5. Marquée

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Assise à l'une des tables du Circus, je fixai mon verre d'eau pétillante d'un air vide.

— Un vampire, murmurai-je d'une voix blanche. Alexis est un putain de vampire.

Maria me tapota gentiment l'épaule en signe de réconfort.

— C'est pas comme si on t'avait prévenu et que tu nous avais traité de cinglés, persifla Justine.

Je levai les yeux de mon verre et la fusillai du regard.

— C'est bon, Juju, pas la peine d'en rajouter, la sermonna son frère.

Celle-ci leva les yeux au ciel.

— Vous pensez qu'Alexis m'en veut beaucoup ? m'inquiétai-je.

Maria grimaça.

— Bah... Il est un peu du genre rancunier. Et t'as failli le tuer, quand même.

Je laissai échapper un couinement plaintif.

— Génial. Alors c'est la fin.

— Mais non, t'inquiète pas ! tenta de me rassurer Tim. On est là, on te protégera !

Je regardai le groupe d'un air suspicieux.

— Vraiment ?

À ma grande surprise, Justine hocha vigoureusement la tête.

— On te lâchera pas d'une semelle ! Et puis, je suis sûre qu'il aura vite oublié : il est en pleine préparation pour le jeu.

Ses paroles me rassurèrent quelque peu et mes muscles se détendirent légèrement.

— Vous êtes tops ! m'exclamai-je en me levant.

— Tu vas où ?

— Au p'tit coin. Stress et petite vessie ne font pas bon ménage.

Sans attendre leur réponse, je m'éclipsai dans la foule et fonçai jusqu'aux toilettes.

Une fois ma vessie soulagée, je sortis de la cabine et me lavai les mains, perdue dans mes pensées. Même si mes nouveaux amis avaient promis de me protéger, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter. Et cette peur qui me broyait le ventre provenait probablement du fait que je venais de découvrir l'existence des vampires. Des vampires ! Dans mon lycée ! Et on vantait le calme Martini-sur-mer, tu parles !

Je poussai un soupir et jetai un coup d'œil au miroir. J'ouvris la bouche et inspectai mon appareil dentaire pour m'assurer que rien ne s'était coincé dedans depuis la dernière fois. C'était plus une habitude qu'autre chose, puisque je faisais en sorte que personne ne puisse apercevoir mes bagues plus d'une seconde. En effet, j'avais banni le sourire de mon quotidien — chose qui ne s'était pas avérée très compliquée étant donné que je tirais la gueule quatre-vingt-dix pour cent du temps.

— Salut Dani, cingla une voix derrière moi.

Je sursautai dans un cri et me retournai brusquement. Adossé à une porte des toilettes, Alexis me toisait avec un sourire mauvais. Depuis quand était-il là ? Et comment avais-je fait pour ne pas le remarquer plus tôt ?

Je jetai de nouveau un regard au miroir et des frissons me parcoururent l'échine quand je réalisai que celui-ci ne reflétait que moi.

— Les vampires n'ont pas de reflet, murmurai-je pour moi-même.

Le bad boy hocha la tête dans un soupir.

— Effectivement. Tu imagines à quel point c'est dur d'avoir un physique d'Apollon comme le mien et d'être incapable de s'admirer dans une glace ?

Martini-sur-Mer, vampires et autres emmerdesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant