Chapitre 4

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Quelques heures s'écoulent avant que je ne décide d'essayer de me lever. Au début, lorsque je pose mon pied au sol, vient la douleur. Je manque de tomber et me rattrape au lit. Je reprends lentement mon souffle et me redresse. J'observe la pièce...elle est plutôt grande, des gravures et des peintures recouvrent les murs de haut en bas. Je m'approche et effleure les inscriptions du bout des doigts...

-Ce sont les paroles d'une chanson que celle que je considérais comme étant ma mère me chantait lorsque je n'étais encore qu'un enfant insouciant...

Je sursaute en entendant la voix du dieu...je me retourne d'un geste vif et la douleur me reprend et m'irradie jusqu'au milieu de mon ventre, me coupant la respiration. En un rien de temps, il se trouve dans mon dos et me retient pour m'éviter la chute. Il ne dit rien, son souffle caresse la peau de mon cou. Sa proximité me dérange, un frisson froid me parcourt le dos. Ses longs doigts fins me retiennent avec force mais une certaine douceur se dégage de son être. Le seul soucis... c'est que je n'aime pas les contacts physiques. Il me redresse sur mes jambes avec douceur et s'abaisse pour observer la blessure sur ma jambe droite. Du bouts de ses doigts, il en trace les contours. Je sents le feu me monter aux joues...il est assez tactile... pour un dieu des Morts...et un peu trop familier par dessus le marché...

-La plaie commence à s'infecter...
-Hum...oui...je suppose...dis je avec une voix mal assurée.

Sans lever les yeux de ma jambe, il me demande :

-N'as tu jamais été touché par un homme?

Je manque de m'étouffer en entendant sa question. Oui...il est vrai qu'aucun Homme n'a jamais pu me toucher... pas même m'effleurer...Avec cette malédiction...tout mes semblables m'ont fuit comme la peste durant douze ans...Je m'enfonce dans mon silence et cela l'alerte. Il lève les yeux vers moi...

-Tu es donc pure...personne n'a encore souillé ta pureté...frêle colombe blanche...

J'ai une envie soudaine envie de m'enterrer...il est plutôt direct...Mon regard se perd vers le plafond. J'ai soudainement très chaud...j'ai honte... je veux disparaître...Il se relève et m'observe intensément. Ses yeux sont devenus deux vasques d'or liquide, je détourne le regard et lui dis avec quelques hésitations :

-En même temps...lorsqu'on est maudit par les dieux...pas grand monde nous approche...

Je sents sa main glisser délicatement dans mes cheveux. Je reporte mon attention sur lui. Son regard est redevenu de marbre et distant...mais il dégage beaucoup de douceur.

-Depuis tout ce temps...tu voyais ma bénédiction comme...une malédiction?...

Je ne réponds pas...je ne sais pas comment il pourrait réagir...les dieux peuvent être compulsifs...et même si je suis au pays des morts...je tiens à ma vie...Il continue à jouer avec mes cheveux.

-As tu peur de moi, jeune humaine? Dit il d'une voix sérieuse.

Je hoche la tête positivement. Il laisse mes cheveux et pose ses bras autour de moi me rapprochant de lui et me plaquant contre son torse. Je ne bouge pas...

-Tu as raison d'avoir peur...mais sache que jamais...jamais je ne te ferai du mal...

Il relâche un de ses bras qu'il vient placer plus bas puis me fait basculer en arrière sans que je ne puisse dire quoique ce soit. Il me porte jusqu'au lit et me recouche. Dès que je sents le draps contre mon dos, je roule sur le côté et m'éloigne rapidement de lui. Il me regarde, impassible...

-Jeune humaine...dit il. Ne crois tu pas que si j'avais, à cet instant, envie de te posséder...je ne l'aurais pas déjà fait?...

Compte tenue du début de la conversation, et de la confiance quasiment inexistante que je lui porte, je préfère garder une distance de sécurité suffisante entre nous deux. Il soupire mais me laisse à ma place. Il brise une nouvelle fois le silence.

-Jeune humaine, dit il doucement en s'essayant sur le lit. Pourrais tu me donner ton nom?

J'hésite longuement avant de lui répondre. Je le vois patienter puis je vois de la résignation dans son regard. Il inspire pour relancer une question et je choisis ce moment pour lui répondre :

-Tétra...je me nomme Tétra...

Il me regarde fixement, je crois même voir un éclair de lumière passer dans ses yeux d'or.

-Tétra...dit il d'une voix songeuse...Tétra...répète t il en savourant la sonorité de mon simple nom...J'aime le son que produit ton nom...Tétra...Donne moi ton nom véritable.

Je me fige...il veut que je lui donne mon nom?...mon nom secret? Je secoue la tête négativement en reculant. Si je ne lui donne pas...je rentrerais en conflit avec lui...Mais si je lui donne...il fera ce qu'il veut de moi...je serais sa chose...son objet...HORS DE QUESTION!

-Non...je refuse de te le donner. Dis je du tac au tac.

Au début, il me lance un regard noir, froid. Son aura devient noire, il se met à grogner et il réitère sa question à laquelle je réponds toujours négativement. Il prend sa forme divine, je tente de fuir mais...Il m'attrape et me plaque contre le matelas, m'immobilisant totalement sur le lit.

-Donne le moi, je te l'ordonne!
-NON!

Les larmes me montent aux yeux, je suis secouée de sanglots...il est devenu complètement fou...à ce moment je peux dire que j'ai peur...il avance sa tête animale de mon cou, je peux sentir son souffle sur ma peau...

-Donne moi ton nom secret!
-Vous aviez dit que vous ne me feriez aucun mal...dis je entre deux sanglots.

Son regard est froid, ses crocs caressent ma peau à la base de mon cou. Voyant que je ne céderai pas, il reprends sa forme humaine et tend la main vers moi. Je ferme les yeux pensant à recevoir une gifle violente... mais le contact qui s'en suit et doux... comme une caresse qui sèche mes larmes avec une délicatesse surprenante...

-C'est fini...calme toi...je te testais... seulement un test...jamais je ne pourrais te faire du mal...Tétra... mais d'autre pourrais le faire... Garde ton nom secret pour toi et ne le donne à personne...dit il en me caressant la tête doucement.

J'ouvre les yeux et plonge dans l'or liquide de son regard. Pourquoi, parmi la totalité des dieux de l'Égypte, il a fallu que j'attire celui qui souffre de trouble de la personnalité?... Pourquoi on ne parle jamais des problèmes psychologiques des hautes divinités? Je me le demande!

-Ceci dit...j'adore le son de ta voix... lorsque tu me supplies...
-V...Vous n'êtes qu'un...

À Suivre...

Reste à mes côtés...Pour l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant