Chapitre 5: J'espère que ce ne sera pas une histoire de sang, de cadavres.

24 2 1
                                    

Ally se retire et s'écarte d'un mouvement brusque.

«-Sérieusement, Robert? Ou dois-je t'appeler Allen...

Je baisse les yeux, un peu gêné, et par honte. Elle reprend.

-Pourquoi tu fais ça?

-Je peux tout t'expliquer Ally...

-Non. Et tu n'as pas intérêt de me tuer comme tu en a une si bonne habitude.

-Je ne compte pas le faire. Écoute, si je t'ai révélé mon secret, c'est parce que je commençais à te faire confiance. Je pense que tu pourras peut-être mieux comprendre une fois que je t'aurais tout expliqué. Calme-toi.

Elle arrête immédiatement de piétiner et décroise les bras, en essayant mollement de paraître détendue. Elle masque sa peur par de la fausse colère.

-Tuer des gens ne me fais pas plaisir, seulement je dois me défendre. Si ils signalent ma présence ici a la police je me fais aussitôt exécuter. La première fois que j'ai tué quelqu'un c'était un acte de colère incontrôlable. Le mec avait frappé ma petite sœur. J'ai cru qu'il l'avait tuée lorsqu'elle est tombée, inconsciente.

Elle baisse le regard méprisant qu'elle me lançait. Je continue.

-Je me suis fais mettre à la porte par mes parents ensuite. J'avais seize ans et j'étais un gamin immature. Je me suis réfugié ici et j'habite ici depuis un an. Je dois voler la nourriture et les habits nécessaires pour le minimum de confort vital qu'un humain dois avoir. Je regrette tout ça. Je voudrais revenir en arrière, redevenir un gars entouré d'amis, un mec qui vit heureux, sans se soucier de rien. Seulement ça ne marche pas ainsi. Je dois assumer mes actes, et soit me rendre, soit fuire comme je le peux. Et comme je suis déterminé, j'ai opté pour la deuxième option. Je passe ma vie dans le danger. Je nage dedans. Au fond tuer des gens ne me fais pas plaisir, et je le fais avec une telle facilité dont j'ai honte car j'ai juste perdu ma pitié au fil du temps.

-Woah, fait-elle, ça me surprend. Je..je ne sais que dire. Tout le monde te hais alors que tu as de si belles paroles venant tout droit d'un vécu profond enfouies en toi. Je.. Franchement, j'ai honte d'avoir détesté une personne telle que toi sans la connaître. Indirectement, je te haïssait.

-C'est moi qui ai honte de mes actes. Mais, je t'en prie: ne fais pas comme les autres qui s'enfuient à ma vue. J'ai besoin d'aide. D'une présence humaine qui ne dit pas de choses atroces sur moi, des choses répandues par les médias, totalement inventées pour faire le buzz.

Elle relève la tête et je remarque que ses yeux sont mouillés, mais elle ne pleure pas. Je connais sa sensation: c'est le regret. Les remords d'une pensée ou d'un acte que l'on a imaginé ou fait.

-Bien-entendu. Je ferais même mon possible pour t'aider, je te donnerais des informations sur ce qui se dit sur toi en ville et voler les choses dont tu as besoin a ta place.

-Pour la première chose je suis d'accord, mais la deuxième, n'allons pas si loin.

-Très bien.

Puis elle fixe son regard dans le mien.

-Comment tu fais? Je veux dire, tu dois assurer toi même ta survie. Pas d'assurance, de salaire, de travail. Et puis même, si on mets de côté cela: tu n'as personne à qui te confier.

-Si, toi.

-Oui, mais avant.

-Je faisais avec. J'étais bien obligé. Je suis déterminé.

Elle me sourit.

-Je ne pensais pas dire ça un jour, mais je trouve Allen Massey vraiment génial.»

SERIAL KILLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant