Chapitre 2

39 9 4
                                    

La dernière heure de cours de cette première journée était arrivée, toutes mes chances avait été épuisée sauf celle-ci et même si j'étais un peu déçue, je gardais secrètement espoir.

Cléo et Jules s'étaient assis au troisième rang alors que je prenais place au deuxième.
Je sortais ma trousse et une feuille de papier quand une voix s'est élevée dans ma direction.

- Ça te dérange si je m'assois ici ?

En relevant la tête, mes yeux se sont écarquillés en voyant ce regard vert que j'avais si désespérément chercher à croiser aujourd'hui.
Il accompagnait sa demande d'un large sourire.

- No, non, bégayais-je. Vas y, la..la place est libre.
- Je m'appelles Tom, enchanté, dit-il en ayant toujours ce si beau sourire sur son visage.
- Euh.. je.. moi c'est Morgane.

Alors qu'il baissait la tête vers son sac, je me retournais vers mes amis en souriant ridiculement, ils étaient en train de mimer des applaudissements en rigolant discrètement. Au fond de moi, je savais qu'ils étaient heureux.

J'avais attendu ce moment toute la journée, je m'étais inventé des dizaines de scénario et maintenant que cet instant était enfin là, je ne savais plus où me mettre, ni quoi faire ou dire. Alors je me suis faite toute petite, ai pris ma plume et ai suivi le cours.

Après une quinzaine de minutes j'ai senti son regard sur moi, alors j'ai tourné la tête timidement.

- Toi non plus, tu n'es pas douée pour engager une discussion ? demanda-t-il pour détendre l'atmosphère.
- Pas vraiment, dis-je en souriant.

Je savais que ma réponse n'aiderait pas, mais par chance il a pris les devants.

- Tu as quel âge ?
- 17 ans et toi ?
- 18 ans, j'ai redoublé ma première, erreur de filière, j'avais choisi S SI, mais finalement je n'étais pas assez doué alors j'ai préféré l'option SVT. Et c'est une bonne chose car sinon on ne serait pas en train de parler.
- Alors tu avais envie de me parler ? chuchotais-je en essayant de contenir ma joie.
- Bien sûr, ça fait toujours plaisir de discuter avec une jolie fille.

Une jolie fille ? Mes yeux se sont ouverts en grand, c'était bien la première fois que j'entendais ça. Je ne m'étais jamais considérée comme tel, à mes yeux j'avais un physique banale, des yeux noisette qui tiraient plus sur le marron que sur le vert, de longs cheveux châtains, une peau pas assez lisse à mon goût, que je cachais derrière un peu de fond de teint, une silhouette mince, peut être un peu trop, une poitrine si petite qui me faisait terriblement complexée. Je cachais généralement mon manque d'assurance par une paire de talons hauts, mais malheureusement cela m'avait apporté plus d'ennuis qu'autre chose car de nombreuses rumeurs avait fusées à mon égard, mais je ne pouvais me résoudre à les enlever.

- Ça te gêne que je dise ça ? dit-il pour me sortir de mes pensées.
- Euh non... C'est juste que je n'ai pas l'habitude...
- Ah bon ? On ne t'a jamais dit que tu es belle ?
- Si, enfin mes parents ou mes amis, mais jamais un garçon.
- Alors je suis heureux d'être le premier. Mais ça veut dire que tu n'as jamais eu de copain ?
- Non jamais, dis-je en baissant les yeux honteuse.
- Oh...

Que pouvait-il répondre à ça... Je savais que je n'aurais jamais dû dire ça, j'avais plombé l'ambiance et sûrement ruiné toutes mes chances.

L'heure de cours s'est finit dans le silence.
Quand la sonnerie a retenti, je rangeais mes affaires quand il s'est adressé à moi une nouvelle fois.

- Dit, euh... est ce que ça te dérangerait qu'on échange nos Facebook ? Pour discuter par exemple. Je suis désolé si je t'ai mise mal à l'aise tout à l'heure.
- Non, enfin oui. Mais ne t'excuse pas, c'est moi, j'aurais du me taire.
- Non surtout pas, j'aime bien t'entendre parler.

Ma timidité a soudain refait surface, mais je la chassais en essayant de sourire. Il m'a pris mon portable des mains, a ouvert l'application, tapé son nom dans la barre de recherche et appuyé sur ajouter.
Il m'a rendu mon portable, a attrapé son sac, et a commencé à s'éloigner.
Après avoir fait quelques pas, il s'est retourné vers moi et m'a glissé « Peut être à ce soir. ».

Il a accompagné sa phrase d'un clin d'œil qui m'a fait fondre.

Ce jour où ma vie a basculée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant