Chapitre 3: La soirée

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    Cette semaine à la maison ne fut pas des plus déplaisantes. J'ai pu me reposer et jouer aux jeux vidéos quasiment tous les jours. Chaque soir, je recevais un message d'Alice pour savoir comment j'allais, et pour me donner tous les cours de la journée. Elle me racontait aussi les ragots du lycée, bien que je me fichais de savoir que Jonathan s'était fait prendre en train d'embrasser une prof, ou que Carla et Sabrina s'étaient battues dans la cour pour une histoire de petit ami. Mais bon, cela semblait lui plaire de se confier à quelqu'un alors je faisais mine de m'y intéresser un minimum. Alice était vraiment une personne adorable, et je trouvais cela étrange qu'elle ne semble pas avoir d'autre ami que moi. Enfin, si on pouvait se considérer comme "amis". 


    Le lundi suivant, ma sanction étant finie, je du me lever et retourner dans cette jungle. J'y allais donc à pied, mon sac pesant pas loin d'une tonne me faisant mal au dos. En arrivant, je vis immédiatement Alice qui semblait m'attendre, puisque dès qu'elle m'aperçut, elle courut vers moi pour me prendre dans ses bras. Je n'étais pas réellement habitué à tant d'affection, surtout avec une personne que je connaissais si peu, mais je m'efforçai de lui rendre son étreinte. Et comme je m'y attendais, elle ne fut pas longue à entamer la conversation. Cette fille adorait parler, et comme ce n'était pas réellement mon fort, je ne m'en plaignais pas puisqu'elle suffisait à faire la conversation pour nous deux. Je n'écoutais pas réellement, observant surtout les élèves autour. Certains m'observaient étrangement. Je ne saurais dire si c'était de la pitié ou de la méchanceté, peut-être un mélange des deux. Mais la plupart étaient totalement indifférents. Ces personnes qui, il y a une semaine, tentaient de me faire vivre un enfer semblaient avoir totalement oublié qui j'étais, ou alors n'en avoir simplement rien à faire. Cela me plaisait bien, je n'allais plus être la victime de leurs coups bas au moins, cependant, cette faculté à oublier aussi vite, à passer à autre chose, m'impressionnait et me faisait peur. Si on leur apprenait le massacre de leur famille, oublieraient-ils cette nouvelle aussi vite? Bien sûr que non. Mais le fait d'avoir participé au harcèlement d'un gars quelconque, ça, ça ne leur faisait ni chaud ni froid. L'humain est un être si détestable....


    J'avais cessé d'écouter Alice, perdu dans mes pensées, et celle-ci me donna un coup dans le bras pour me rappeler à l'ordre. Je soufflai du nez en frottant mon membre endolori et la regardai, m'excusant vaguement. Elle soupira alors, mi amusée mi agacée, et me répéta ce qu'elle venait de me dire. Un élève du lycée organisait une fête le lendemain soir, et elle voulait qu'on y aille ensemble. Je la regardai, me demandant si elle se moquait de moi, avant de rire légèrement, mais pas d'un rire joyeux, bien au contraire. 

"Alice, dois-je te rappeler de ce qui s'est passé il y a une semaine? Tu crois vraiment que ce gars va accepter une "pédale" dans sa soirée? Tu crois que j'ai ma place dans ce genre d'endroit?

-Mais Ash! Justement, si tu y vas et que tu fais bonne impression, tu remonteras dans l'estime des gens et ils ne t'emmerderont plus!

-J'en ai rien à faire de ma place dans l'estime des gens Alice, mais merci de te soucier de moi. Après, si tu veux tant y aller, t'as qu'à trouver quelqu'un d'autre. Moi, c'est non.

-Je tu jure qu'on pourra s'amuser! Fais au moins un effort, viens et si vraiment tu te sens pas à l'aise on s'en ira, promis.

-De toute façon, est-ce que j'ai vraiment le choix avec toi?

-Non! me répondit-elle, un immense sourire fier aux lèvres."


    Je levai les yeux au ciel en souriant, m'avouant vaincu, et acceptai donc sa proposition. Nous nous rendîmes ensuite en classe, puisque la sonnerie venait de retentir. En arrivant, je remarquai immédiatement mademoiselle rose bonbon, debout devant notre salle, discutant avec ses amis. L'un d'eux lui fit un signe, lui indiquant que j'arrivais, et quand elle se retourna, elle me lança un regard noir. Si ses yeux étaient des mitraillettes, je serais actuellement un gruyère ambulant. Au vu du grand pansement couvrant son nez, je devinai que je le lui avais effectivement cassé. Et étrangement, cette pensée me réjouit. Jamais je n'avais été violent avec qui que ce soit, jamais je n'avais souhaité de mal à quelqu'un, mais cette fille, si elle pouvait subir tous les malheurs du monde je ne pourrais que m'en amuser. 

Le Baby-Sitter 2, Le Commencement [En Pause]Where stories live. Discover now