La Méthode du Petit Écrivain

Les relations (Partie 2)

Seconde partie du chapitre sur les relations. On parle ici des relations un peu plus générales.

3. La relation amicale
L'amitié est un concept présent dans la quasi-totalité de toutes les histoires jamais écrites. Les amis d'un personnage en disent long sur lui, et leur absence en dit tout autant.

L'amitié, c'est étrange. C'est une relation qui peut devenir très intime, mais elle n'est ni aveuglée par « le feu de la passion » ou « les liens par le sang ». Il est très possible qu'une amitié devienne malsaine à cause de l'émotion (je suis une des premières à la savoir), mais, en général, les dommages psychologiques sont moins grands que ceux causés par les les relations amoureuses ou familiales. L'amitié est donc une des relations les moins « risquées » des relations positives (les numéros 1 à 3).

Selon un philosophe ou psychiatre dont j'ai oublié le nom, l'amitié progresse en trois étapes : amis pour le gain apporté (1er), amis pour le plaisir apporté (2e) et amis pour le dépassement de soi apporté (3e). Beaucoup d'histoires figurent des progressions vers l'étape 3, que ce soit depuis l'étape 1 ou 2.

À présent, je vais expliquer ces étapes en détails:

A. Amis pour le gain apporté
On est amis avec la personne, car elle nous rend un service et nous donnes des avantages tangibles et matériels. Ce peut-être de l'aide pour accomplir une tâche (du travail d'équipe), des ressources, un partenaire de jeu, une présence pour être moins seul, etc. Toutes les amitiés commencent ainsi: on accepte la présence d'une personne dans sa vie et on accepte de coopérer avec elle, car elle peut nous apporter un gain personnel. Ceci peut paraître superficiel, mais c'est une absolument essentielle au filtrage des ami: qui voudrait être ami avec une personne qui ne nous apporte rien de bon?

B. Amis pour le plaisir apporté
La deuxième étape est identique à la première à un point près: le gain est cette fois intangible et émotionnel. Cette étape rend donc la relation plus substantielle. On se sent bien et à l'aise avec la personne, et on apprécie sa présence et le temps passé avec elle. La majorité des amitiés se forment et commencent à mi-chemin entre l'étape 1 et 2.

C. Amis pour le dépassement de soi
Dernière étape de l'amitié. Rendu là, on connaît les côtés les plus sombres de son ami et l'ami connaît les nôtres; on a traversé avec lui des moments difficiles, mais aussi des moments les plus heureux. On aide l'ami a devenir une meilleure personne grâce à la confiance qu'on a en lui, et ce dernier fait de même en retour. (Une amitié d'étape 3 peut même être plus « puissante » qu'une relation amoureuse!)

Un des plus gros reproches que je fais aux idées populaires, quand on parle de relations, est qu'on place souvent l'amitié sous la romance ou la famille, alors que c'est complètement erroné.

À la question, l'amour est-il un choix ou un sentiment? L'amitié (qui est une forme d'amour) répond: un choix, à 100%.

Une amitié solide se base sur une série de choix faits par les deux partis, car elle n'est pas restreinte. « Je n'ai pas besoin de rester avec toi, car tu ne m'attires aucunement (d'une manière physique/sexuelle), et je ne dois rien, car je n'ai aucun lien généalogique avec toi. Je reste cependant avec toi parce que je l'ai choisi. »

Par contre, faites tout de même attention, car des sentiments comme le besoin d'être accepté ou le fait de placer son ami sur un piédestal peut facilement transformer une amitié en relation malsaine (ça arrive surtout à l'adolescence).

La perte d'un ami peut d'ailleurs faire encore plus mal qu'une rupture amoureuse, surtout si cet ami faisait partie de son cercle le plus rapproché. La phrase « c'est juste un ami » ne fait que réduire la valeur de l'amitié.