Chapitre 7

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_ Layana Moore... Comment pouvais je l'oublier ? Elle avait tout ce dont une femme pouvait rêver -

_ Et vous vous vous souvenez de qu'elle faisait dans la vie ?

Couper la parole à quelqu'un était malpoli mais écouter cette homme racontait en détail ses fantasmes les plus fou me donnait des frissons d'angoisse.

_ Elle aidait ses parents à la librairie du village. Toujours un magnifique sourire au lèvre, elle nous conseillait sur les livres. Je me rappelle encore de sa voix si douce qui parlait avec tant d'entrain de ce qui l'a passionnée.

Je pouvais presque voir, atterré devant un tel comportement, des étoiles scintillait devant ces yeux. Ne disions nous pas que les vieux étaient la voix de la sagesse ?

_ Mais un jour, elle a commencé à venir de moins en moins souvent travailler à la boutique. Je suppose que c'est à ce moment que sa relation avec le fils Roswell a débuté.

_ Vous lui en voulez ?

_ De ne plus venir ? Non, elle avait le droit d'avoir sa vie et nous ne connaissions qu'à travers les livres et les histoires qu'ils racontaient.

_ Et à Jonathan ?

-Je n'étais pas jaloux mais j'avais plus de la pitié quand elle est morte. Sombre histoire... sombre histoire...

-Vous vous souvenez ce qu'il c'était passé ?

Je m'étonnai de voir cette homme changeait de comportement, troquant ses envies malsaines contre un sérieux presque déstabilisant.

Me sentant moins mal à l'aise, je lâchai mes cuisses pour croiser mes bras et me pencher vers l'avant. Je n'étais pas de la police, à mon grand soulagement, mais j'aimai beaucoup résoudre des mystères, comme qui a mangé le dernier biscuit de la boîte. Pendant des années, durant mon enfance, j'avais une loupe à la main et j'observai chaque mouvement de mes proches. Mon frère s'amusait à dire que j'allai, plus tard, devenir avocate ou enquêtrice alors que je m'efforçai de lui répéter qu'aucun de ses deux métiers m'intéressait.

Et aujourd'hui, j'étais dans un salon à l'aspect chaleureux et j'interrogeai un homme vieux d'une soixantaine d'année sur une mort qui s'était produite il y a quarante ans. Ce contraste me surpris et je me demandai si c'était réellement ma vocation.

_ Si je m'en rappelle ? Bien sûr que je m'en rappelle ! Je m'en rappellerai jusqu'à ma mort... Le premier jour, personne ne l'avait vu, même pas les Roswell, le second, toujours pas de nouvelle mais personne ne s'inquiétait réellement. Ce fut le troisième et quatrième jours que nous commencions à nous poser des questions. Mais au sixième matin, deux pêcheurs étrangers de l'île arrivèrent ici, dans le village, portant quelqu'un dans leurs bras. Rien qu'à repenser à son corps bleu, à ses lèvres gelées... J'aurai aimé me crever les yeux au lieu de voir ça. Avant sa disparition, elle avait ses cheveux bruns coiffés en une natte, ses lunettes ronde toujours sur son nom. Vous ne pouvez pas vous imaginez, vous les enfants de la génération futur, le choc ressenti quand nous la revîmes.  Où était passé la Layana Moore que nous connaissions tout ? Voilà ce que nous avons tout pensé. Mais celui qui fut le plus touché, a part ses parents, fue Jonathan Roswell. Quand il la revit, il fut comme pris d'une crise de démence, à en faire tressaillir les plus braves d'entre nous... Aujourd'hui, je m'imagine la vie que nous aurions eu si elle ne s'était pas noyé en mer. Elle serait sûrement devenu une Roswell à son tour, aurait eu des enfants et ensuite des petits-enfants. Nous ne serions pas hanté par sa mort, nous n'aurions pas changé.

Des larmes se mirent à couler sur les joues de l'homme et je failli le prendre dans mes bras pour le consoler, moi aussi ému par cette histoire. C'était horrible de voir la personne que nous aimions le plus mort alors que nous n'avions pas eu le temps de lui dire au revoir.  Je l'observais alors, tendu, ne sachant que faire à part l'écouter.

_ Je l'adorais vous savez ? Au début, lors de nos premières rencontres, je pensai être tomber sous son charme mais en réalité, elle était comme la sœur que je n'avais jamais eu. Nous ne faisions jamais rien indépendamment. Nous étions toujours ensemble.  Si je me souviens bien, tu as un grand frère ? Imagine toi qu'il meurt sans que tu ne puisse lui dire adieu ou que tu l'aimai. Imagine toi que vous ne pourrez plus jamais venir ici ensemble. Tu ne peux connaître cette douleur qui loge dans mon cœur depuis plus de quarante ans...

_ Vous vous trompez monsieur. J'ai une petite sœur qui me déteste tant qu'elle ne me considère plus comme un membre de sa famille. Pour elle, je ne rien. Alors certes je ne saurais jamais ce que vous ressentez mais moi, je souffre aussi de ne pas avoir pu lui dire qu'à jamais elle sera mon adorable petite sœur, que je serais éternellement là pour elle. 

Je m'étais sans m'en rendre compte agenouillé en face de lui et lui tenait ses mains qui tremblaient. Mais si je devais être honnête, je ne ressentais rien à ce geste. Ni de la gêne ou de la honte, j'étais bien, là, près de lui. Nous nous confions nos peines et nos souffrances pour nous consoler mutuellement.  Il était un parfait inconnu pour moi mais j'aimai être en sa compagnie, à écouter. 

_ Seulement, je suppose que nous ne serons jamais ce qui lui est arrivé.  Si elle était juste tomber de la falaise pour se noyer peut après ou si quelqu'un l'avait poussé.  J'aimerai, juste une dernière fois, la revoir pour lui demander si elle a souffert, si elle avait des regrets ou tout simplement si elle a aimé sa vie. Mais aujourd'hui, c'est trop tard, nous ne pouvons pas changer le passé sans changer le présent.

_ Mais elle est là, elle veille sur vous, j'en suis persuadée. Et elle vous entends et vous écoute, ne vous en faite pas.

_ Comment pouvez vous en être sûr ? Un mort ne se mêle jamais au monde des vivants...

_ J'ai beau ne pas être dans la ville que ma sœur, je pense à elle, je la protège. Qui vous dit qu'elle ne fait pas la même chose ?

_ Alors vous pensez que si je dis que je m'en veux de lui avoir volé sa pince pour lui faire du chantage, elle m'entendra ? Que si je m'excuse de ne pas avoir été là le jour avant sa disparition, elle comprendra ? Parce que vous savez, j'ai beau l'avoir aimé comme un sœur, je la chamailler presque tout le temps.  Je l'aimai plus que ma mère, mon père et mon frère. Je l'aimai plus que ma propre vie. Elle me manque tant...

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