Chapitre 3

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Ce soir là, j'ai couru jusqu'au bus. Je n'avais qu'une hâte, arriver le plus vite possible chez moi. J'ai passé tout le trajet à regarder mon portable, attendant désespérément une notification ou un message de sa part, au point d'en avoir épuisé ma batterie avant d'arriver.
À peine le bus s'était-il arrêté devant mon arrêt que j'en sortais aussi vite que possible, et que je filais au petit galop jusque chez moi.
J'ai sauté le portail, attrapé les clés dans mon sac, déverrouillé la porte et ai longé le couloir pour rejoindre ma chambre. Après avoir balancé ma besace au pied de mon lit, je me suis affalée sur celui-ci et ai branché mon téléphone en quelques secondes. Le temps qu'il se rallume m'a parût être une éternité. J'ai alors tapoté l'écran, comme si cela allait accélérer la manœuvre.

« Vous avez une notification Facebook »

Mon portable s'était enfin allumé. Après l'avoir déverrouillé, j'ai ouvert l'application.

« Tom Ridley a accepté votre demande d'ajout. »

Un hurlement de joie m'a échappé en lisant cette nouvelle. J'étais sur un petit nuage, cette journée était de plus en plus belle mais également si surprenante.
En me levant ce matin, je n'avais pas songé que quelque chose dans ce genre pouvait se produire. Je m'étais dit que ce serait une rentrée comme une autre, aucune probabilité d'être dans la classe de mon meilleur ami, des camarades populaires qui ne poseraient même pas un regard sur moi. Bref une rentrée comme j'en avais toujours connue.
Mais par chance m'a première crainte ne s'était pas produit, j'allais passer une nouvelle année avec Jules, j'avais noué une nouvelle amitié avec Cléo et en plus l'irrésistible Tom était rentré dans ma vie. Je ne pouvais rien demander de plus.

Mes yeux étaient rivés sur mon écran depuis un quart d'heure, j'avais accepté sa demande et je n'arrêtais pas de me demander si c'était à moi de faire le premier pas en lui envoyant un message ou si je devais attendre le sien.

Une nouvelle demi-heure s'était écoulée. Peut-être m'étais-je fais des films, après tout il l'avait dit lui-même, « Peut-être à tout à l'heure », si ça se trouve j'attendais sûrement un message qui n'allais pas arriver.
Autant m'occuper l'esprit.
J'attrapais la télécommande de ma télé et l'allumais, je passais sur la chaîne musique et chantonnais en rythme, « Je serai là » de Slimane, j'adorais cette chanson, au point de la connaître par cœur.

Mon portable vibra derrière moi, je me retournais d'un coup et l'attrapais en manquant de peu de l'envoyer valser contre le mur.

« Tom Ridley vous a envoyé un message. »

- Alors tu es bien rentrée ?
- Plutôt bien, le trajet en bus m'a paru durer une éternité. Et toi ?
- Comme d'hab, mon quart d'heure de marche et j'ai enfin pu m'affaler sur le canapé.
- Tu habites à côté du lycée ?
- Juste de l'autre côté de la gare, ça parait loin mais pas tellement en vrai.
- La chance, j'ai vingt minutes de bus matin et soir.
- Au moins tu es au chaud l'hiver.

Il n'a pas tord, sa remarque m'avait arraché un ricanement.
La conversation a continué sur des banalités pendant presque une demi-heure, mais même si elle n'avait rien d'interessant, j'apprenais doucement à le connaître et cela me réjouissait, en plus il était autant adorable par message qu'en vrai.
Je n'en revenais pas de la chance que j'avais. Je sentais des papillons virevolter dans mon estomac, un sourire était accroché à mes lèvres et je rigolais toute seule dans ma chambre à chacun de ses messages.
Le vibreur de mon portable a résonné une nouvelle fois.

- J'aime bien parler avec toi ! Je peux te demander quelque chose ?
- Bien sûr vas-y.

Qu'allait-il bien pouvoir me demander. Pourvu que ce ne soit rien de bizarre, rien de trop personnel. Je n'étais pas à l'aise quand il s'agissait de parler de moi, de ma vie privée. Je la trouvais ennuyeuse, inintéressante, je n'avais rien vécu de particulièrement réjouissant, mes parents s'étaient séparés quand j'avais 4 ans, ma relation avec mon frère était tumultueuse, ma belle-mère avait à de nombreuses reprises essayé de me frapper, je ne m'entendais pas vraiment bien avec ses deux enfants, l'entente avec ma mère était catastrophique à cause de nos deux forts caractères, et j'avais perdu bon nombre d'amis. La seule personne avec qui j'avais une relation exemplaire était mon père.
Mon portable vibrait à nouveau.

- Est-ce que ça te dirait qu'on mange ensemble demain ? Si tu ne veux pas c'est pas grave je comprend.
- Bien sûr avec plaisir.

Je n'en revenais pas, il voulait passer un moment seul avec moi, je ne pouvais refuser tellement j'étais heureuse.
La conversation s'éternisa jusqu'à tard dans la nuit.
Nous étions jeudi soir, et lorsque j'ai éteint la lumière, de beaux rêves m'ont fait passer une aussi belle nuit que cette journée.

Ce jour où ma vie a basculée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant