Chapitre dix-sept : Mensonges

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"Zoro avait reconnu la femme. Il n'avait même pas eu besoin d'ouvrir l'œil pour correctement la distinguer, qu'il savait qui elle était. Il espérait voir les deux parties de son corps voler en éclat dans une nuée de pétales roses, mais rien.

En une fraction de seconde, tout un monde venait de s'écrouler, tous les espoirs venaient d'être réduis à néant.

Nami pleurait, Luffy hurlait, Chopper brandissait sa trousse de secours, mais tout cela était vain.

Robin était morte."

Le désespoir est un état émotif qui regroupe la peur, la tristesse, mais aussi l'impuissance.

Jusqu'ici, Zoro avait espéré. La notion d'espoir, aussi minime soit-elle, tournait encore et encore dans son esprit, tantôt bien présente, tantôt imperceptible. D'une nature calme quoique joviale, Zoro pouvait de temps à autre être optimiste.

Il avait espéré voir des pétales roses voler, tournoyer autour de la bête comme pour l'humilier. Il avait espéré voir ces pétales se muer en femme. Il avait espéré, espéré si fort, que ces pétales sonneraient la fin de la peur, signifieraient enfin la sécurité, sa sécurité.

La vision d'un monstre d'épouvante brisant, arrachant, broyant la chaire et les os d'une femme qu'il commençait à peine à comprendre n'était absolument pas dans ses plans. Il regardait la scène, démuni, et ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas comment réagir, et il se disait que c'était la pire des sensation qu'il n'avait jamais vécu. Il entendait au loin les cris de ses camarades hurlant le nom de leur amie, s'époumonant, se retenant les uns aux autres pour se protéger. Son nom s'échappait parfois aussi, mais il n'y avait aucune réaction de sa part. En réalité, il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Son cerveau était déconnecté, ailleurs, le système de défense en mode « on », l'unité centrale en stand by. Il voyait juste. 

Ce n'était pas juste une femme qui venait de mourir devant ses yeux. Il s'agissait d'un compagnon, d'une camarade, d'une amie, d'une confidente aussi, de souvenirs, de Robin toute entière.

Une de ces abominations venait sauvagement de lui mordre le mollet, mais l'épéiste ne réagit même pas. Ou plutôt, il réagit instinctivement. Il planta la lame de son sabre droit dans le crâne de la bête qui s'écrasa au sol dans un rugissement mortel. Aucun remord, encore moins que d'habitude, juste l'instinct. Au diable les paroles bien pensantes de Chopper, pensa-t-il. Il n'en restera aucune.

Il avança d'un pas, puis deux. Une aura dévastatrice émanait de son corps tout entier, projetant même certaines créatures dans un profond état de léthargie. Les bêtes tombaient une à une sur son passage, s'affalant comme des poupées de chiffon.

Le Dieu semblait avait ressenti lui aussi cette vague destructrice. Il tourna la tête en direction de la source, scrutant de ses yeux sombres et vides l'humain qui avançait vers lui. Comme pour l'archéologue et le médecin, la créature envoya dans l'esprit de Zoro un flot de sentiments négatifs. Mais le sabreur continuait d'avancer, droit, le regard toujours aussi déterminé. Je vais te trancher, murmurait silencieusement son œil. 

Ryume grogna en arquant légèrement son cou, pénétrant encore plus profondément l'esprit de Zoro. Elle pouvait y voir son passé, ses souvenirs, sa nostalgie. Elle s'en servait pour que l'épéiste voit son futur, un futur noir, obscure, terrifiant. Il voyait à présent ses amis se faire égorger un par un, ses connaissances mourir entre ses propres mains... Un véritable cauchemar. Et ces pénibles sentiments engourdissaient ses membres, faisaient sonner ses oreilles, rendaient sa langue molle et pâteuse, ses genoux douloureux au point de tomber au sol et de continuer son chemin en rampant. Zoro ne lâchera pas.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 30, 2019 ⏰

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