Ecrire, c'est aussi courir. Courir les mondes, imprégner soi, et imprégner les autres. Une tâche complexe. Comme un marathon, l'écriture requiert ses habitudes, son entraînement: l'important est de pratiquer régulièrement. Ne pas avoir honte de s'entraîner, d'écrire tous les jours, même si ce qui en résulte n'est pas destiné à rentrer dans un projet quelconque, ou destiné à l'oubli. Ecrire tous les jours ne serait-ce que cinq minutes peut participer d'une garantie de ne pas rouiller, perdre habitude et réflexe, se familiariser avec l'activité de création. Et surtout, après avoir écrit, lisez à l'oral, entendez votre création, formulez-la de votre voix - la trace écrite peut sonner bien ou mal, et révélera davantage l'âme de ce que votre plume a couché sur le papier.
En termes d'écriture, me disait-un écrivain, il y a toujours des tics qui reviennent. Des syndromes. Des tournures à éviter. Par exemple, le "comme", très difficile à éviter dans la tournure "comme si". Exemple: "Des buissons se mouvaient, comme si une créature s'y dissimulait. Comment s'en débarrasser ? Il faut réfléchir. Très vite, quelques alternatives se proposent à nous: "Des buissons se mouvaient. Des créatures semblaient s'y cacher." "Des buissons se mouvaient. Etaient-ils le refuge de créature ?" Maladroite ou adroite, chercher une alternative à ce genre de phrase peut éviter des maladresses et constitue aussi l'activité de l'écrivain. Parmi les tics de l'écrivain, il y plusieurs syndromes plutôt courants.
Show Don't Tell - Ne le dis pas, montre-le. Plutôt que de décrire une action, montre-le. Voilà donc un conseil que partagent bien des écrivains (publiés). Certains voudront du show, d'autres voudront préserver du tell, mais gardez à l'esprit que montrer les choses renforcent l'immersion. Si une description vient vous dire: "Le triste sire est violent. Il frapperait quiconque l'approchait." Très bien. Mais qu'est-ce qui me le prouve ? Est-ce que ça veut dire que le personnage est au courant ? Comment ?
Syndrome du démineur - ce phénomène consiste en un désamorçage de la tension par le biais d'une description. Imaginez votre protagoniste s'approcher d'un personnage mystérieux... avec la description suivante: "Cet homme mystérieux n'augurait rien de bon. Si elle lui parlait, il la frapperait." Exemple maladroit, j'en conviens, mais extrême. Pourquoi ne pas rendre cela vivant ? Voici un exemple qui contre-carre le syndrome, et mêle du Show Don't Tell.
"Cet homme n'augurait rien de bon, mais la jeune fille devait avoir des réponses.
- Monsieur?
- Laisse-moi.
- Mais je voudrais vous demander...
- Laisse-moi, je t'ai dit, ou je te plante ! cria l'inconnu en brisant une bouteille sur le sol, ivre."
Là, le lecteur a davantage de raison de s'inquiéter pour l'intégrité du protagoniste. Les paroles permettent l'immersion, et la tension si tant est que le passage soit bien mené.
Syndrome du comptable - ce syndrome est très présent, surtout dans des récits d'aventures. En quoi consiste-t-il ? Eh bien, ce syndrome touche un auteur quand il veut tout dénombrer ! Tout est mesuré - cet objet fait 5 cm, l'épée coûte dix drachmes, la montagne fait 3650 mètres alors que le personnage sans guide la croise pour la première fois, la vague qui vient s'éclater sur le bateau fait 5, 58 mètres, etc. On peut compter, certes, mais il faut se demander pourquoi indiquer précisément un chiffre, et ce que cela apportera. On peut aussi jouer sur le vague, et rester dans l'approximatif.
C'était quelques mots sur l'activité d'écriture, et des faits légèrement plus concret qu'au quotidien. Je ne suis certes pas la mieux placée pour parler ainsi, et ne suis pas détentrice d'une vérité générale - modeste ombre que je suis - mes propos tiennent à un partage, et à faire en sorte que votre regard critique s'épanouisse.
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Entraînement: Littérature et Rhétorique
DiversosJ'ai mis ici les divers entraînements qui me servent, qui peuvent servir à tout le monde dans la pratique de l'écriture, de l'imaginaire. J'espère que chacun y trouvera son compte, avec un contenu qui change quelque peu du côté créatif que l'on peut...