Aquarelle

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Le silence endormi au creux d'un cœur glacé
Dessine encore l'avion qui voltige dans l'air,
Pétrifié sur la toile, sa liberté broyée,
Son battement d'un trait a figé la matière.

Et l'aviateur au loin naît d'un coup de crayon,
Qui trace les montages, s'élevant dans la neige,
Semblant toucher le ciel à portée de leurs monts
Pour lui dire à l'oreille l'étrange sortilège.

Il sait qu'il va mourir parmi cette blancheur,
Que ses ailes à jamais crèveront les nuages,
Mais il poursuit son vol dans l'infinie froideur
Car les sommets garderont secret son visage.

Durant quelques secondes, il devient immortel,
Fragments d'éternité du mystère hivernal
Que garde le peintre, mais, d'un mouvement rebelle,
Il crie au monde entier cette vie infernale...

Tandis que le tableau s'efface dans ses yeux,
Pareil à l'aviateur, qui au bord de la mort
Fait s'envoler l'oiseau en un ultime adieu,
L'artiste disparaît dans son propre décor.

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