Pardonne-moi, Granger ⎮ Dramione

13

Deux semaines passèrent, et aucune nouvelle de Drago. Dehors, l'automne avait laissé place à l'hivers qui c'était rapidement installé : en ce matin de décembre, le ciel était d'un magnifique rose. Des flocons épais continuaient de tomber et recouvraient le sol de leur épaisse couche blanche. Hermione, qui traversait la cour, seule, ne cessait de penser. Enroulée dans son écharpe, elle cherchait la chaleur en se frottant les mains. Sa respiration produisait une fine fumée blanche. Elle tremblotait.

Drago ?

Et sans surprise, elle n'obtenu aucune réponse. Mais elle le sentait, qu'il n'était plus là : comme s'il avait habité en elle, comme s'il vivait à travers elle. Un lien les unissait, et ils l'avaient perdu. Troublée, elle ne put s'empêcher de penser au fait qu'il lui manquait. Oui, Drago Malefoy lui manquait. Le démon de sa vie devenu l'ange de sa mort s'était en allé, la laissant seule et sans réponse. Elle soupira, produisant une nouvelle vague de fumée. Pendant de longues heures elle avait réfléchi, cherchant une raison à cette disparition si soudaine : avait-il accompli sa mission ? Elle ne pensait pas. Jamais il n'aurait pu disparaître de la sorte. Son agresseur était-il décédé ? Elle n'en savait trop rien. Cependant, Hermione Granger se sentait toujours en danger ; mais elle était seule.

Le vide. Voilà ce qu'elle affrontait quand elle tentait de le contacter. Comme si ses paroles résonnaient dans sa tête. Comme quand il n'était pas là. Elle s'y était finalement habitué, à cette relation impossible. Elle y avait cru, en cette union. Elle pensait que leurs différences feraient d'eux un duo invincible. Elle pensait survivre. Mais seule, elle ne sentait que la mort.

Assise sur un banc enneigé, Hermione lisait, pour faire passer le temps. Ginny devait encore dormir à cette heure-là. C'était dimanche.

- Bonjour Hermione, fit une voix familière.

Elle releva les yeux de son livre, se stoppant dans sa lecture. Hagrid en face d'elle lui sourit tendrement, la saluant de sa grande main pleine de blessures. Elle grimaça en rigolant :

- Bonjour Hagrid... Vous n'avez pas encore caché une bête dangereuse dans le château ? Demanda-t-elle en faisant référence à ses cicatrices.

Il secoua la tête, l'air amusé :

- Oh non, ce temps-là est passé... Comment vas-tu ? Cela fait longtemps que je ne vous ai pas vu, Toi, Harry et...

Il se stoppa et baissa les yeux.

Et Ron.

- Oui, répondit-elle simplement. Moi non plus je n'ai pas vu Harry depuis...

Elle fronça les sourcils ; le garçon ne l'avait pas recontactée. Pas un hibou, pas un message, ni même une visite. Silence radio. Et cela depuis deux semaines.

- Oh Harry est passé voir le professeur McGonagall hier soir, tard dans la soirée je dirais...

Elle le regarda étonnée. Il grimaça :

- Il ne te l'a pas dit ?

Elle secoua la tête :

- Je n'ai pas vu Harry depuis deux semaines, répondit-elle étonnée.

Et Drago.

Quelque chose de louche se tramait, elle le sentait.

- Que faisait-il dans le bureau du professeur McGonagall?

Hagrid haussa les épaules, saluant quelques élèves qui passaient :

- Aucune idée, elle m'a demandé d'attendre dehors. Puis, lorsqu'Harry est sorti, il n'a même pas pris le temps de me parler. Il a l'air très occupé par son travail...

- Que vous a-t-il dis exactement ? Demanda-t-elle perplexe.

