Si l'enfer devait s'habiller, ce serait d'elle,
Pourtant nous lui dédions tous nos plus beaux poèmes,
Intrigante couleur, déconcertant dilemme
Qui fait briller nos yeux de sa pourpre étincelle.Elle est amour, passion, drape des Roméos,
Accompagne Tristan rechercher Eurydice,
Ramène à Virginie un intrépide Ulysse
Et Orphée se retourne pour voir Cyrano.Éros et Thanatos ont d'un même visage
Le vermillon aux joues, le glaive rouge en proue,
Et du souffle de vie chacun des deux se joue,
Pour offrir aux mortels un éternel clivage.Symbole de pouvoir, robe de Cardinal,
Carnation impériale, elle élève les foules,
Décide de leur sort, que le sang qui s'écoule
Déplace les armées et tout leur arsenal!Elle poudre de corps les terrains de bataille,
Mais où gisaient soldats, où frappaient les obus,
Où des cratères rouilles enterraient les battus,
Où les hommes perdus mourraient dans la grisaille,Des coquelicots sauvages aux robes vermeilles
S'élançant de la terre, insolents d'innocence,
Disséminent les champs de fragiles faïences
Qui dévoilent pétales et brins verts au soleil.Théâtre de la vie, reflet de nos éclats,
Partout nous entourant de son troublant velours,
Le rideau qui se lève ou tombe pour toujours,
Sur la scène finale, s'est paré de grenat.