Il est 21h00, je suis censé dormir mais je ne fais que penser qu'actuellement ma vie est en pause. Cette nuit, je dois dormir dans un motel miteux qui sent la poussière. Même si mon appartement était vieux, il me manquera. J'y ai vécu mes meilleures années! Dans cette pourriture de société, tu y es incompris. Il font comme s'ils en avaient quelque chose à faire de leur population mais que dalle! "Monsieur Waze vous aurez une journée pour dire au-revoir" et quoi d'autre? Ils m'ont laissé trois heures et après j'ai été enfermé ici! Mon repas c'était de la soupe et du pain!
Je n'arrête pas de me retourner. Je n'arriverais pas à dormir. L'angoisse me prend aux tripes, résultat insomnies. Maintenant je m'en veux. Parce que tout ça c'est de ma faute. J'ai cru pouvoir semer les gradés. J'avais oublié que c'était impossible. La société a beaucoup trop travaillé pour que tout soit à sa merci.
Finalement, je me mets à penser à Louise. Quand je suis allé donner ma démission elle est venu me voir. Elle n'était pas comme d'habitude. Son sourire était faux. Mais devant moi, elle a tout fait pour paraître normale. Je ne comprends toujours pas pourquoi, je la reverrais quand je pourrais sortir. Peut-être qu'elle s'est plus attachée à moi que ce que je pensais...
Je suis réveillé par un bruit provenant de derrière ma porte. Je comprends vite qu'il s'agit du gradé qui vient me lever car il est l'heure de partir.
-Monsieur Waze! Nous partons dans cinq minutes! S'exclame-t-il en entrant dans ma chambre.
-Il est quelle heure?
-Nous n'avons pas le temps, allez debout.
Il me tend une tenue pliée. Un pantalon et un t-shirt blanc avec une paire de basket.
-Mettez-vous ça. Dans cinq jours vous recevrez de nouveau vêtement propre.
-Je peux aller dans la salle de bain?
-Non. Vous vous changez devant moi pour que je sois sûr que vous n'avez aucune arme, ordonne-t-il.
Sa façon de parler est surprenante. Il a l'air blasé. Sa voix est vibrante et il avale ses mots. Je suis prêt à parier qu'au fond il a deux chihuahuas chez lui et qu'il sursaute au moindre bruit effrayant.
-Je suis très pudique ... Retournez-vous au moins.
-Soit tu te changes devant moi, soit tu te changes devant la fenêtre. C'est toi qui décides!
Je cède et me change face à lui. J'essaie d'être rapide et efficace car je déteste qu'on me regarde. Mon corps c'est mon corps, ma propriété.
-Encore un gamin qui se fait tatouer à seize ans ... Barbouille l'agent dans sa barbe.
Mon tatouage je l'ai fait à mes vingts ans en signe de liberté. Je me suis fais "ελευθερία" ce qui signifie liberté en grec. Ce tatouage il est sur le bas de mon cou mais on le voit rarement car j'ai tendance à le cacher. Je préfère être discret. Un tatouage c'est mal vue et on peut se faire arrêter à cause de ça. Parfois il n'y a pas de véritable raison. C'est juste mal vue ...
-Vous allez m'arrêter à cause de mon tatouage? Demande-je
-Je pourrais mais tu vas déjà faire du travail forcé alors ça sert à rien. Mais ne sois pas insolent ou arrogant avec moi tu pourrais le regretter.
Lorsqu'il me dit ça il fait en sorte que je remarque sa matraque accrochée à sa ceinture. J'ai bien compris son message. Pour lui les "gosses" comme moi ne méritent pas d'être dans la société et un de moins ne ferait pas de mal à quelqu'un ici.
-T'es prêt? La voiture nous attend en bas gamin.
Je hoche la tête et je prends le sac qui m'a été autorisé à prendre. Il contient des sous-vêtements, mes produits d'hygiène et un livre.
Je regarde une dernière fois la chambre. Le lit une place au centre, la commode à gauche et la grande baie vitrée à droite. Ici, c'était mon dernier moment de liberté avant cinq mois.
-ALLEZ DÉPÊCHE TOI GAMIN!
