Assis sur ma terrasse, cela faisait une heure que je regardais le ciel changer du noir au bleu avec un café noir. Finis la nuit, place désormais au soleil et à ses premiers éclats. L'insomnie qui me hantait avait refait surface. Apparu il y a sept ans, il ne faisait que venir, partir et revenir. J'en étais tellement habitué que mes proches ne le remarquaient même plus lorsque j'étais en manque de sommeil. Pas qu'ils soient très préoccupés par ma santé de toute façon. A la place de tourner en rond dans ma chambre, j'aimais venir ici. Mon petit coin de paradis. C'était derrière la maison, entre les arbres que ma mère avait fait plantés dans sa phase "soyons riches mais préservons la planète" et le cabanon de mon frère qui lui servait de débarras. J'y avais installé une table, quelques chaises et un transat avec une bâche par dessus les pins pour me protéger de la pluie et me voila content. Bien loin de l'obsession passagère de ma mère, j'aimais vraiment être à l'extérieur et profiter de la terre, l'air frais et la végétation. Quand j'avais un moment rien que pour moi, je venais et laissais passé le temps. Cela faisait tellement de bien. Mon carnet devant les yeux, je relisais sans cesse les mêmes phrases que j'y avais inscrites. Je n'avais rien réécris dessus depuis longtemps mais mon écriture du passé restaient comme inconnu à ma propre personne. Depuis l'âge de quinze ans, j'avais décidé de noter tout ce que je savais sur Mia Hallen. En partant de mes premiers souvenirs d'elle lorsque nous jouions au bac é sable ensemble à ces dernières années où je n'osais même plus 3lui faire face. A chaque fois que cela se produisait, et ce depuis son mutisme, je ne pouvais réprimer mes crises. Mon coeur s'emballait, mes mains devenaient moites, ma respiration s'accéléraient et j'avais toujours de plus en plus de peine à me sentir à l'aise dans mes propres vêtements, comme si j'allais m'étouffer. Quand j'avais essayé d'en parler à mes proches, au début, ils me prenaient soit pour un fou soit pour un amoureux transit. J'espérais que le premier soit faux, mais je savais au plus profond de moi même que le deuxième était faux. Ce n'était pas un sentiment agréable que je ressentais alors. Parfois même, en croisant le regard de Mia, ma vue se brouillait et je me sentais divaguer, vidé de essence. Souvent, je tournais de l'oeil et ne reprenait connaissance qu'après quelques minutes. Soixante secondes peuvent paraître futiles, mais, inconscient, je ne pouvais me persuader que ce n'était pas grand chose. J'avais bien tenté les psychothérapies, les séances d'hypnose ou toutes sortes de rituels plus étranges les uns que les autres mais rien n'avait amélioré mon état. C'était sans équivoque. A chaque fois que j'apercevais Mia Hallen depuis qu'elle s'était tut, je perdais la tête. Plus je cherchais à trouver des réponses, plus je me retrouvais face à un mur. Et cela me rongeait de ne pas savoir pourquoi. Nous n'avions jamais été vraiment très proches et n'avons jamais été liés par quoi que ce soit. Alors pourquoi son état avait changé le mien? Je n'en savais rien. Mais j'étais sûr d'une seule chose: il fallait que je trouve ce qui s'était passé pendant ce quatorzième anniversaire. Comment y parvenir? Cela restait encore à déterminer.
A force de réfléchir, je perdais toute ma matinée. Je terminai de boire et rentrai chez moi. Je pris mon sac et regardai mon téléphone. J'avais reçu un message de Ryan: «Eloïse te cherche partout depuis ce matin et jure qu'elle te fera la peau. Pas besoin de venir aujourd'hui. Je t'enverrai mes notes de cours. »
Génial. Comme si j'avais besoin d'une folle furieuse dans ma vie. Je lui répondis: « T'en fais pas, je vais pas me cacher. Je viendrai pour le deuxième cours ». De toute façon, il était déjà trop tard pour le premier. Je descendis des escaliers et entendis que mon frère était dans sa chambre. Il devait être endormi. J'ouvris la porte et le vis étendu dans son lit. Je refermai la porte et demandai à une femme de chambre de le réveiller lorsque je serai parti. Il devait de toute manière aller travailler. En passant par la cuisine, je pris une tranche de pain et sorti. Je montai dans ma voiture et jetai un coup d'œil à mes voisins. Le vélo de Mia était toujours contre le garage. Je ne réfléchis pas plus que cela et pris la direction de l'université. Je n'avais pas envie de m'attarder dessus.
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Insondable
Misterio / SuspensoSaint-Harne était une petite ville sans grands problèmes. Les mystères n'y avaient pas leur place avant son arrivée. Mia Hallen était connue de tous mais personne ne savait qui elle était réellement. Les petits méfaits de la vie quotidienne, aussi n...