis que si je déformais la moindre petite seconde de notre passé, ce serait peut-être le début d'un effet papillon colossal et que tout changerait entre nous ; donc je suppose que je passerais une nouvelle fois de longues minutes à te fixer, sans savoir que tu deviendrais mon plus beau miracle.

Dans un certain sens, je me dis qu'en partant, je parviendrais peut-être à conserver cette pureté qui englobait notre amitié. Parce que, même si je ne suis plus bien sûre de savoir si le monde est beau, je suis convaincue que notre lien est aussi majestueux que la bulle cristalline qui nous protège lorsque nos corps s'enlacent tendrement. Et si jamais tu en doutes un jour, tu n'auras qu'à lever la tête vers les pépites argentées et à te rappeler que je me suis cachée derrière l'étoile obscure. 

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Hey, je sais, je sais, j'ai encore pas posté pendant un certain temps. Mais j'espère que cette histoire vous plait quand même et je vais de ce pas vous poster un deuxième chapitre pour me faire pardonner de mon absence. 

Étoile ObscureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant