Ch 7 - La cité Gerudo

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  Le soleil venait tout juste de disparaître derrière l'horizon lorsque le duo posa les pieds sur le sable, suivant le chemin tracé par les incessants allers-retours dans le désert et passant par l'oasis pour atteindre la cité Gerudo. Pour plus de confort, Zelda avait attaché ses cheveux en queue de cheval, et échangé sa tenue de voyage pour une tenue Gerudo : un sarouel et un corsage en tissu léger, tous deux blancs avec des motifs bleu clair. Link portait une tenue similaire, teintée en noire avec motifs gris, à cela près qu'un voile cachait en plus le bas de son visage. En effet, les hommes étant interdit au sein de la ville, le chevalier n'avait d'autres choix que de se travestir. Cela n'avait pas l'air de lui poser particulièrement problème, n'ayant été embarrassé que lorsque la princesse l'avait photographié en s'exclamant qu'elle devait le montrer à Pru'ha.

  Après environ une heure de marche dans un relatif silence, la jeune femme et son camarade arrivèrent à l'oasis ; c'était un petit plan d'eau entouré de palmiers où les voyageurs se rendant à la cité Gerudo avaient habitude de faire escale. L'endroit avait un peu changé depuis le dernier passage de la blonde : plusieurs marchands avaient installé leurs stands, profitant de la circulation pour vendre leurs marchandises, et les Gerudos avaient transformé la grande formation rocheuse en poste de garde et de surveillance. L'ensemble donnait un sentiment de sécurité, ce qui n'était pas pour déplaire à Zelda. Après tout, c'est ici que les Yigas s'en étaient pris à elle, et l'auraient probablement tuée si Link n'était pas intervenu... Penser au jeune homme lui fit réaliser qu'il n'était plus à côté d'elle, près du palmier où elle s'était plongée dans ses rêveries. Le châtain était maintenant de l'autre côté de la source, assis sur un rocher et les pieds dans l'eau, au milieu d'une discussion animée avec un piaf. Il devait avoir gardé un œil sur elle tout du long puisque dès qu'elle le regarda, il lui fit un petit signe de main, la faisant légèrement rougir. Depuis leur départ du relais, elle avait évité de trop le regarder, et il semblait faire de même, du fait de leurs tenues : le corsage ne couvrant que la poitrine, ils avaient le ventre à l'air. Et le simple fait de poser le regard un peu trop longtemps sur la fine musculature de son chevalier servant suffisait à affoler le cœur de la blonde et à lui donner un coup de chaud, effet peu désirable dans un désert. C'était aussi sans compter l'embarras de se trouver si près de lui dans une telle tenue – car si elle l'avait déjà vu avec peu de tissu sur lui, l'inverse n'était pas arrivé – et l'idée qu'il ai pu la regarder alors qu'elle était si peu couverte éveillait en elle une foule d'émotions très différentes. Sentant son visage brûlant, la jeune femme s'aspergea avec un peu d'eau fraîche avant d'aller voir son camarade. Ce dernier et son interlocuteur parlaient des différents effets qu'on pouvait donner aux potions. Curieuse, la blonde se joignit à eux, ses notes de recherche à l'appui. La discussion s'étira sur une bonne heure, sur quelles propriétés donner à une potion, comment en faire ressortir le plein potentiel, etc. Après quoi, le duo salua le piaf qui commençait à somnoler, et reprit la route vers la cité.

  Il leur fallut cette fois presque deux heures de marche avant que ne se présente devant eux la porte principale, gardée par deux soldates ; ces dernières se contentant d'un signe de tête à leur passage. Apparemment, le subterfuge de Link faisait illusion. Certes, il était assez androgyne, mais le fait que les Gerudos ne soient pas du genre à s'attarder sur le physique devait aussi aider. La nuit étant déjà bien avancée, le chevalier proposa d'aller se reposer à l'hôtel afin d'être en pleine forme pour aller se présenter à la reine, ce que Zelda accepta à bras ouverts ; elle avait oublié comment marcher sur le sable pouvait être éprouvant pour les jambes.

  Le lendemain, en sortant de l'hôtel, la princesse fût accueillie par l'aveuglante lumière du soleil de plomb écrasant le désert de sa chaleur. Fort heureusement, la cité était doté d'un système ingénieux pour éviter à ses habitants de cuir sur place en journée : d'au-dessus du palais jaillissait une source d'eau fraîche alimentant toute la ville ; les maisons avaient été construites de manière à ce que l'eau court sur chacun des toits, rendant la température supportable dans toute l'enceinte. De plus, le grès clair dans lequel étaient faits les bâtiments ne retenaient pas la chaleur. L'aspect utile à part, tout ceci donnait un charme certain à la cité, qui semblait étinceler au cœur des grandes étendues sableuses. La blonde ne pût retenir un sourire mélancolique alors que son regard balayait avec nostalgie les rues qu'elle avait connues il y a si longtemps. Ses pensées furent interrompues lorsque son estomac se mit à grogner et, plus embarrassant encore, qu'une voix familière pouffa de rire dans son dos :

  "-Dois-je comprendre que vous souhaitez votre petit-déjeuner, votre Altesse ?"

