2. Altercation divine

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Une fois rentrée à mon nouveau chez-moi, Fred et ma mère me proposèrent de dîner avec eux et les quelques hôtes dans la salle commune. N'ayant pas particulièrement envie de me retrouver au milieu d'un groupe d'adultes, je déclinai poliment et me contentai de manger seule, ce qui m'allait très bien.

Une fois mon repas terminé, je filai dans ma chambre et entrepris de me maquiller. Je n'étais jamais vraiment sortie faire la fête, et la possibilité d'aller danser un peu me plaisait bien. Un peu stressée, je jetai un coup d'œil à mon reflet afin de m'assurer que j'étais présentable. Mon trait d'eye-liner était impeccable, mon anneau à la narine droite détournait l'attention de mon appareil dentaire et mes lunettes arrivaient plutôt bien à dissimuler mes quelques tâches de rousseurs. Vêtue d'un simple jean, d'une chemise à carreaux ouverte sur un débardeur et de mes éternelles converses blanches, j'étais à peu près sûre d'avoir opté pour une tenue passe-partout.

J'arrangeai une dernière fois mes cheveux avant d'attraper mon sac et de sortir de l'appartement. Il était huit heures moins cinq, ce qui signifiait que Maria allait bientôt arriver. J'attendis patiemment devant la maison, jusqu'à ce que je l'aperçoive. Je lui fis un grand signe de la main pour l'inviter à entrer.

— J'ai encore rien dit à ma mère, expliquai-je quand elle fut devant moi.

— Pas de problème, m'assura-t-elle. Va la chercher et je m'occupe du reste.

Je m'exécutai immédiatement et passai la tête dans la grande salle à manger pour faire signe à ma mère de venir. Elle se leva aussitôt qu'elle m'aperçut et vint me rejoindre. Son regard se posa sur Maria et celle-ci n'attendit pas une seconde de plus pour passer à l'attaque :

— Bonjour madame ! Je m'appelle Maria, j'ai croisé votre fille en ville tout à l'heure. C'est rare que des jeunes de mon âge emménage dans le coin ! Mes amis et moi devions nous voir pour faire une soirée film, et j'aurais beaucoup aimé qu'elle vienne avec nous.

Elle avait débité ces paroles à une vitesse impressionnante, prenant tout juste le temps de respirer entre deux phrases. Ma génitrice se gratta la tête, embêtée. Devinant son hésitation, Maria lui afficha son plus beau sourire et enchaîna :

— On aura terminé à minuit max. Les rues ne craignent pas ici, mais si ça peut vous rassurer, on s'arrangera pour qu'elle ne rentre pas toute seule.

Amanda semblait un peu perturbée par la quantité d'informations à digérer, mais elle finit par hocher la tête. Après réflexion, c'était peut-être la perspective d'avoir l'appartement pour Fred et elle toute la soirée qui la décida.

— Eh bien... Pourquoi pas ? (Elle se tourna vers moi.) Appelle-moi si tu as le moindre problème, d'accord ?

J'acquiesçai vivement.

— Promis !

Il ne m'en fallut pas plus pour détaler aux côtés de Maria, de peur que ma mère ne change soudainement d'avis.

— Une soirée film, hein ? dis-je alors que l'on s'éloignait du gîte.

Maria haussa les épaules.

— Ce n'est pas totalement faux. C'est une soirée, il manque juste le film. Tu vois, ce n'est qu'un demi-mensonge au final !

Je levai les yeux au ciel, pas très à l'aise à l'idée d'avoir menti à ma mère. Cependant, l'envie de découvrir ce monde de la nuit me fit vite oublier ma culpabilité.

Le soleil n'avait pas encore totalement disparu, mais l'épaisse couche de nuage au-dessus de nous rendait les rues sombres comme si la nuit était en train de tomber. Une vingtaine de minutes plus tard, nous arrivâmes devant la fameuse boîte de nuit. Elle ne semblait être qu'un simple bloc noir posé là, illuminé par l'enseigne rouge « Circus ». On pouvait entendre une faible musique en sortir, me laissant deviner qu'elle devait battre à plein régime à l'intérieur. Ma nouvelle amie m'entraîna vers l'entrée et je découvris enfin l'intérieur du bâtiment.

Martini-sur-Mer, vampires et autres emmerdesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant