Chapitre 28

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J'ai encore mon esprit embrouillé lorsque la porte de la chambre s'ouvre sur un homme que je ne reconnais pas tout de suite. Étant proche de la porte, je tente de fuir vers le fond de la pièce mais mes membres engourdis me rappelle à l'ordre. Je m'écroule donc de tout mon long dans le noir, au milieu de la chambre.

-Tétra... Murmure la voix douce et chaleureuse de l'homme qui s'avance.

Je sens son calme et sa douceur émanant de lui mais mes sens sont encore flous pour me permettre de distinguer quoi que ce soit. Par réflexe, je m'éloigne et me blottis entre le lit et le mur, recroquevillée sur moi même.

Je sens sa présence hésiter mais il finit néanmoins par avancer dans la pièce et s'assoir sur le lit.

-Mon chat des sables, n'est point de crainte, viens... Dit il d'une voix douce et bienveillante.

Il est vrai que son ton ne correspond pas à celui de la créature qui me retenait prisonnière. Quand bien même, je reste méfiante, risquant un regard vers le lit où l'homme a fini par s'allonger. Je ne ressens aucune malveillance venu de lui. Je le regarde jouer avec une masse sombre et flasque puis il dépose son jouet dans une boîte et se lève pour la déposer au dessus de l âtre de la cheminée sombre en face du lit.

-Tétra...ma douce...

Ses mots résonnent à mes oreilles et une vive douleur s'empare de ma poitrine. Je sens "Sa" peau glisser contre la mienne, ses crocs transpercer ma chair... Je panique juste à l'évocation de ses mots et des larmes coulent sur mes joues sans que je puisse faire quoi que ce soit pour les retenir. Ce reptile m'a brisée...

J'entends des bruits de pas revenir vers moi et une main diffusant une douce chaleur se pose avec délicatesse sur mon épaule. Cela n'a rien à voir avec le contact froid et écailleux du dieux de la Nuit Éternelle. Avec tendresse et beaucoup de précautions, je sens les bras de l'homme m'enlacer et me soulever. Je sens son étreinte remplie de douceur et lentement mon esprit se clarifie.

-C'est toi? Demandais je d'une voix qui, malgré moi, tremble d'anxiété. Anubis...

Je lève la tête et plonge mes yeux dans les yeux devenu deux vasques d'or liquide. Sa peau de caramel douce et chaude contre la mienne me font monter les larmes. Jamais je ne pensais pouvoir à nouveau me tenir contre lui. Le serpent ayant annihiler tout espoir, s'étant nourrit de moi, de toutes envie et idées noires, détruisant tout bonheur et espoir de le connaître à nouveau.

-Tétra, mon chatons...tu es revenue à toi. Murmure t il en posant son front contre le mien.

Ses cheveux, devenus longs depuis tout ce temps, me caressent doucement la peau. Il me serre contre lui, ne semblant pas vouloir me lâcher.

Il s'assoit sur le lit, et m'installe sur ses genoux, face à lui. Malgré toute sa chaleur, je le ressens bien, il est aussi anxieux que moi. Son regard détaillant mon corps sous les moindres coutures, observant les cicatrices, les ecchymoses, les griffures et les autres plaies causée par le monstre qui m'a retenu prisonnière tout ce temps.

Son regard autant insistant sur moi me fait trembler plus encore de malaise. Je tente tant bien que mal de me cacher, mais les mains du dieu des Morts me retiennent avec douceur. J'ai un sursaut de surprise et me tends comme un arc.

-Ma douce colombe, tu n'as rien a craindre de moi. Oublie ce qu'il t'a fait...jamais je ne ferais revivre cette torture qu'il t'a infligé. Murmure t il, en se penchant sur mon oreille.

Malgré sa bienveillance, j'ai du mal a reconnaître la réalité. Des flashs de ce serpent revenant dans mon esprit, se superposant a l'image d'Anubis. Des larmes coulent de nouveau sur mes joues. Je baisse la tête et ferme les yeux, alors que mon corps est couvert de spasmes.

Nous restons quelques courtes minutes comme ceci, mais il me semble qu'elles durent une éternité. Je l'entends lâcher un triste soupir, puis ses mains me relâchent avec douceur, ne laissant qu'une agréable chaleur dans mes poignets se diffuser lentement dans mon être.