  Zelda tourna un visage aux joues roses et à l'air vexé vers son chevalier servant, qui se voulait sérieux malgré un sourire en coin. Décidément, il allait falloir s'occuper de ce problème d'impertinence... Pas que cela ne déplaise à la princesse, au contraire. Mais justement, cela l'inquiétait un peu que le jeune homme puisse jouer ainsi avec les battements de son cœur sans même en avoir conscience. Ignorant le châtain, la blonde se dirigea vers le stand de fruit au bout de la rue, suivie par l'épéiste qui restait silencieux. Ils achetèrent un durian chacun, ainsi que quelques baies qu'ils dégustèrent assis au bord d'un des cours d'eau de la place, à l'ombre d'un palmier. Tout en mangeant, la jeune femme se tourna vers son camarade et le questionna :

  "-Dis-moi Link, comment est-elle, cette Riju ?"

  "Mhhh... Je dirais qu'elle fait preuve d'une grande maturité pour son jeune âge et qu'elle est entièrement dédiée à son peuple. Elle fait parfois preuve d'un certain enthousiasme assez naïf et elle a tout de même un certain caractère... Pour résumer, elle me fait beaucoup penser à quelqu'un que je connais."

  Il conclut avec un clin d'œil et un petit sourire, bien que ses joues rosirent un peu de sa propre remarque. La princesse, en revanche, avait le visage en feu et ne savait que répondre. Elle fit alors ce qui lui sembla la réaction la plus raisonnable : pousser le jeune homme dans l'eau avant de se cacher le visage dans les mains. Elle entendait se dernier ronchonner alors qu'il se redressait, et les rires des passantes qui avaient vu la scène, mais ne releva les yeux qu'une fois que son cœur n'eut retrouvé un rythme normal. Grave erreur cependant, puisqu'elle se retrouva nez à nez avec les pectoraux ruisselants du Prodige, qui boudait les bras croisés. Elle tourna alors la tête, si vivement qu'un craquement retentit, et lui ordonna d'aller se sécher. Ses joues s'étaient enflammées de nouveau, et son cœur battait à tout rompre.

  Une fois le chevalier parti, elle poussa un long soupir, les mains posées sur sa poitrine. Elle savait ce qui causait cela, elle en avait parfaitement conscience désormais. C'était quelque chose dont elle se doutait sans en être certaine depuis plusieurs semaines et, en y repensant, peut-être même que cela remontait à bien avant. Néanmoins, au vu de ses réactions aux interactions avec Link ces derniers jours, le doute n'était plus permis. Elle était tombée amoureuse de lui. Follement. Et elle ne savait que faire de ces sentiments ardents qui embrasaient son âme. Les garder secret ? Cette perspective ne l'enchantait pas particulièrement, de plus cela serait de plus en plus difficile avec le temps : ils étaient constamment ensemble, et le châtain avait beau être aveugle aux signes évidents qui se présentaient à lui, il finirait bien par réaliser que quelque chose clochait. Devait-elle lui avouer, dans ce cas ? Accepterait-il ses sentiments ? Les rejetterai-il ? Seraient-ils réciproques ? Et même si c'était le cas, peut-être refuserait-il tout de même, faisant passer son devoir avant tout. Cela lui ressemblerait bien, en tout cas. Et si il ne pouvait accepter les sentiments de la jeune femme, nul doute qu'un profond malaise pèserait ensuite entre eux.

  Elle soupira tristement, et attrapa la tablette Sheikah pour penser à autre chose. Elle passa un moment à regarder les différentes entrées de l'encyclopédie d'Hyrule, curieuse à propos de ce qu'étaient devenues la faune et la flore du royaume après un siècle. La blonde jeta ensuite un œil à la carte ; le duo avait convenu qu'après le désert Gerudo, ils se rendraient au domaine Zora. Zelda ressentait un mélange d'excitation et d'appréhension à cette idée. En effet, de par leur très longue espérance de vie, les Zoras qu'elle avait côtoyé cent ans auparavant seraient toujours là ; ce serait les premiers visages connus – hormis Link, Impa et Pru'ha – qu'elle verrait depuis son retour. Et parmi eux, Le roi Dorefah, père de feue la Prodige Mipha, et le prince Sidon, petit frère de cette dernière. Cela présageait des retrouvailles quelque peu douloureuses. Cependant... Les choses avaient dues être mille fois plus dures pour le Héros : il avait passé une bonne partie de sa vie au domaine, et lui et Mipha avaient été très proches... Il lui avait raconté que la première fois qu'il avait atteint la ville Zora depuis son réveil, et alors qu'il n'avait encore aucun souvenir, les anciens lui avaient reprocher la mort de leur princesse, accusation qui l'avait laissé dans une grande confusion. Mais maintenant qu'il avait retrouvé la mémoire, la blonde ne pouvait qu'imaginer ce qu'il pouvait bien ressentir. Elle laissa échapper un rire teinté d'ironie en réalisant que ses pensées avaient fait un tour complet pour revenir à son chevalier servant. Ce dernier, justement, revint au même moment et lui fit signe, demandant si elle était prête. Remettant de l'ordre dans son esprit, elle acquiesça, et tous deux se dirigèrent vers le palais afin de rencontrer la dirigeante de la cité Gerudo au cœur du désert : Riju.

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