Prologue

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18 juillet 2015

La pluie tombe à verse sur San Francisco, le ciel de la ville embrumée gronde et s'illumine par intermittence, faisant parcourir mon corps d'incontrôlables frissons. L'orage est au-dessus de nos têtes et rend cette journée encore plus sombre et triste qu'elle ne l'est déjà.

Ma main s'est glissée dans celle de ma mère et je sens une légère pression au fur et à mesure de notre avancée sur ce chemin lugubre et funèbre. Un chemin où il ne sera plus, parce que nos routes se sont séparées il y a trois jours de ça, et qu'aujourd'hui, nous allons devoir apprendre à continuer sans lui à nos côtés. Il était un ami, un frère, un fils, mais il était avant tout, la personne qui savait me faire sourire, qui donnait un sens à mon existence. Et malgré la peine immense que je ressens, le trou béant que sa disparition laisse dans mon cœur, je ne pleure pas, je n'en suis plus capable. J'ai passé ces dernières soixante-douze heures à laisser les larmes couler, à me repasser en boucle la scène, à me demander comment j'aurais pu empêcher ça...

Et si tout était de ma faute ?

Les yeux vides, le regard vitreux, je viens déposer une rose blanche sur le bois lisse du cercueil. Une rose pour l'amour. Blanche pour la couleur des ailes d'un ange. « Je suis désolée... » Ma voix n'est qu'un lointain murmure, emportée par le souffle du vent. La bile me monte à la gorge, m'obligeant à m'éloigner pour rejoindre mes parents qui s'empressent de m'encercler de leurs bras protecteurs.

Les obsèques se poursuivent, mais le monde qui m'entoure n'est plus qu'un brouhaha incessant, qu'un ensemble de visages striés par la douleur et la peine. Puis il y a cette petite lueur de traîtrise qui illumine les pupilles de ceux que je considérais encore comme mes amis. Je sais ce qu'ils pensent, ce qu'ils me reprochent. Je suis la seule et unique responsable de sa mort. Je suis la coupable parfaite.

Et si je l'avais tué ?
Est-ce que je m'en souviendrais ?

Le ciel exprime de nouveau sa colère et son désespoir. À moins que ce soit le mien.

Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant