Un nouveau départ

Ch 9 - Le Domaine Zora

  Le claquement des sabots sur le sol rocailleux résonnant en harmonie avec les échos du vrombissement des cascades offrait un merveilleux accompagnement sonore aux magnifiques paysages de la Montagne de Ruto que le duo était en train de traverser. Cependant, bien que charmée – elle avait toujours adoré la région de Lanelle – la princesse avait bien trop de soucis en tête pour s'émerveiller. Des soucis prenant la forme d'un châtain en tunique bleue qui, arc à la main et sur ses gardes, se tenait à l'affût sur sa jument au cas où d'autres lézalfos décideraient de surgir d'un recoin. Car elle avait finit par réaliser qu'elle le tenait par le bras, quelques jours auparavant lorsqu'il l'avait sauvé des Yigas. Et elle avait rougi. Fortement. L'amenant à s'éloigner brutalement de lui avec gêne. Et il l'avait définitivement remarqué. Heureusement, la jeune femme avait su maintenir une façade sérieuse et composée lors du repas et des discussions politiques s'ensuivant, renouant officiellement l'amitié entre Hyliens et Gerudos, mais l'intensité du regard de son chevalier face à son étrange comportement, ce mystérieux mélange d'incompréhensibles émotions qui semblait l'avoir transpercée n'avait jamais cessé de hanter son esprit depuis lors. De plus, Link était devenu plus distant, ne parlant que si nécessaire, comme si tous ce qu'ils avaient construit depuis son institution n'avait jamais existé. Elle voulait le confronter bien sûr, ramener les choses à la normale, mais elle se retrouvait paralysée par son propre embarras chaque fois qu'elle tentait d'approcher l'épéiste. Néanmoins, elle savait bien qu'il lui faudrait se hâter, car plus elle repousserait l'échéance, plus il lui serait difficile de parler. Alors que la princesse réfléchissait à comment elle allait procéder, le duo atteignit le bout du chemin de terre ; devant eux se trouvait le long pont bleu ciel et à son bout leur destination se dressant dans toute sa gloire, le Domaine Zora. Leurs chevaux laissés et une traversée dans un silence pesant plus tard, ils furent accueillis avec enthousiasme par les gardes, qui vinrent immédiatement saluer Link et entamer la conversation avec lui. Zelda préféra rester en retrait, observant la scène avec un sourire doux-amère ; le châtain avait toujours semblé plus à l'aise ici qu'à la citadelle, plus comme chez lui. Ce ne serait que trop simple de faire un parallèle entre leur relation et celle qu'il entretenait avec une certaine Zora...

  "-...esse ? Votre altesse ?"

  La jeune femme leva les yeux, tirée soudainement de ses pensées par l'objet de celles-ci. Ce dernier lui faisait signe de la suivre indiquant le chemin jusqu'à la salle du roi. Elle alla donc à sa suite, adressant un léger signe de tête et un sourire aux gardes qui la saluèrent respectueusement. Arrivés à la partie supérieure du domaine, le châtain s'éloigna quelques instants pour s'enquérir auprès d'un autre garde si le roi était disposé à les recevoir. Occupée à le fixer, elle se cogna à quelque chose, où plutôt à quelqu'un. Levant la tête pour s'excuser, elle se retrouva nez-à-nez – enfin, nez-à-jambes – avec un Zora mesurant plus de deux fois sa taille. Ce dernier se retourna :

  "-Oh, veuillez m'excuser, je ne devrais pas rester au milieu du chemin ainsi et..."

  L'homme-requin écarquilla les yeux en voyant la blonde, et un immense sourire acéré vint éclairer son visage.

  "- Princesse, c'est bien vous ? Cela faisait si longtemps, je suis ravi de vous revoir et de vous savoir saine et sauve !"

  Zelda était confuse face à l'enthousiasme de son interlocuteur. Le connaissait-elle ? Puis elle réalisa : un sourire rayonnant garni de dents pointues, des écailles couleur carmin et ces yeux pétillants...

  "-Sidon, c'est toi ?" demanda-t-elle, sidérée.

  "-En effet, Princesse ! Je suis content que vous vous souveniez de moi !" s'exclama l'imposant Zora.