Me sentant libre, plus par réflexe que par envie, je tente de me couvrir avec ce que je peux trouver autour de moi, en vain.

-Tetra...il ne t'arrivera plus rien ma douce. Je suis là, je te protégerai...

Sur ses mots, il me pose une de ses longues vestes noires épaisses et chaudes sur le dos, recouvrant la totalité de mon corps vulnérables. Je relève mon regard gorgé de larmes vers lui.

-Tu me le promets... Dis je en serrant le vêtement sur moi fermement.

Dans un geste plein de douceur, il s'allonge sur le lit et pose sa tête sur mes genoux, s'installant confortablement sur moi. Il lève doucement la main vers ma joue, un sourire compatissant se dessinant sur son visage.

-Je t'en fais la promesse, Tetra.

Je ferme les yeux, superposant ma main a la sienne pour appuyer son contact sur ma joue, appréciant le toucher de sa peau sur la mienne, balayant le souvenir de la peau écailleuse du reptile du chaos.  Tout ce que ce monstre représentaient semble disparaître de mon esprit, ne laissant que la douceur et la bienveillance de mon cher Anubis. Son regard ne me lâche pas, accrochant le mien, semblant plonger dans mon âme, chassant les mauvais souvenirs de mon âme, les battant comme un reste lointain d'une maladie. Tout semble s'évaporer comme aspiré par l'amour de l'être dont la tête et délicatement posé sur mes genoux. Mon corps se détend, comprenant que la douleur et la peur faisaient maintenant partie du passée. Et quelques minutes plus tard, je sombrais dans un doux sommeil réparateur.

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Les mois passent, ne laissant de cette mauvais périodes que de vagues souvenirs. La vie est douce dans le monde des dieux depuis que l'ennemi a été de nouveau enfermé.

Anubis est assez occupé par son devoir de juge des âmes, mais, je ne sais par quel subterfuge, il réussit, de temps à autre, à se libérer de son poste pour venir me retrouver dans son palais.

Sa demeure aussi a bien changé, et c'était plus que nécessaire si il voulait que je reste. Maintenant, des végétaux emplissent l'endroit, et une douce lumière se diffuse par des cristaux de roches rendant l'atmosphère moins austère.

Ce matin la, alors que je me reposais près d'une fontaine, je l'ai vu s'approcher accompagné d'une Grande Dévoreuse, a travers la végétation, de sa démarche agile et gracieuse. Ses cheveux, dont quelques mèches étaient tressées d'or, lui tombait sur les épaules. Il avait revêtu ses parures d'émeraude, d'or et de rubis, tenant dans sa main son sceptre d'or surmonté d'une tête de chacal. Ses oreilles noires lupines sortaient de son épaisse chevelure de jais. Il avançait pied nu vers moi, son regard doré semblant briller dans la pénombre. Un sourire sincère se dessinant sur ses traits faisant sortir la légère pointe de ses canines.

-Ma Tetra, murmure t il. Comment te sens tu? Demande t il prévenant en se positionnant face à moi.
-On ne peut mieux, cher Anubis.

Il me rend un magnifique sourire solaire. Il se baisse, posant ses deux genoux au sol pour pouvoir être a mon niveau et attrape ma main avec douceur. Ses oreilles canines s'agitant par moment au fil des sons et des remous des bassins où baignent ses fidèles créatures. Son regard d'or liquide, brillant dans la pénombre semble scruter le mien à la recherche d'une émotion particulière avant de se plonger dans une sorte de réflexion lointaine. Ses doigts fins pianotants sur le dos de ma main assez nerveusement. Tout dans son attitude montre qu'il a quelque chose à dire, une chose qu'il hésite à m'avouer.

-Tu as l'air pensif, Anu...Dis moi ce qui te trouble à ce point.
-Tetra...Je...C'est difficile a avouer mais...Je me demandais si...

De sa main libre, il s'amuse avec une mèche de ses cheveux de jais, alors que ses joues prennent une teinte rosée. Cela reste assez surprenant. Le grand dieu, juge des morts, dieu des embaumements, celui qui a terrassé Seth et Apophis, se retrouve aussi vulnérable qu'un enfant devant une demi déesse.

-Anubis? demandais-je assez inquiète de son attitude. Tu me fais peur.
-Je souhaiterai que tu acceptes de...

A Suivre...

Reste à mes côtés...Pour l'éternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant