Prologue : Bienvenue à Martini-sur-mer

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Quand il me prend dans ses bras... Il me parle tout bas... Je vois la vie en rose !

Alors que la voix traînante d'Édith Piaf résonnait à mes oreilles, torturant cruellement mes tympans et menaçant sérieusement ma santé mentale, je tentais tant bien que mal de me calmer.

Inspire, expire.

Au bord de la crise de nerf, je faisais de mon mieux pour appliquer les conseils de mon ancien CPE qui avait longuement tenté de me faire maîtriser mon penchant pour la violence.

Très bien, maintenant, compte jusqu'à dix. Prends une grande inspiration. Tout va bien se passer.

Ce n'était pas tant que j'aimais ça, seulement j'avais parfois du mal à me contenir. Et, quelques fois, mon poing se retrouvait dans la figure de quelqu'un. En temps normal, je ne m'en inquiétais pas trop. Seulement ce jour-là, la seule personne à proximité de moi était ma mère.

Encore une fois... Inspire... Expire...

— Ça va, ma Poussinette ?

Je me crispai immédiatement et eus la sensation que tous mes efforts pour rester calme venaient d'être réduits à néant par le sobriquet ridicule qu'utilisait ma mère à chaque fois qu'elle s'adressait à moi.

— Si je vais bien ? répétai-je sèchement en ouvrant les yeux. C'est une blague ?

Elle détourna son regard jusque-là rivé sur la route pour le reporter rapidement sur moi.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? s'inquiéta-t-elle.

Je pris une profonde inspiration et lui montrai mon téléphone.

— Ça fait dix minutes que j'essaie d'envoyer un message à Julie et rien ! Ça ne part pas ! Et tu sais pourquoi ? (Je fis une légère pause avant de reprendre d'une voix forte.) Parce que la putain de 4G ne passe pas sur cette autoroute de merde !

Ma génitrice me lança un regard désapprobateur, probablement dû à mon langage peu convenable.

— Alors pourquoi est-ce que tu n'envoies pas un SMS ? Il y a du réseau que je sache, non ?

Mes yeux s'écarquillèrent devant sa bêtise.

— Un SMS ? répétai-je. Un SMS ?! Maman, on n'est plus au dix-neuvième siècle ! Plus personne n'écrit de SMS de nos jours ! Si on veut contacter quelqu'un, on utilise Whatsapp, Messenger, Snapchat ou encore Instagram, mais personne n'envoie plus de SMS ! Si je voulais envoyer des textos, j'aurais demandé un Nokia 3310 pour Noël, pas un smartphone !

Je posai ma main sur mon visage, dans une dernière tentative de zénitude.

— J'ai besoin de casser un truc, déclarai-je. Genre, tout de suite.

— Poussinette..., gémit ma mère, peinée. Laisse-moi le temps de trouver une aire de repos, d'accord ?

Je poussai un long soupir et hochai la tête. Heureusement pour moi, je n'eus pas à attendre longtemps. Très rapidement, un panneau de signalisation nous indiquant la prochaine aire apparut, et ma mère entreprit de se garer. Dès que la voiture fut arrêtée, je sortis en trombe.

Dehors, le vent soufflait fort. Mes cheveux se mirent à virevolter dans tous les sens, et quelques mèches blondes vinrent se coller sur mon visage. Je les écartai d'un geste rageur, avant de jeter un coup d'œil autour de moi. Le parking était désert et seuls quelques emballages vides parcouraient l'asphalte au gré du vent. Je secouai mes mains, tentant d'évacuer le trop plein d'adrénaline qui coulait dans mes veines. J'avais besoin de me défouler... mais sur quoi ?

Martini-sur-Mer, vampires et autres emmerdesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant