l'héritière

Chapitre 3

_ Quoi le gardien du phare ?

_ Il doit en savoir plus sur les Roswell, non ?

_ Ah bah oui.

_ On y va maintenant ?

_ Vas y toute seule. J'ai pas très envie de bouger.

Je me relevai en soupirant devant la flemme de mon frère et partis, exciter dans savoir plus sur ce mystère.  Je passai devant le ponton et, comme je m'y attendais, il n'y avait personne. Secouant la tête, ne voulant m'éterniser sur le fait que la femme soit vivante ou non,  je continuai ma route, pressant cependant le pas.

J'entrais à l'intérieur du petit village silencieux et allai directement à la maison du vieux gardien, me demandant cependant si il était levé à cette heure matinale de la journée.
Mais je n'eu heureusement pas à m'inquiéter longtemps qu'un homme maigre au nez tordu et au cheveux blanc entrouvrit la porte, ne me laissant seulement admirer son visage.

_ C'est pour quoi ?

Je ne lui avais rendu que rarement visite étant enfant, ayant peur de cet homme que je qualifier de sorcier et aujourd'hui, vingt ans plus tard, j'en étais toujours terrifié. Sa voix rêche ne me mettait pas plus en confiance et je fis un pas en arrière, prête à fuir en cas de besoin.

_ Bonjour monsieur, c'était pour savoir si vous connaissiez la famille Roswell ?

Il valait mieux être directe et s'attendre à ce qu'il me claque la porte, mécontent que je vienne le déranger pour une telle chose que faire éterniser la conversation au risque de l'irriter.

_ Vous êtes qui déjà ?

_ Enna, j'habitai ici quand j'avais dix ans.

Son visage changeait alors, à mon grand étonnement,  d'un ton dur et distant à un plus détendu et chaleureux. Je me surpris à m'approcher de lui, moins effrayé mais toujours aussi surprise de le voir changer ainsi en apprenant mon nom.

_ Mais je vous connais ! Chaque matin, vous alliez à l'école accompagné de votre frère, n'est ce pas ?

_ Oui effectivement.

_ Vous avez bien grandi ma petite Enna ! Je ne vous avez même pas reconnu.

Et il ouvrit la porte en grand, propice à la conversation. Je fronçais cependant des sourcils en le voyant en entier, trouvant sa morphologie trop fine. N'était-ce pas dangereux pour un vieillard de bien manger ?

_ Vous habitez où maintenant ?

_ Mes parents, mon frère et ma petite sœur sont dans le sud de la Bretagne.

_ Vous avez une petite sœur ? Et était elle aussi mignonne que vous deux ?

_ Noémie ressemble plus à notre père avec ses cheveux roux et ses yeux vairons. Mais sinon, c'est un véritable petite ange.

_ Et vous faites quoi dans la vie, Enna ?

_ J'illustre pour le moments la couvertures des livres pour un écrivain mais je vais bientôt aller m'installer au Canada.

_ C'est fantastique ça et votre frère ?

_ Arthur vit avec mes parents et s'occupe de temps en temps de garder les enfants de la voisine.

_ Quand est ce qu'il se trouvera un travail sérieux...

Le gardien secouait la tête, désapprouvant le choix de vie d'Arthur avant de se remettre à sourire.

_ Mais sinon, que faite vous sur l'île ?

_ Je suis venue en vacance avec mon frère, profitant des derniers instants passé ensemble.

_ Vous ne vous reverrez pas ?

_ Malheureusement, je ne reviendrai en France qu'une fois tout les deux, l'aller retour étant trop onéreux.

_ C'est triste mais vous avez raison.  D'ailleurs, je vouliez vous pas quelque chose en particulier ?

Je clignai plusieurs fois des yeux, ayant momentanément la raison de ma venue avant de hocher de la tête, décider à connaître le fin mot de l'histoire.

_ Vous ne connaîtrez pas,  par pur hasard, la famille Roswell ?

Le regard surpris de l'homme me mit mal à l'aise et je ne crains, un instant, qu'il se renferme et redevienne celui qu'il était avant se me reconnaître. Fort heureusement, il me répondit d'une voix toujours aussi amicale.

_ Tout ce que je sais d'eux ce trouve dans un journal à la bibliothèque.

_ Mais vous n'aurez pas une petite hypothèse sur la raison de la disparition de la petite amie de Jonathan ?

_ Petite amie, petite amie... C'est vite dit mais il ne la jamais qualifiée de la sorte !

Je baissai de la tête, honteuse de m'être fait gronder alors que j'avais trente ans.

_ Excusez moi monsieur.

_ Sinon, tout ce que je sais c'est qu'il voulait la demander en mariage.

_ Vraiment ? Mais comment le savez vous ?

_ Ma mère travaillait pour le père des enfants alors elle a forcement fini par entendre des choses.

_ Et vous ne savez rien d'autre par hasard ?

_ Pour cela, il faudra demander à mon frère, Anthony.

Je basculai d'un pied à l'autre, ne sachant que dire avant de finalement hocher de la tête, le remerciant pour l'aide qu'il m'avait apporté.

_ Il reviendra demain ou après-demain, je vous préviendrai.

_ Merci monsieur, j'ai été ravie de vous revoir.

_ Ne me mentez pas, vous ne saviez même pas que j'existai quand vous étiez enfant, je me trompe ?

_ Absolument pas. Au revoir et à bientôt je l'espère.

Il me fit un signe de la tête et ferma sèchement la porte, retrouvant ses traits malsains sur son visage alors que notre conversation touchait à sa fin. Je me demandai alors, en m'éloignant, comment un homme qui autrefois exerçait le rôle de gardien de phare - un métier qui nécessitait d'avoir du sang froid - pouvait changer d'humeur aussi facilement. Mais quand on réussissait à établir le contact avec lui, on voyait que c'était en réalité quelqu'un qui ne cherchait que de l'affection et de la nouveauté, comme beaucoup de personnes âgées vivants seul chez eux.

Je passai une fois encore devant le ponton pour rejoindre mon frère à la crique quand je la revis de nouveaux. La femme était assise, comme la dernière fois, sur les lattes bancales, ses yeux se perdant dans les nuages qui recouvrait le ciel bleu de cette journée.

Je m'approchai d'elle avec crainte, ne sachant que lui dire, et mis mes pieds dans la mer, après avoir enlever mes sandales. L'eau c'était réchauffé pendant les quelques heures qui s'étaient écoulés et je me surpris à observer la jeune femme de nouveau, essayant de reconnaître l'un de ses traits dans celui des enfants que j'avais connus jadis.

Mais il n'y avais rien de commun en elle, comme si elle était tout droit sortit d'un conte et qu'elle attendait son prince dans sa robe de bal.