- Oh et bien, il m'a dit qu'il devait aller rapidement au Ministère, qu'il avait des affaires à régler... Pourquoi fais-tu cette tête, quelque chose ne va pas ? Ne me dites pas que vous préparez encore un mauvais coup... Soupira Hagrid en levant les yeux au ciel.

Cependant, Hermione ne rit pas. Harry et Drago avaient disparu au même moment : cela signifiait qu'ils avaient appris quelque chose.

- Hermione ? Dit le géant en se penchant. Tout va bien ?

Elle se leva rapidement :

- Oui, je viens de me rappeler que j'avais oublié de rendre quelque chose à Ginny. Elle va être furieuse, mentit-elle.

Hagrid sourit, amusé :

- Ah ces enfants... Allez fonce.

Elle prit son sac et commença à partir.

- Rendez-moi visite dès que vous le pouvez, ça me ferait plaisir...

- Promis, sourit-elle avant de s'effacer dans les couloirs du château.

Elle marchait rapidement, évitant les élèves qu'elle croisait sur son passage. Tourmentée, Hermione se dirigeait vers le bureau du professeur McGonagall, l'air cependant sûre d'elle. Quand elle y parvint enfin, elle fut surprise de voir que la pièce était vide. Un petit mot était posé sur la table. Elle s'approcha et l'empoigna nerveusement :

Je serai absente durant toute la semaine.

Pas une signature, pas une excuse : cela ne ressemblait pas à la professeure. Hermione soupira et fronça les sourcils, reposant délicatement le mot sur le bureau.

- Vous cherchez quelque chose Miss Granger ? Demanda le professeur Slughorn qui venait d'entrer dans le bureau.

Alors qu'il levait les yeux pour examiner les lieux en grimaçant quelques fois, il reprit :

- Ce bureau n'est pas vraiment à mon goût... Enfin bon.

- Pas quelque chose, mais quelqu'un, dit-elle en se retournant pour lui faire face. Il faut que je quitte Poudlard pour la journée professeur, c'est très urgent.

Il haussa les sourcils, l'air surpris. Horace Slughorn avait toujours été quelqu'un de tête en l'air, toujours un air de surprise au visage. Elle sourit, gênée.

- Et puis-je savoir où vous allez ? Je ne peux laisser partir un élève comme cela...

- Ministère, professeur.

Il avala sa salive bruyamment.

- Oh et bien... Essayez de rentrer avant le repas. Personne ne verra votre absence.

Elle haussa les sourcils à son tour.

- Et bien, ne faites pas cette tête, je ne suis personne pour vous dire ce que vous pouvez faire ou non... Ce rôle appartient au professeur McGonagall. Où est-elle d'ailleurs ? Demanda-t-il en cherchant derrière Hermione.

Elle secoua la tête en lui tendant le mot. L'air étonné, il ajouta :

- Rentrez avant le dîner de ce soir Miss Granger. Ne traînez pas trop à la nuit tombée, je crains que cette absence ne concerne la sécurité de Poudlard... Soyez prudente, le mal rode dehors.

L'homme avait changé de ton ; l'air grave, il venait de la mettre en garde. Elle fit oui de la tête.

- Utilisez la cheminée, vous irez plus vite, dit-il en désignant la cheminée derrière le bureau de la directrice.

Elle s'exécuta ; en quelques secondes seulement elle avait disparu, laissant derrière elle des flammes vertes. Horace Slughorn quitta la pièce en chantonnant.

Elle arriva rapidement au Ministère. Sortant d'une des cheminées d'un grand couloir, elle suivit la foule jusqu'à l'emplacement d'une statue. Elle la détestait : cette dernière montrait des moldus sous un mauvais angle. Elle détourna le regard.

- Bonjour, je cherche le bureau d'Harry Potter s'il vous plaît, dit-elle en interpellant une femme qui passait par là.

- Il est absent, il reviendra la semaine prochaine... Si vous souhaitez lui laisser un message, son bureau est au troisième étage à droite, première porte.

Une semaine.

Cette phrase résonnait dans sa tête.