Prologue

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Une voix au ton robotique, à la voix dénuée d'émotion, semblait m'appeler sans relâche. Le rugissement féroce d'un monstre géant et écailleux, aux rangées de dents pointues, retentissait dans l'obscurité profonde. Une lueur bleutée illuminait une silhouette fluette s'approchant de plus en plus de moi. "Maître..." répétait cette personne dont, à contre-jour, je n'apercevais que la forme du corps tracée par la lumière qui m'aveuglait.

J'ouvris les paupières, soudainement coupé dans mon étrange et intrigant rêve. Troublé, je me redressai, puis m'étirai de tout mon long, en jetant un coup d'œil à l'extérieur à travers la fenêtre. Il faisait jour, et des voisins déambulaient tranquillement sur les chemins. Encore une belle journée ensoleillée qui s'annonce, songeai-je, de bonne humeur. Ce jour-là était l'un des rares où Zelda n'avait pas envoyé son célestrier me réveiller.

L'école de chevalerie avait accordé aux élèves une semaine de vacances, pour nous laisser du temps d'entraînement avant l'examen de passage à apprenti chevalier, la chevauchée céleste. En réussissant ce test, nous ferions un pas de plus vers notre future carrière de sauveteur ou explorateur de Célesbourg. Merde, j'avais totalement oublié l'entraînement, et on est déjà dimanche !

Je sautai de mon lit, manquant de tomber, et ouvris ma penderie afin de prendre des vêtements choisis à la va-vite. Fin prêt, je poussai la porte de ma chambre, courant à toute vitesse dans les couloirs. Rapidement, j'atteins la cour de l'école. Essouflé, je repris un peu d'air en marchant vers le ponton. L'air était frais et revigorant. J'ai l'impression de ne pas avoir volé depuis longtemps, me dis-je en admirant le ciel.

D'un bleu pacifique, comme une toile peinte de nuages aux allures cotonneuses, de petits oiseaux plongeaient dans cet océan, bercés par le vent. Je reculai de quelques pas, pris mon élan et m'élançai dans le vide, le cœur battant. L'adrénaline parcourait mes veines, une sensation que j'avais toujours aimé. Je sifflai bruyamment, les deux doigts dans ma bouche. Mon célestrier vermeil, les ailes repliées contre son corps pour lui donner plus de vitesse, vola jusqu'à moi.

Je m'agrippai à deux mains à son cou, et me hissai sur son dos. L'oiseau poussa un petit cri joyeux, en fouettant l'air avec puissance, de ses deux membres plumés. Un lien fort nous unissait, une connection d'amitié rarement si développée entre un célestrier et son maître. Nous tournoyâmes ensemble dans le ciel, sans voir le temps passer. Il se posa finalement sur l'îlot de la source, qui alimentait la rivière de Célesbourg. Je descendis de mon animal, qui secoua ses plumes, et admirai d'ici notre petit village paisible, ses maisons et bâtiments.

Où peut bien être Zelda ? Je m'assis en tailleur sur le sol, puis appuyai ma tête contre mon poing, en regardant aux alentours. Mes yeux se posèrent sur l'île de la Déesse. Tiens, elle qui trouve ce lieu si relaxant, elle y est sûrement, supposai-je à voix basse. Quelque chose retint mon attention, dans le ciel, une forme humaine qui semblait tomber. Je me levai, alerté, et sautai de l'îlot d'un mouvement synchronisé avec mon oiseau.

Celui-ci piqua vers le bas pour m'attraper au vol, avant de foncer vers la statue géante de pierre. D'un claquement de langue, je lui ordonnai d'accélérer à son maximum. Il poussa un cri perçant, et déploya ses grandes ailes, et nous propulsa dans la direction de la personne en danger. J'attrapai son poignet de justesse, penché vers le vide, et la tirai par le bras jusqu'à moi. C'était une fille de mon âge, encore inconsciente, aux cheveux C/C, que je n'avais jamais aperçue par ici.

Mon célestrier battit des ailes, se dirigeant de lui-même vers un ponton du village. Bon sang... si je ne l'avais pas attrapée à temps, elle se serait écrasée au pied de la statue de la Déesse. Je tins fermement l'étrangère contre moi, pour ne pas la laisser me glisser des bras. Nous atterrîmes en douceur au sol. Tout en balayant des yeux la place de Célesbourg, je portais la jeune femme avec précaution. Personne, à cette heure-là ? m'étonnai-je, les sourcils froncés.

L'écho du Temps【Link x Reader】SSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant