Ce jour où ma vie a basculée.

Chapitre 5

« On y va » lui ai-je répondu.

Il m'a sourit et nous sommes parti en direction du self. J'avais envie de lui dire tant de choses mais je ne savais pas par où commencer, ni quoi dire sans pour autant en dire trop et tout ruiner.
Alors on marcha en silence, en se regardant de temps en temps. Nous étions autant stressé l'un que l'autre par ce repas. Pourtant ce n'était pas grand chose, nous mangions tous et cela tous les jours. Mais ce n'était pas un jour comme les autres, c'était notre journée, notre moment privilégié. Et personne ne pourrait nous retirer ça.

Alors que nous arrivions vers la file d'attente, sa main a effleuré la mienne et mon visage s'est empourpré. J'ai soudain eu envie d'entrelacer mes doigts avec les siens mais je me suis retenue, c'était bien trop tôt. Nous n'en n'étions pas à ce stade de la relation, il était encore lui et j'étais encore moi, nous n'étions tout simplement pas encore un nous.

- Tu as faim ? M'a-t-il demandé.
- Je meurs de faim tu veux dire !!
- Pourtant tu as grignoté toute la matinée, tu n'es pas très discrète il faut dire.

Un ricanement m'a échappé, j'avais toujours été comme ça, constamment la main dans un paquet de chips, de gâteaux ou de bonbons, j'avais toujours cette envie de manger quelque chose et sur ça il n'avait pas tord, ce qui est sûr c'est que je n'étais pas discrète du tout.
Il faut dire que pour glisser sa main sans faire de bruit dans un sachet de chips, il fallait vraiment être très doué et ce n'était visiblement pas mon cas.

- En tout cas les frites me font très envie.
- Un vendredi au lycée, sûrement le meilleur jour de la semaine. Frites et gaufres, que demander de plus.
- Le week-end ?
- Soit patient, plus que quelques heures et à nous la liberté.

Nous étions vendredi, et l'après midi, notre emploi du temps affichait philosophie, 2 heures en classe entière et une heure en groupe. L'après midi s'annonçait donc très longue et très très ennuyante.

- Si tu veux, on peut peut être s'asseoir à côté pendant ce cours là aussi ? M'a-t-il proposé.
- Avec plaisir, comme ça les heures de cours seront peut-être plus agréable.
- Comme tu dis, si il y a bien une matière que je n'avais pas envie de découvrir, c'est celle-ci.

La philosophie, que dire, c'était vrai que ça ne faisait pas très envie. Mais savoir que j'allais passer les 3 prochaines heures avec lui me faisait sourire. C'était une belle journée, qui avait déjà bien commencer et qui allait sûrement se finir d'une belle manière. On venait d'arriver au bout de la file d'attente, je saisis un plateau et longea la ligne de service du self. Les frites étaient accompagnées d'un steak cuit à point qui ne me faisait pas vraiment envie. J'attrapais l'assiette que me tendait la cantinière et la posais sur mon plateau, je continuais d'avancer vers les desserts, j'ai saisie un yaourt nature avec un sachet de sucre puis j'ai pris ma gaufre. Je venais de finir de me servir et Tom arrivait juste après moi. Il a regardé la salle d'un bout à l'autre et m'a proposé d'aller m'asseoir sur une table de deux tout au fond. Bon choix, au moins nous allions être tranquille.
On s'est assis l'un en face de l'autre et il a engagé la conversation.

- Je me demandais, tu fais quoi mercredi dans l'après midi ?
- Ah, eh bien je me suis inscrite au club théâtre, depuis que je suis arrivée il y a deux ans, j'ai toujours eu envie de le faire mais j'avais toujours une contrainte qui m'en empêchait. La danse ou mon père qui ne pouvait pas venir me chercher.
- Et tu ne fais plus de danse cette année ?
- Si bien sûr, mais j'ai changé d'école et de style, c'est le jeudi soir maintenant alors j'ai mon mercredi de libre. Pourquoi tu me demandais ça ?
- Oh j'aurais aimé passer l'après midi avec toi, mais on trouvera bien un moment.
- Bien sûr avec plaisir.

On a tous les deux attrapé nos couverts et nous avons commencé à manger en silence. Il fallait que je trouve quelque chose pour relancer la conversation.

- Et sinon, tu fais du sport toi aussi ?
- Oui, j'ai entraiment de foot le mercredi et vendredi soir, et match le dimanche.
- Eh beh, au moins tu te dépenses dans la semaine. Tu joues à quel poste ?
- Je suis attaquant. Tu aimes le foot ?
- Ah vrai dire, pas du tout.

Ma réponse l'avait fait rire. Mais j'avais toujours trouvé ce sport assez stupide, courir après un ballon, je ne trouvais pas ça très passionnant. J'avais toujours préféré les sports individuels.

- Et sinon, tu as dit que tu avais changé de style de danse, tu fais quoi maintenant ?
- J'ai décidé d'essayer le ragga. L'année dernière je faisais du hip-hop et les deux années d'avants j'avais essayé le modern jazz.
- Oh c'est cool et tu as toujours fait de la danse ?
- En fait non, j'ai fait 7 années de gym dont 6 ans en compétition mais je n'étais pas très douée. Et puis je suis partie sur une année de GRS combinée à de l'équitation et je suis enfin arrivée à la danse. J'en avais fait 2 quand j'étais toute jeune, mes 4 et 5 ans je crois, et ça me manquait. Mais je sais qu'un jour je reprendrais la gym.

On a continué à discuter pendant tout le repas, nous passions un merveilleux moment, en apprenant à se connaître l'un l'autre.
C'était vraiment quelqu'un de merveilleux.
Lorsque l'on eu finit de manger, on a décidé d'aller s'asseoir sur un banc pour les quelques minutes qui nous restait.