Un nouveau départ

Ch6 - Échauffourées dans le canyon Gerudo

  Après un (énième) réveil difficile, le duo avait quitté la jungle pour poursuivre leur route vers le désert ; après plusieurs chemins boisés, ils se retrouvèrent devant le titanesque Viaduc d'Hylia, enjambant le lac du même nom. C'était un chef-d'œuvre d'architecture, un immense pont de pierre se dressant plusieurs centaines de mètres au-dessus de l'eau, et ce depuis plus de dix millénaires – c'est du moins ce qu'avait déterminé Zelda et ses assistants. Cette structure avait résisté aux affres du temps, au réveil du Fléau et de ses armées de gardiens, et même au passage régulier d'un dragon, d'après ce que lui avait raconté son chevalier servant. Cela aussi excitait la curiosité de la princesse : les dragons, au nombre de trois, étaient des bêtes vraisemblablement divines et probablement liées aux Déesses. Elle rêvait d'en observer un de près afin d'en savoir plus, mais cela devrait attendre ; la reconstruction du royaume passait en priorité ; de plus, ils s'étaient déjà permis un détour pour qu'elle puisse étancher sa soif scientifique, et c'était sans parler leur séjour à Elimith qui aurait pu être moins long. La blonde soupira à ces pensées et fit accélérer sa monture pour rattraper et se mettre au niveau de Link qui jusque là ouvrait la marche, sur ses gardes et arc à la main. Il jeta un coup d'œil rapide à la princesse avant de reporter son attention devant lui, fixant le milieu du pont.

  "-Des ennemis ?" demanda-t-elle en essayant de suivre son regard.

  "-Pas pour l'instant, mais je préfère rester prudent. Le viaduc était un repaire de lézalfos jusqu'à récemment." répondit le jeune homme.

  Il s'avéra que les lézalfos avaient déserté l'endroit, et ils arrivèrent au bout sans encombres. Ce fût aussi le cas pour la suite du voyage, tandis qu'ils longeaient les immenses ruines soutenant le Plateau du Prélude, permettant à Zelda d'observer sereinement les chevaux sauvages qui galopaient entre les arbres, les oiseaux colorés se prélassant sous le soleil ou encore les ruines de l'amphithéâtre se profilant au nord, derrière quelques formations rocheuses, ou un lynel avait élu domicile. Si la princesse voulait qu'il soit reconstruit, il faudrait d'abord envoyer Mr le Héros y faire le ménage.

  Un bruit de sabot résonna lorsqu'un grand cerf sortit du sous-bois, regardant les voyageurs avec méfiance. Les yeux de la majestueuse bête rencontrèrent ceux de la blonde, émerveillée par cette rencontre chanceuse. L'animal était calme et elle pouvait voir une intelligence certaine dans son regard... jusqu'à ce que le prodige hylien ne vienne sous les arbres au trot et ne décoche une flèche pour faire tomber une pomme, ce qui eu pour effet de faire fuir le cerf.

  "-Bien joué, Link." soupira la jeune femme, exaspérée.

  "-Eh bien excusez-moi princesse," répondit le châtain d'un ton sarcastique en appuyant fortement sur la seconde syllabe, "mais je n'y peut rien si j'ai un petit creux." Puis il poursuivit, d'un air plus sérieux :"Rassurez-vous, nous croiserons des tas d'autres cerfs dans la région et ailleurs."

  Zelda, surprise et vexée par ce bref excès d'insolence inattendu, sentit ses joues rougir et ne parvint pas à répliquer. Elle se contenta de tourner la tête en faisant la moue ; c'était puéril, certes, mais le chevalier avait un don pour jouer avec ses nerfs. Celui-ci revint à côté d'elle et lui tendit une seconde pomme, s'excusant de son impertinence. Le rose sur son visage prit alors une autre signification alors qu'elle accepta le fruit avec un petit soupir.

  "-Idiot..." chuchota-t-elle, trop bas pour qu'il ne puisse l'entendre. Ils gardèrent tous deux le silence pendant qu'ils passaient le pont suspendu de Digdo et pénétraient le canyon Gerudo, seul chemin praticable à cheval pour atteindre le désert. Le chemin serpentait au fond du canyon, bordé par d'abruptes falaises. Les chutes de pierre y étant monnaie courante, aussi fallait-il y être prudent. Il y avait cependant une dernière étendue avant que les montagne ne viennent enserrer la piste ; lorsqu'ils s'en approchèrent, Link fit ralentir Épona et intima à la princesse de faire de même. Il scruta un moment un point à leur gauche, puis s'exclama :