Cela fait 8 minutes et 24 secondes que ma mère est sortie du parking. J'ai la fâcheuse habitude de compter a rebours les événements. Je ne parle pas, a son habitude, ma mère mets de la musique, ce qui veut sûrement dire qu'elle veut que je lui parle, que je lui dise que tout va bien, que je la rassure, mais je n'en ai pas envie. Je regarde les arbres et les habitations défiler devant la vitre de la voiture de ma mère. Parfois, quand j'arrive a percevoir le visage des gens dans leur voiture, je les imagine, rentrer dans leur maison, s'assoir sur le canapé, demander a leur compagnon ce qu'ils mangent le soir, sûrement des...
Je me tourne, ma mère me regarde de travers.
Tu ne m'a pas entendue je suppose ?Combien de temps s'est-il écoulé entre le moment ou son cerveau a émit la commande de faire vibrer ses cordes vocales pour émettre la phrase fatidique et ce moment là ?
La jeune femme passa une main dans ses cheveux comme pour en déplacer une mèche. Sauf qu'il n'y en avait pas.Tu m'épuises Élie !
Je viens de te dire que, avec ton père, on va aller a une manifestation homophobe. Tu viendras avec nous n'est-ce pas? Faut pas soutenir cette cause quand même ! Ou va le monde ? On doit montrer qu'on est une famille, un vraie ! Tu imagines toi ? Un enfant avec deux pères ou deux mères ? C'est pas un exemple ça !
Je fait non de la tête avec un signe de dégout. Une larme commence a se nicher au creux de mon œil. C'est elle qui n'est pas un exemple.
D'après eux, le mariage pour tous est un vrai scandale, une mesure démagogique qui va détruire la société toute entière. Je me demande bien comment, mais je ne suis pas le mieux placé pour en parler en ce moment. Alors je me tais.Je viendrais .
Elle me réponds par un hochement de tête.
Je la regarde, ses cheveux teints en noir sont attachés en une queue de cheval. Ses joues ont rosies a cause de la chaleur, je regarde son nez, busqué. Ses lèvres sont gercées, elle n'est pas du style a prendre soin d'elle.
Le reste du trajet se fit en silence.Nous arrivons enfin a la maison, je jette mon sac dans le coin de l'escalier et enlève mes chaussures.
Je me stoppe devant le miroir.
Je me trouve laid, mon visage acnéique a rougit, mes cheveux bruns sont en pagaille sur ma tête, mes yeux, marrons aussi sont soulignés par de grosses cernes, je me contemple. Je me demande si, si j'avais été quelqu'un d'autre, ça aurait été plus facile.
Je monte les escaliers quatre a quatre pour m'enfermer dans ma chambre.
Larmes coulent, je me jette sur mon lit, sur mon oreiller, je hurle, je crie, dans l'oreiller pour étouffer ma tristesse.
6h25, je finis par m'endormir dans mes larmes.Une main me secoue, c'est mon père.
Salut mon fils ! T'a faim ? On va manger, en plus c'est pizza aujourd'hui !Il s'en va en claquant la porte, histoire de bien me réveiller et crie depuis l'escalier, Si tu te dépêches pas y'en aura plus ! Hehe Tu m'connais !
Je suis descendu 3 minutes 42 plus tard, ils m'attendaient .
Mon regard se perds sur le papier peint saumon de la salle a manger. Mes mains redeviennent moites mais je ne ressens pas le besoin de les essuyer sur mon pantalon.
Je m'assois sur la chaise en chêne au bout de la table, entre eux deux.Du coup, la manif commence samedi, on est jeudi. Tu viens Élie ?
Mon pèree regarde avec espoir. Ils me dégoûtent, et ils pensent vraiment soutenir une cause la ! Je n'ai même pas la tête a me battre, alors je réponds simplement.
Euh.. Oui.
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ainsi soit-il
Jugendliteratur⚠ attention ! Ceci est une oeuvre de fiction, les personnages sont totalement fictifs et l'histoire n'est pas le reflet de ma vie ou de ma propre expérience de l'adolescence. Sur ce, bonne lecture 🙃. Résumé: Que faire quand ceux qui vous ont élevés...