Lovebird (Zorobin)

Chapitre onze : Troglodyte

Bip, bip, bip. Signal perdu.

La connexion avec le sous-marin avait été interrompue. La communication entre le Sunny et le Shark Submerge III était maintenant totalement impossible. Difficile de voir depuis le navire la carcasse de métal se faire attaquer par d'étranges créatures.

Robin coulait. Elle se sentait aussi lourde qu'une enclume. Dans l'eau, impossible pour elle de bouger, impossible de remonter à la surface. Tout était atrocement noir autours d'elle. Comme un bout de bois, elle se laissait guider, flotter, couler, et bientôt peut-être avaler par le gouffre abyssal qui s'étendait au-dessous. Elle parvenait à distinguer les plaques de taule bleues du sous-marin, démantibulées, et la couleur rouge, beaucoup de rouge. Sa vue se brouillait, des petites taches sombres apparaissant au fur et à mesure de sa longue descente, qui mangeaient toute sa vision. Les extrémités de ses membres se refroidissaient, ses oreilles sifflaient, et ses poumons allaient d'une minute à l'autre se remplir d'eau.

Dans une vaine tentative de rester consciente, Robin entrouvrit ses yeux une dernière fois et ne prononça qu'un seul mot, qu'un seul nom. Zoro. Puis tout d'un coup, plus rien. Le noir complet.

Mais étrangement, l'archéologue se sentait bien, apaisée, légère comme une plume. Elle se voyait sans se voir complètement, elle se sentait nue mais enveloppée d'une chaleur réconfortante. Elle n'était plus de ce monde, ou du moins plus de ce monde là. Une lumière apparut soudain. La brune avançait vers elle, comme attirée inévitablement. Pendant plusieurs longues minutes, la jeune femme était paralysée, fixant intensément cette étrange lumière, sans bouger. Elle voyait son corps devenir transparent, devenir presque inconsistant. La lueur devenait de plus en plus forte, de plus en plus apaisante, exerçant une incroyable force d'attraction. Elle en devenait aveuglante.

Mais d'un coup, la jeune femme fut brutalement projetée en arrière. Une corde invisible semblait la tirer le plus loin possible de la lueur a une vitesse folle. Son corps redevenait consistant, et la sensation de légèreté disparaissait au même rythme que la lueur s'amenuisait. Et la douceur fit place à la douleur.

Le bruissement des feuilles. Le clapotis des vagues. Une douleur à la poitrine.

Robin entrouvrit doucement ses yeux. Le ciel était encore bien bleu. « Où suis-je ? » Robin bougea doucement ses membres uns à uns. Elle sentait du sable rouler contre sa peau. Une violente pression dans la poitrine la fit grimacer, et elle retomba contre le sol en gémissant de douleur. Elle se calma, chaque respiration lui donnant l'impression de brûler ses poumons, et réitéra son geste. Elle parvint finalement à s'accouder.

Elle ne l'avait pas remarqué jusqu'à présent, mais un pull était déplié sur son ventre. Et à sa droite, une silhouette était allongée. En reconnaissant le vert significatif des cheveux, Robin se mit à sourire. Elle avança sa main et la passa doucement au travers. Le jeune homme gémit et se retourna pour lui faire face. Il dormait. Soulagée, Robin se rallongea, en se serrant un peu contre le sabreur, et ferma les yeux.

Quelques minutes plus tard, ou bien heure, elle ne savait plus, Robin se réveilla au bruit d'un craquement. Elle émergea difficilement et remarqua qu'elle n'avait presque plus mal à la poitrine. Elle leva son regard en l'air, mais tomba sur un plafond gris, tout en pierre. Elle dirigea alors son regard vers ce qui semblait être une fenêtre ouverte et observa que le ciel était teinté d'une couleur orangée qui se dégradait dans un rose pâle. Des petits points blancs étaient visibles.

Visiblement, son corps avait été déplacé. Elle déduis qu'elle n'était plus sur du sable à l'extérieur mais dans un édifice en pierre.

A quelques mètres d'elle, la jeune femme remarqua que du bois brûlait, formant un feu de camp. Et puis juste à coter, une silhouette, la même silhouette que tantôt, s'activait à attiser le feu. Elle sourit.