Chapitre 17

405 25 9
                                    

Bip... bip... bip...

J'ouvre les yeux difficilement, l'écran lumineux de mon téléphone m'éblouissant le visage et la sonnerie rettentissant dans toute la chambre, qui au passage m'assourdie les oreilles. Je regarde, les yeux mi-clos, mon mobile qui affiche le prénom de Léane en gros. Je décroche, rendant la pièce dans un calme profond.

« Allô ? fais-je d'une voix ensomeillée.

– Oui, Emmy ? Tu es où là ?

– Dans le lit de Lola, pourquoi ?

– Maman est rentrée il y a une demie-heure et depuis tout à l'heure elle met le bazard dans toute la maison en criant ton prénom.

– Mais pourquoi ?

– J'en sais rien. Tu as fais quoi pour qu'elle soit dans un état pareil ?

– Me demande pas, j'en sais pas plus que toi. »

Alors que j'entends Léane souffler, un bruit de verre se brisant me fait légèrement sursauter.

« Tu veux pas rentrer ? me demande Léane.

– Mais il est seulement, je regarde rapidement l'heure, deux heures vingts. Ça peut pas attendre demain matin ?

– Comme tu veux, soupire-t-elle.

– Au pire, si d'ici deux heures elle n'a pas arrêté tu me rappelles, ok ?

– Ok. »

Elle s'excuse brièvement de m'avoir réveillée, puis racroche. L'écran de mon téléphone se met en veille, plongeant la pièce dans un noir absolu. Je pose ma tête sur un coussin, fixant le plafond indistinct en réfléchissant aux potentiels comportements que j'ai eu envers ma mère. Vraiment, je sais pas ce que j'ai pu faire encore. Pendant toute la semaine dernière, j'étais à Houston donc impossible de l'avoir énervé ou autre. Et puis je suis arrivée il y a seulement deux jours à Los Angeles. Qu'ai-je pu faire de si horrible pour que ma mère arrive à un stade où elle jette tout ce qui lui passe sous la main ? Ma vie est on ne peut plus merdique en ce moment...

Ma soeur m'a finalement rappelé qu'à neufs heures ce matin, les larmes aux yeux.

« Emmy, faut vraiment que tu viennes à la maison. J'ai parlé à maman et la seule chose qu'elle m'a dite c'est « tout est de la faute d'Emmy ». Elle a pas voulu m'en dire plus et depuis elle pleure. Elle fait que ça, pleurer, pleurer, encore pleurer. Dépêches toi de venir s'il te plaît », m'a-t-elle raconté.

C'est pourquoi je suis en ce moment même dans la voiture de Lola, côté passagé, rentrant chez moi la boule au ventre. C'est seulement une quinzaine de minutes plus tard que je suis devant chez moi, la main sur la poignet pour pénétrer dans ma maison. Après avoir refermé la porte, je constate les dégâts. Les dégâts plus que nombreux et encombrants. Je m'avance prudemment, évitant les morceaux de verre gisants sur le parquet, pour me planter dans le salon, vide. Les cadres sont tous sur le sol, les photos pratiquement déchirées. Et je parle même pas de la télé à deux doigts de tomber par terre et de l'état du canapé. On pourrait presque croire qu'il y eu un cambriolage qui s'est mal terminé. Je repositionne la télé normalement, histoire qu'elle tangue pas, puis rentre dans la cuisine, vide elle aussi. Elle est méconnaissable tant elle est en désordre. Je veux me pencher pour ramasser un couteau trainant au sol mais un cri s'échappe dans la maison, attirant mon attention. Je me précipite vers la source de cette plainte et j'arrive devant la porte de la chambre à ma mère. J'hésite à rentrer, puis prends une grande inspiration avant d'ouvrir lentement la porte. La porte ouverte en grand, un pull vole dans la pièce et viens s'écraser sur mon visage surpris. Je le jette à terre et observe ce qu'il se passe. Ma mère est debout face à moi, contre le mur, braquant tous ses vêtements en direction de Léane qui quant à elle, est complètement déboussolée face au comportement enfantin de ma mère.

Together ForeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant