T R O I S

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Je me revois encore observer cette fleur blanche voleter dans le ciel plus très bleu. Elle tournoyait à travers les nuages comme un petit avion en papier. C'était beau à voir, mais la signification l'était beaucoup moins. Ton visage était fermé et tu ne regardais même pas ta rose.

Elle était seule, là haut, dans ce lieu infini. Peut être même était-elle en danger parmi les turbulences qui régnait dans cet endroit peu agréable quand on n'y est pas conviée. Tu l'avais envoyé dans les cieux sans une once de culpabilité. Comme t'étais juste remplie d'acide qui te consumait petit à petit comme un drôle de mauvais poison t'arrivais plus trop à réfléchir.

Je me souviens de tes yeux vides, sans aucune étoiles, qui avaient fixé le ciel, sans petites étincelles, lui aussi. A travers tes prunelles bleues je voyais ton  cœur qui luttait vainement pour battre. Il était assailli de milliards de minuscules particules qui forçaient ses barrières. En fait c'était plus des morceaux de mon cœur couvert d'hématomes qu'autre chose.

Je crois qu'on menait un peu une relation toxique. Lorsque nos bouches se touchaient on se transmettait chacun notre propre poison. On avalait les substances néfastes que l'autre rejetait. À force de trop s'aimer on ne faisait que se détruire. Et chaque rose que tu donnais au ciel en était la preuve.

Notre amour avait un goût amer qui laissait des traces dans nos bouches et nos cœurs. Nos câlins ressemblaient à des emprisonnement pour se garder près de l'autre. On était notre propre prison aux barreaux tordus maintes et maintes fois. Mais, jamais ni toi ni moi n'avons réussi à rester hors de la cellule plus de quelques heures. L'attirance toxique était plus forte, sûrement le côté dangereux qui nous appelait.

Nos sentiments te faisaient balancer des roses à tout va, et le pauvre ciel les engloutissait toutes. Il avait sûrement besoin d'être rassasié par une jolie fille comme toi. Je ne crois pas qu'il en est recraché ne serait-ce qu'une. Il les conservait toutes, là où le vent les apportait. Elles servaient certainement à camoufler les plaies qui habillaient son grand corps sans fin. Peut même que notre amour aidait le grand bleu du ciel à se réparer.

J'espérais qu'au moins il y avait quelque chose de positif dans cet amour tellement amoureux qu'il en devenait autant meurtrier que meurtri.

Les roses du ciel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant