4. Tout feu tout flamme

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Des vampires. Trois jours après la « révélation » de Maria, le mot ne cessait de tourner dans mes pensées. Après avoir affirmé que les triplés étaient des buveurs de sang, elle et ses deux amis avaient tenté de me convaincre qu'ils ne plaisantaient pas. Or il n'y avait que deux choix possibles : soit ils se payaient ma tête, soit ils y croyaient vraiment. L'idée que trois imbéciles comme les frères Boschetti se fassent passer pour des vampires me semblait plausible ; celle de les croire me semblait complètement stupide.

C'est pour cette raison que j'avais décidé de rester un peu à l'écart avant la rentrée, prétextant que j'avais des cartons à déballer quand Maria me proposait de les rejoindre au Circus ou de sortir dans la journée.

Mais maintenant que le premier jour des cours était là, je savais que je ne pourrais plus les éviter. D'un autre côté, je n'étais pas sûre d'en avoir envie. Ils avaient été vraiment sympas avec moi ; il y avait juste cette histoire de qui me mettait mal à l'aise.

Cependant, en ce jour de rentrée, j'avais d'autres préoccupations que ma vie sociale et une bande d'idiot qui se prenaient pour Dracula. Comme, par exemple, le fait de devoir commencer ma journée par une visite chez le CPE. Bien sûr, je savais qu'il ne s'agissait que d'une formalité. Mais, maintenant que j'étais assise à son bureau et que je le voyais grimacer devant mon dossier scolaire, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une pointe d'appréhension.

Après avoir fini de le feuilleter, l'homme passa une main sur son crâne en partie dégarni, comme s'il ne savait pas quoi faire des informations qu'il venait de lire.

— Mademoiselle Pepper, commença-t-il d'un ton grave, il semblerait que vous avez eu quelques ennuis au collège.

Je me mordis la lèvre.

— Ce n'est vraiment pas grand-chose, tentai-je de me défendre en laissant échapper un rire nerveux.

Monsieur Paillard haussa les sourcils, peu convaincu.

— D'après ce que j'ai sous les yeux, vous avez été suspendue plusieurs fois pour avoir frappé des camarades de classes et endommager du mobilier.

— J'ai quelques problèmes à gérer mon agressivité, avouai-je.

Le CPE quitta enfin les yeux du dossier pour me regarder.

— Mademoiselle Pepper, je sais que les adolescents peuvent parfois être énervants. Moi-même il m'arrive quelques fois de vouloir les étrangler pour faire disparaître leur petit air suffisant... (Son regard se perdit dans le vague, comme s'il imaginait la scène, avant de redevenir sérieux.) Mais bien sûr je ne ferai jamais ça, rajouta-t-il en voyant mon air ébahi. Et vous savez pourquoi ?

— Parce que c'est illégal ?

Il claqua dans ses doigts et se redressa brusquement sur sa chaise, me faisant sursauter.

— Exactement ! s'exclama-t-il. Pourquoi risquer d'avoir des ennuis quand on peut se contenter de torturer psychologiquement ?

Je haussai un sourcil, ne sachant pas trop quoi répondre à ça.

— Je... Je tâcherai de m'en souvenir.

Paillard m'adressa un grand sourire et referma mon dossier.

— Parfait ! Je compte sur vous pour ne pas mettre le bazar, mademoiselle Pepper. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me demander.

Je m'apprêtai à me lever de ma chaise quand je me souvins que j'avais en effet une requête.

— Puisque vous en parlez... Je sais que mon dossier dit que mon nom est Ondine mais... j'ai l'habitude que l'on m'appelle Dani et je n'ai pas envie que mon vrai prénom se sache parce que...

Martini-sur-Mer, vampires et autres emmerdesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant