Femme dentelle

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Ah qu'elle est jolie ma femme dentelle !
C'est elle qu'on peut voir, de ses doigts cigarettes,
Arpenter le soir entre ses mains fluettes
Les lacets liés de ses pensées muettes.

Elle paraît bien frêle, ma femme dentelle,
Si fine qu'on a peur de la briser en deux,
Car on pourrait compter le nombre de ses creux
Et savoir au travers, le mal qui coule d'eux.

Oui elle est vraiment belle ma femme dentelle,
Quand l'ombre la traverse, on ne peut que trembler,
Se perdre dans ses yeux par où l'on croit rêver
De caresser ses poignets tout effilochés.

Même qu'elle boit le jour ma femme rebelle
Qu'elle boit le manque d'amour, d'elle-même,
Elle n'est pas faite pour ce monde qu'elle blasphème
Et traverse sans voir de son teint blême.

Pourquoi me laisse-t-elle, ma femme infidèle,
En faisant battre son cœur d'alcool à bas prix,
Préfère une prison d'ivresse à la vie
Et à moi, la pieuvre noire de son esprit ?

Un jour elle s'en ira, ma femme porcelaine...
Je le sais, je le vois, et parfois je le sens,
Sang sur sur corps, alcool dans son sang,
Sans que je ne puisse rien faire à présent.

Ah qu'elle était jolie ma femme dentelle !
C'est elle qu'on voyait, de ses doigts cigarettes,
Arpenter le soir entre ses mains fluettes
Les lacets déliés de ses pensées muettes.

PoésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant