Par Lui

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Rayan

« Tu fais quoi entre 1h et 2h du matin, jeudi ? » m'eut demandé ma cadette, qui me laissa sans aucune explication. Je la savais avec ses camarades de classe, je me dis qu'elle n'osait pas échanger avec moi de peur qu'ils se rendent compte de quelque chose, mais tout de même, je me sentis un peu contrarié de ne pas avoir pu passer du temps avec elle. Depuis la reprise de cours, on ne s'est pas vu un seul soir... soulignai-je en mon for intérieur autour de mon café, le portable posé sur la table en face de moi.

Je n'avais pas voulu insister, j'eus bien compris qu'elle ne se sentait pas à l'aise avec l'idée que je les rejoigne pour les aider à peindre. Quand bien même, pour le déménagement hors de question que je sois mis de côté. J'étais bien plus en confiance avec l'idée de la rencontrer en dehors des cours, Tallulah avait raison en mon sens, nous pouvions nous voir sans crainte et au diable ceux qui nous verraient. Je veux la voir...Voilà ce que je n'eus de cesse de me répéter pendant le trajet pour aller en cours.

Une idée me traversa l'esprit. Elle travaille le matin... me souvins-je en examinant l'heure sur mon portable. Je suis en avance... Le café était sur mon chemin, et même si j'eus pris un bon petit déjeuner chez moi, rien de pouvait m'empêcher de prendre un autre café et surtout...passer la voir. Ce que je fis, la tête haute et le sourire aux lèvres, je me rendis au cosy bear et je fus accueilli par la patronne qui se trouvait au comptoir. Puis, poussant la porte d'un geste usuel, Tallulah sortit de la cuisine, un plateau dans chaque main, remplis. Il était vrai que la salle était plutôt chargée, je reconnaissais même des collègues à moi, enseignant dans d'autres bâtiments. Il y avait des élèves aussi...En même temps, vu la proximité de l'établissement, c'est un peu normal.

Ma cadette me vit, alors que je m'installai au comptoir pour demander un café à m'apporter en terrasse. Nous nous sourîmes et elle semblait radieuse. Je fronçai les sourcils en indiquant une mèche de cheveux pleine de peinture bleu. Elle me tira la langue en levant les yeux au ciel.

-On vous apporte cela tout de suite, me sourit la patronne tandis qu'elle me guidait à une table libre en terrasse.

-Merci.

Aussitôt, je l'entendis appeler Tallulah pour s'occuper de ma commande. On dirait que Hyun n'était pas là ce matin. Un groupe d'étudiants monopolisèrent deux tables et la patronne vint prendre leur commande. Quelques minutes plus tard, ce fut ma cadette qui revint, plus chargée que jamais et je ne pus faire autrement qu'allait lui donner un coup de main. Et encore, elle avait un plateau dans chaque main et un posé sur son avant-bras. On sentait qu'elle avait vraiment pris le coup de main et parvint à alterner, seule, chaque plateau jusqu'à ce qu'elle se retourne et me voie me tenir debout, ne sachant pas quoi faire de mes mains.

-Mais assieds-toi voyons, sourit-elle en tendant un plateau où se trouvait mon café.

Un sourire en coin, et le cœur battant, je m'approchai d'elle, posai une main sur sa taille et me pinçai les lèvres en ressentant l'irrésistible envie de l'embrasser. Depuis dimanche, on n'a eu presque aucun contact si ce n'est lundi... Les pommettes légèrement rosies, elle me sourit, et je ne tins pas plus longtemps. Nous nous embrassâmes brièvement, en nous disant bonjour, avant que je ne reprenne place.

-Si ma patronne m'a vue, tu peux être sûr que je suis cuite !

-Roh, tu fais bien la bise à Rosalya et Alexy lorsqu'ils viennent te voir, non ?

-Haha, ce n'est pas faux, sourit-elle en m'adressant un clin d'œil : Alors, pas de mandarine ce matin ?

-Non, la semaine dernière non plus j'te rappelle ! soulignai-je en lui souriant : Au final, il n'y a que quand t'es dans le coin que je suis en retard.

L'Horizon des jours clémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant