Chapitre troisième

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《Ohayo, Ikari-kun》

  Il l'avait appelé par son nom...
Encore une fois, le torse de Shinji se gonfla de bonheur. Le musicien se décala sur le tabouret et tapota la place vide, invitant le nouvel arrivant à s'asseoir à ses côtés, tout en continuant de jouer.

  Shinji s'avance, le coeur battant. Il fallait qu'il le lui demande.

《Hum...Je....-》

  Le son du piano s'intensifia. Coupé dans on élan, Shinji sursauta, puis compris. Il l'invitait à jouer.
Précipitamment, Shinji s'assied et pose ses doigts sur les touches, essayant tant bien que mal de suivre le rythme effréné que lui imposait le meneur. Chopin op 9 no 2 , analysa Shinji, je la connais mais il va beaucoup plus vite que ce que j'ai l'habitude de faire ! Ce difficile exercice ne menait qu'à une horrible cacophonie. Cependant, aucun des deux ne s'arrêta. Le brun avait du mal, mais il se devait de réussir. Pourquoi? Tout simplement car il avait l'étrange impression que s'il le rattrappait, lui prouvait qu'il en était capable, qu'il avait la volonté, il saurait son nom. Shinji réfléchissait à toute vitesse. Quelles touches, quelles pédales devait-il utiliser? Quelle serait la prochaine note craché par l'instrument ? Leurs mains s'entrechoquent sur le clavier, leurs pieds se rencontrent sous le piano. Shinji n'avait pas le temps de s'excuser tant il allait vite. Mais son voisin ne bronchait point. Puis, miraculeusement, alors que le brun cessa un instant de se torturer l'esprit, leurs jeux se superposèrent en une parfaite harmonie. C'était comme si leurs esprits étaient connectés, chacun savait quoi faire. Longtemps, il profitèrent de leur jeu. Shinji prenait enfin plaisir à jouer, il était absorbé dans son travail comme l'était l'albinos. Le rythme ralentit alors, et le piano finit par se taire.
Un silence s'en suivit, et fut vite balayé par un Shinji haletant et aux doigts tremblant à cause de l'effort surhumain qu'il avait dû fournir. Il avait joué presque en apnée et venait de reprendre connaissance. Mes cours de solfège n'ont pas été vains, se dit-il. Il lâcha un petit rire nerveux avant de prendre la parole, toujours essoufflé :

《C'était... ha..haha ! Incroyable! 》

  Ses yeux pétillaient d'une joie intense. L'autre, toujours tourné vers le piano, fini par ouvrir un oeil pour regarder Shinji, sourit d'un air malicieux et tourna la tête vers son partenaire :

《Tu joues bien, Ikari-kun. A vrai dire, je ne pensais pas que tu serais capable de me rattrapper》

Shinji sursauta. Il avait encore prononcé son nom. Sa voix, elle, était toujours aussi douce. Le plus essoufflé des deux se tourna complètement, de sorte à avoir une jambe de chaque côté de l'assise. Maintenant qu'il avait réussi cette épreuve, il avait le droit de savoir.

《E-excuse-moi mais ... Je...-... arg...》

  La timidité de Shinji refesait surface. Cependant, sa détermination allait au delà. L'albinos, lui, savait où il voulait en venir et avait toujours cet air amusé.

《Q-quel est ton nom ! 》

  Il avait haussé le ton. L'interpellé fut tout aussi surpris que Shinji lui-même, et se retint même de rire. Embarassé, le brun baissa la tête, bafouillant quelques excuses incompréhensible pour qui ne le côtoie pas assez.

《Nagisa.》

Shinji haussa la tête.

《Kaworu Nagisa. C'est comme ça que je m'appelle.》

  Le regard de Shinji s'illumina, et il se redressa complètement, avec un sourir joyeux qui lui était propre: timide, mais sincère.

《Et moi Ikari. Ikari Shinji. Enchanté de faire ta connaissance, Nagisa-kun.

- Shinji... Je ne savais pas que c'était ton prénom. En revanche, je savais que tu étais le fils du proviseur.》

  Les deux garçon restèrent un moment dans cette salle, à se regarder longuement, à jouer, parler, chanter... rien ne pouvait les arrêter. Ensemble, ils n'étaient qu'un.

  Alors qu'ils étaient étendus à terre, un écouteur du baladeur chacun, la sonnerie annonçant la fin de cours retentit. Il s'étaient tant amusé qu'ils n'avaient pas vu le temps passer. Ils n'avaient même pas pris le temps de déjeuner. Ils se regardèrent, et comprirent, à regret, que le rêve s'achevait ici, pour aujourd'hui du moins.

Shinji se relève, range son baladeur et enfile les sangles de son sac, puis Kaworu fait de même. Et ils se regardèrent encore. Il le faisaient si intensément que l'on aurait dit un adieu. Avaient-ils peur d'oublier le visage de l'autre ? De ne plus se revoir ? Et si la fin du monde survenait avant leurs retrouvailles ? Jamais ils n'avaient ressenti une émotion si forte. Pouvait-on seulement la décrire ? Comment traduire ce lien étrange qui les unissait ?
Kaworu brisa le silence:

《 À demain, Ikari-kun》

  Pour la centième fois, le buste du brun se gonfla de bonheur. Cette promesse cachée le rassurait. Il serait là demain. Ils discuteraient encore, joueraient encore. Il pourrait contempler ses yeux rubis, encore. S'étonner de la pâleur de sa peau, encore... Alors pour sceller cette promesse, il répondit:

《Oui, à demain, Nagisa-kun.》

  Il se sourièrent, puis Shinji partit.

  Sur le chemin du retour, il n'écouta pas de musique. Il répéta juste inlassablement ce nom, qui, en seulement une journée, était devenu si précieux pour lui.

《Kaworu... Nagisa-kun....》

  Alors, si l'on était étranger à la scène, on pouvait juste voir la bouche d'un frêle garçon s'ouvrir et se fermer, sans jamais pouvoir lire sur ses lèvres - sa démarche bondissante nous empêchant - ni jamais l'entendre, tant la pluie était forte.

  Malgré la joie immense qu'il ressentait, il allait devoir, une fois de plus, dans quelques minutes, la mettre de côté devant son géniteur, et quitter le domaine......

Familial ?

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KOUKOU LA POPULACE ! Eh bien une fois encore j'espère que vous avez apprécié hein voili voilou. Je pense que je vais essayer de passer à un chapitre par semaine ( ESSAYER JE DIS BIEN ESSAYER)

Sachez que je prend beaucoup de plaisir à écrire cette fan fiction! Et que ... voilà ! N'hésitez pas à me donner des retours dessus.

Kisu kisu '3'

Kawoshin - Incarnat - Où les histoires vivent. Découvrez maintenant