Il m'énerve celui là. C'est qu'un glandeur et il n'a qu'une classe de plus que moi et il se permet de me juger! J'ai envie de l'insulter de tous les noms mais je me contiens. Ma réaction est totalement immature mais il m'énerve.
Je le rejoins et monte dans le van noir qui nous attend. Avant de monter, je profite des rayons de soleil qui sont sur moi une dernière fois. Je prie le ciel de s'occuper de ma mère comme elle le mérite. Et je monte dans la voiture qui m'attends. Un nouveau gradé est là. Il vient me mettre des menottes au pied et au main. Celui-ci est novice. Il tremblote et il a l'air angoissé. Il ne cesse de gonfler ses joues et de les dégonfler, ce qui est insupportable. J'ai envie de lui dire mais si c'est un TOC il n'y peut rien.
-Premier jour? Demande-je tout sourire.
-Tu ne te souviens pas de ce que je t'ai dit dans la chambre gamin? Dit le gradé qui me suit depuis hier.
Je ne l'avais pas vu... Je ne peux même pas me détendre avant de succomber quoi. C'est vraiment injuste cette société.
-Sous-officier Baldeam ne réagissez pas à son insolence. Si il continue utilisez vos outils.
-À vos ordres mon commandant.
Je lui fais un clin d'oeil. Mais celui-ci ne le prend pas à la rigolade et sort sa matraque pour me donner des coups. J'essaie de me protéger avec mes mains mais celles-ci sont liées c'est plus compliqué. Au bout d'une dizaine de coup, il arrête son petit jeu et s'assoit en face de moi. Le goût du sang ne tarde pas d'arriver. Je ne peux m'empêcher de cracher sur le sol. Heureusement, je ne saigne pas ailleurs que dans ma bouche. Le sous-officier qui m'accompagne ne réagit pas. Il est dans ses pensées. Il est plutôt repoussant. Une petite bouche pour des lèvres retapées au botox. Mais trop de botox, du coup ça casse le tout. Il a des yeux tout ronds mais d'une beauté incroyable. Ils sont bleus avec un léger mélange de vert. Son nez est tout tordu. Il a sûrement dû se battre à plusieurs reprises et le casser plusieurs fois aussi. Son point fort, sa carrure d'athlète. Il est musclé. Ni trop ni pas assez. De quoi faire tourner la tête de plusieurs filles bien amochées en soirée...
-T'as fini de me dévisager!
Sa voix est coassante. Un petit accent de l'est accompagne son timbre de voix clair. Il a des cheveux noirs fixés avec du gel. Il a cru que c'était de la colle? Il ressemble à un hérisson avec tout ce gel!
Quand je lève les yeux, je remarque qu'il commence à prendre sa matraque pour me frapper à nouveau. Mais sauvé par le gong, le van s'arrête.
-T'as bien de la chance. Sinon tu baignerais dans ton sang!
-Un conseil, évite de profiter de tes avantages. Je suis prêt à parier que sans les menottes, tu ferais moins le fier.
Les portes s'ouvrent juste à ce moment là et j'ai le temps de filer avant de me recevoir trop de coups. Il a quand même touché mon dos ce qui me fait grimacer mais je m'en sors plutôt bien. C'est vrai que je suis insolent ...
-Tu as bien de la chance qu'il y ait des personnes autour de toi sinon je te réduirais en pâté pour ce chien, me dit-t-il en désignant un chien qui court vers nous.
Il me tient par le col de mon t-shirt. Je suis a deux doigts de m'envoler!! Heureusement il me lâche.
-DOLLY VIENS ICI! Appelle une femme qui s'approche de nous.
Je suppose que celle qui appelle le chien est Valentine Landry. Celle qui va m'accueillir pendant cinq mois.
-Bonjour madame Landry. Voici le détenu que vous allez avoir sous votre responsabilité pendant cinq mois. Avez-vous signer tous les papiers avec le juge?
-Oui, tout est signé.
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La balade des amants
Novela JuvenilLa nouvelle société impose ses règles. Selon la moyenne que tu as eu chaque année de tes dix à vingts ans, tu es classé et ensuite ils définissent ta vie. Les problèmes judiciaires, incluant un procès, sont classés par degrés, en risquant un mois à...