Chapitre 1

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C'était une femme magnifique qui se tenait devant moi, au bout du ponton qui amarrait les bateaux. Ses cheveux blond semblaient flotter au gré du vent marin contrairement à sa robe blanche qui restait immobile.

Semblant remarquer ma présence, la jeune fille qui ne devait être âgée seulement vingt ans releva la tête sans que je ne puisse l'identifier pour autant, la noirceur se faisant trop forte.
Et sans que je ne puisse l'arrêter, elle plongea dans l'eau, ignorant le fait qu'elle allait se noyer vu la lourdeur de son habit. Je courus la rejoindre, inquiet mais aussi curieux, mais tout ce que je vis au fond de la mer ne furent que des poissons illuminer par le clair de la lune. 

Mais je fus obligé d'arrêter mes recherches effrénés, mon frère m'appelant en hurlant, essayant d'avoir mon attention. Ce fut avec difficulté que je le rejoins, l'impression d'avoir abandonné quelqu'un à la mort pesant sur mes épaules.
Mais, malgré mon inquiétude, mon sourire revint alors qu'Arthur mettait sa veste sur ses épaules, voulant m'éviter de prendre froid.

_ Qu'est-ce que t'as vu ?

_ Y'avais une femme.

Le regard surpris de mon frère me rendit mal à l'aise et pendant un cours moment, je me demandai si je n'avais pas simplement rêvé. Il se faisait tard et les mirages de la nuit étaient fréquents, ce qui devait sûrement explique le fait que j'ai vu une femme sauté à pied joint dans la mer.

_ J'ai dû l'imaginer alors, pardon de t'avoir inquiéter.

_ Tu es sur ?

_ Oui ne t'en fais pas.

_ On y va alors ?

Je suivis d'un pas plus léger mon frère, satisfaite d'avoir trouvé une réponse plausible avec ce que j'avais vu précédemment. Arthur ouvrit la porte de notre maison, suitée près du phare illuminé, et je rentrai, frissonnant légèrement dû au changement de température entre l'extérieur et l'intérieur.
Mon frère alla directement se coucher, la nuit étant déjà bien avancé alors que moi, je préférai me mettre dans le canapé pour regarder la suite de ma série. Cependant, je fus rapidement déconcentré, l'image de la femme revenant sans cesse dans mon esprit.

Je ne pouvais possiblement pas avoir imaginé une personne habillé d'un habit aussi élégant et au cheveux aussi scintillant. Mais pourquoi, si ce n'avais pas été le fruit de mon imagination, avais je été la seule à la voir ? Et si cette femme existait réellement, chose dont je doutai fortement, qui était elle ?

Je finis finalement par m'endormir, m'épuisant toute seule par mes propres questions et, grâce au lueurs du soleil matinale, je me réveillai dans un silence total, la télévision s'étant éteinte durant la nuit. Je me relevai, faisant craquer ma colonne vertébrale dans le même mouvement et essayai piteusement de recoiffer mes mèches blonde que je devinai emmêlées. Baillant une fois puis deux, je ramenai mes jambes contre moi et le entoura avec mes bras, posant ma tête sur mes genoux, essayant de me réchauffer un minimum.

Les chants des oiseaux me permirent de vider ma tête et je me sentis enfin en vacances, profitant en même temps des levers de soleil pour me réveiller. Les mouvements des vagues qui se jetaient sur le bas du phare me rassurai, ne voulant non plus me sentir totalement seule. Et dans ce moment de solitude, je me fis la remarque que cela avait été un excellent choix d'accepter de partir dans notre ville natale avec mon frère, rien que tout les deux. Je me demandai, le temps ayant effacé quelque souvenir, depuis quand nous nous étions pas retrouvé ainsi réunis, totalement indépendant de nos parents. Quand j'avais décidé de les quitter pour rejoindre une autre ville qui me permettait d'exercer le travail dont je rêver depuis que j'étais enfant, nous n'avions passé que très peu de moments en famille, faisant que chaque années Noémie grandissait et s'éloignait de plus en plus de moi, se rapprochant donc d'Arthur, lui étant toujours présent pour notre jeune sœur.

_ Enna ?

Je me retournai et vis avec surprise mon frère qui m'observai de la cage d'escalier. Je lui souris, voulant le rassurer sur mon état et il me rejoint sur le canapé, ses yeux toujours embrumé par son réveil.

_ Tu as dormi ici ?

Je hochai de la tête, n'ayant pas encore la force pour prononcer quoi que ce soit.  Repenser à ma petite sœur avait créé comme un vide en moi et je me surpris à m'en vouloir de ne pas l'avoir prise avec nous, pendant mes vacances ultime.

_ Bien dormi ?

Je secouai de la tête me rappelant vaguement du rêve que j'avais fais. C'était la femme qui sautait du ponton avant de disparaître sous l'eau, mon imagination ajoutant sur sa tête une couronne faite de fleurs. Durant mon sommeil,  je lui avais attribué le surnom de reine de l'océan, détentrice du pouvoir et de la grandeur.  Mais bien sûr, ce n'était qu'un rêve qu'il ne fallait pas confondre avec réalité. 

Arthur me raconta alors comment il s'était perdu dans un labyrinthe sans jamais trouver de sortie ni d'eau pour finalement abandonner. Je souris en l'entendant se demander à lui même si ce rêve n'avait pas une signification sur la vie qu'il menait et il se promit de faire des recherches ultérieurement.

Pensant être assez éveillé pour me lever, je me dirigeai vers la salle de bain pour me préparer pour cette nouvelle journée qui commençait à peine. Après avoir questionné mon frère sur l'utilité de mettre un maillot pour aujourd'hui,  j'enfilai des habits larges pour laisser passer la fraîcheur et ne pas mourir de chaud. Quand je passai devant le miroir, je vis sans m'étonner mes cheveux en pétards et, après plus de deux minutes à les démêler, je les tressa, me rappelant - avec nostalgie - que Noémie adorait cette coiffure.

Attendant que mon frère termine ce qu'il avait entamé - un puzzle qui, selon lui, n'était pas très long à réaliser - je sorti dehors,  respirant un grand bol d'air marin. Sentir l'odeur des algues ou les piaillements des oiseaux n'étaient pas insolites pour moi, ayant passé la plupart de mon enfance ici, sur cette île où il n'y avait été construit qu'une école  et quelques magasins.

Et malgré la sérénité qui était en moi, je jetai un coup d'œil rapide au ponton, voulant me prouver qu'il n'y avait rien qui sortait de la normale ici avant d'être totalement désespéré. 

Les pieds dans l'eau était assise la jeune femme d'hier soir qui s'était assise et regardait l'horizon d'un air absent.  Et je me demandai alors si cette vision miraculeuse n'était réellement qu'un rêve.

l'héritière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant