𝐒𝐓𝐑𝐄𝐍𝐆𝐓𝐇

𝐭𝐰𝐞𝐥𝐟𝐭𝐡

Quelques mois plus tard.

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ᵖᵈᵛ ⁿᵒʳᵐᵃˡ ▪ ʰⁱᵐ
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Le temps n'a rien arrangé. Je vais de plus en plus mal et peine à exécuter des choses pourtant si simples et anodines telles que respirer correctement ou même sourire. Je suis pitoyable. Pathétique. J'avais presque commencé à croire en moi, à penser que ces pouvoirs n'étaient pas une si mauvaise chose... mais je me suis trompée sur toute la ligne.

Ma chute libre a commencé à me faire sombrer lorsque j'ai perdu l'appétit. J'ai perdu une dizaine de kilos, j'ai mal partout constamment et suis à bout de force.
Mais je me dois de tenir un rythme, le fait que plus aucune attaque de super-vilains n'ait lieu en ce moment est suspect selon Haku... très suspect. Alors, celui-ci n'a pas trouvé meilleur moyen que de solliciter Yoso et moi à des heures improbables de la journée pour s'entrainer au hangar. D'après lui, il est très rare que rien ne se produise pendant plus de 4 mois.

Hormis ces faits, je me suis beaucoup rapprochée de Yoso. Et, bien que je ne connaisse pas son identité, j'ai cette faculté de me sentir à la fois si proche et loin de lui. De le connaître depuis toujours, comme un ami de longue date. On rit sans arrêt pour les mêmes choses et avons les mêmes références. Et pourtant, je le sens parfois rêveur. Distant du monde qui l'entoure, comme s'il essayait d'échapper à la réalité. J'aimerais tellement voir son visage... rien qu'une fois. Ou bien... savoir au moins si je le connais, s'il est au lycée. Mais je ne peux pas... Je ne pourrais sans doute jamais.

Ji Min, en voilà un autre sujet.
Lui, j'ai complètement arrêté de lui parler et il a fait de même. De toute manière, je pense que c'est la meilleure chose à faire. Nous sommes incompatibles alors, à quoi bon ? Pour mon bien mental et mon équilibre, je me dois de me tenir à l'écart de ce garçon; de l'ignorer. C'est en partie pour ça que j'apprécie Yoso : quand je suis à ses côtés, je parviens à effacer Ji Min. J'arrive à enfouir tous mes sentiments pour ce lycéen dans un coin de mon crâne et de me concentrer uniquement sur Yoso.

Je subis le lycée car je suis contrainte d'y aller mais, la vérité, c'est que je n'en peux plus de trimballer ce corps dans les couloirs. Sans comprendre la réelle raison de mon existance, ni pourquoi j'aime deux hommes à la fois.

La fin des cours vient de sonner, je vais alors à mon casier pour récupérer mes manuels restants. Une fois la tâche accomplie, je remets avec difficuté mon sac sur mon dos puis prends la direction de la sortie de l'établissement.
Le bus n'est qu'à seulement quelques mètres du portail, pourtant j'ai si mal aux mollets que j'ai presque l'impression que la distance qui me sépare de l'engin sur pneus se compte en kilomètres. Les portes passées, je me dirige vers le fond puis m'y assois. Côté fenêtre.

Alors que je tentais vainement de démêler ma paire d'écouteurs, Jung Kook s'assoit à ma gauche.

"-Besoin d'aide ?", me demande-t-il de son air malicieux.

"-Eh.. ouais. Tiens."

Il saisit les deux oreillettes jumelles et me les rend démêlées dans la minute qui suit.

"-Merci.", je souffle, sentant que ma voix risque de dérailler si j'ose parler plus fort.

Sa bouche s'entrouve, puis se referme... sans qu'aucun son ne sorte.
Il veut m'aider, je le vois dans son regard. Mais il ne peut rien pour moi.

Prenant finalement son courage à deux mains, il tente :

"-C'est de notre faute, c'est ça ?"