Lovebird (Zorobin)

Chapitre six : Aquarium

Robin ne réalisa pas tout de suite qui était devant elle. Et c'était bien le cadet de ses soucis. Pour l'instant, elle essayait de se tenir correctement sur ses jambes qui étaient toutes ankylosées, car elle était restée trop longtemps dans la même position pour lire. Enfin en équilibre, elle se gratta les yeux du revers de la main et ôta ses lunettes.

L'aquarium était totalement plongé dans le noir. Le ciel bien couvert n'aidait pas non plus la lumière à pénétrer par les fenêtres. Des bruits de pas résonnèrent et Robin se figea. « De quoi as-tu peur ? », se maudit-elle intérieurement. Même si elle savait que l'un de ses amis se trouvait devant elle, et qu'il ne l'avait pas vu, elle ne pourrait jamais enlever cette petite part d'insécurité qui la suit depuis son jeune âge.

Un bruit de verre qui s'entrechoque lui parvint aux oreilles. Quelqu'un fouillait dans la cave à vins. Elle comprit de suite qui était là. C'est bien le seul à boire à cette heure là... Robin sourit. Puis les pas se dirigèrent vers la porte, et celle-ci se referma. L'archéologue n'allait pas dormir tout de suite...

Doucement, Robin tourna la poignée et ouvrit le plus délicatement possible la porte. Elle se faufila dans l'entrebâillement, mais une main l'attrapa par le bras, colla son dos contre le mur et elle sentit le froid d'une lame contre sa gorge. Elle releva la tête et entendit un « Putain ! ». Immédiatement après, la pression sur sa gorge disparue, et Zoro fit face à Robin. Il portait un débardeur blanc et un short noir. Ses cheveux étaient en bataille.

- Je ressentait une présence mais je ne savais pas qui. Ça t'amuses de te cacher sur le bateau la nuit ? Balança Zoro en rangeant sa lame dans son fourreau. Il la pointa du doigt. J'aurais pu te tuer, imbécile.

- Tu n'as qu'a demander qui est là, au lieu de vouloir trancher la gorge du premier venu ! Répondit la jeune femme en lui poussant la main. Zoro s'écarta et parti s'asseoir sur les marches du grand escalier qui leur faisait face.

- C'est grâce à moi si il n'y a jamais personne la nuit et que toi et les autres vous pouvez dormir en toute tranquillité. Il prit la bouteille et bu un coup.

- Tu passes tes journées à dormir et à te perdre dans ta propre maison, c'est un peu trop facile de t'autoproclamer le défenseur de nos nuits quand on connait tes nombreuses lacunes. Zoro recracha le liquide dans la bouteille et toussa violemment. Robin s'assit à coté de lui sans le regarder.

Quelques minutes passèrent sans que les deux compagnons ne s'adressent un mot. Ce n'était pas un silence reposant comme d'habitude, mais plutôt un silence tendu, inconfortable. La jeune femme s'apprêtait à entamer une discussion quand Zoro lui coupa la parole.

- J'ai pas envie de jouer, Robin.

Robin haussa des sourcils et tourna sa tête vers le jeune homme. Il regardait bien droit devant lui.

- A quoi ? Demanda la brune.

Zoro mit un certain temps avant de parler.

- Nous.

Robin ne savait pas quoi répondre. Pour une fois. Elle serrait des dents.

-J'en ai pas encore envie. Pas de cette façon là. C'est impossible.

Robin restait silencieuse.

- Tu le sais.

« Bien entendu », pensa-t-elle. « Bien entendu que je le sais. » L'atmosphère entre les deux pirates était lourd.

Ça ne pouvait pas se concrétiser, elle le savait, en était convaincue. Dans leur mode de vie, dans les risques, vis à vis des autres, c'était totalement impossible. Mais ça était quand même là, en tous cas au-dessus d'elle. C'est quelque chose de puissant, de fort, quelque chose de douloureux à supporter.