𝐭𝐰𝐞𝐧𝐭𝐢𝐞𝐭𝐡

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"-Qu'est-ce que tu fais là ?"

Je fronce les sourcils et cingle :

"-Je pourrais te poser la même question."

"-Eh bien je suis chez ma cousine. Toi par contre, tu n'as rien à faire en haut."

"-Va dire ça à tous ceux qui sont dans les autres pièces."

Il penche la tête de manière provocatrice et rétorque :

"-Sauf qu'à eux, je ne leur reproche pas d'être venus."

Je sers mes poings de toutes mes forces.
Il faut que je me calme avant de faire une connerie. Mais rahhh tout ce qu'il mérite c'est ..

Ma main part toute seule et vient s'écraser sur sa joue pour lui offrir une claque monumentale. Son visage suit la trajectoire de ma paume qui se teint soudainement d'un rouge vif et mes yeux se remplissent d'audace, presque trop contente de ma vengeance. Je n'y suis tout de même pas allée si fort que ça, malgré mes capacités.

Son regard sombre se plante dans le mien à la seconde suivante, je crois que si j'avais le temps, j'aurais presque pris la peine d'avaler bruyamment ma salive comme dans n'importe quel film angoissant. Prenant mes jambes à mon cou, je tente de m'enfuir mais, due à une bonne esquive de sa part, il bloque la porte en se positionnant juste devant.

J'analyse la pièce, il n'y a clairement aucune autre sortie envisageable... Cependant il y'a cet ordinateur allumé et posé sur le rebord du lit. Je le toise les mains tremblantes durant de longues secondes puis prends en otage l'engin et le brandis au dessus de ma tête.

Son visage change complètement d'expression, laissant place à la peur.

"-Repose....cet.. ordinateur.. Doucement...", dicte-t-il en marchant lentement dans ma direction, les paumes de mains levées comme pour me prouver que je n'ai rien à craindre.

"-Ne.t'approche.pas. Si tu continues, je le lâche... et tu ne pourras en vouloir qu'à toi-même !", je préviens en levant un petit peu plus au-dessus de mon crâne l'ordinateur.

Comme prévu, il s'arrête complètement de bouger tandis que je le contourne lentement pour me diriger vers la sortie de la chambre dont l'atmosphère est devenue électrique.
Puis, prise d'un certain élan dont je ne serais décrire la provenance si ce n'est ma soif de vengeance, je laisse tomber l'objet et l'écran se fracasse contre le parquet. Aussi vite que je suis venue, je repars en courant vers l'extérieur car la porte est désormais libre d'accès.

J'entends un râle rauque derrière moi alors que je cours comme je n'ai jamais couru. Je compte m'enfermer dans les toilettes du premier étage mais il me rattrape sans que je m'y attende et se dirige dangereusement vers moi.

J'envoie mon genou vers le haut qui butte contre son ventre et celui-ci part se cogner contre le mur opposé du couloir, juste en face de moi.
Je ne perds pas une seule seconde et descends aussi vite que je le peux pour me perdre dans la foule dansante, aussi vite rendue au rez-de-chaussée.

Je finis même par trouver mon frère avec qui je reste, bien que je ne peux m'empêcher de regarder dans tous les sens pour observer s'il m'a retrouvée ou non.

Soudain, une musique de slow se lance : tout le monde se met par deux et les chemins pour que Ji Min me rejoignent sans trop avoir de mal deviennent évidents, puisqu'il y'a un minimum d'espace entre chaque duo.

Et c'est là que, comme je l'avais deviné, je l'aperçois seul, à l'autre bout de la salle, balayant son regard sombre de droite à gauche jusqu'à ce qu'il croise le mien.

Durant quelques temps je reste figée, et lui aussi.
Mais lorsqu'il se reprend et se met à pousser de l'épaule chaque couple formé pour m'atteindre, un frisson parcourt mon échine et la course poursuite reprend son cours.

Je m'échappe par la cuisine positionnée juste dans mon dos et ferme la porte.
Tae Hyung, trop occupé à danser avec une fille, n'a sûrement rien remarqué.
Une seconde porte derrière une sorte de rideau capture mon attention, je ne réfléchis pas plus en voyant se baisser la poignée de celle qui mène au salon et m'enferme à l'intérieur.

J'atterris dans une pièce qui doit servir de garde manger.
Mais alors que je m'apprête à refermer la porte, un pied se met à la bloquer !

Je tente de fermer la porte de toutes mes forces mais abandonne vite en entendant un cri presque animal sortir de la gorge de Ji Min, derrière le pan en bois, tant la douleur que je lui inflige est forte.

Il accède à ma cachette aussitôt et me plaque violemment au mur, les mains au dessus de ma tête, si bien que les manches évasées de ma robe descendent jusqu'à la naissance de mes bras.

La pièce est plongée dans un silence si limpide que je n'entends plus que mon cœur cogner contre ma poitrine.
Je considère longuement ses yeux recouverts par ses mèches brunes, je peux presque y distinguer des flammes.

"-Putain mais qu'est-ce qui ne va pas avec t...", il se stoppe au milieu de sa phrase et dévisage quelque chose au dessus de mon crâne.

J'en déduis qu'il s'agit de mes mains.
Mais je ne comprends pas.
...
Elles n'ont rien.

╭╊━━╾❋╼━━╉╮
ᵖᵈᵛ ʲⁱ ᵐⁱⁿ ▪ ʸᵒˢᵒ
╰╊━━╾❋╼━━╉╯

Merde.

Je la lâche et me recule pas à pas jusqu'à percuter le mur en face d'elle.

J'aurais dû m'en douter depuis le début.

Ses bras descendent tout doucement du mur et reviennent se placer le long de son corps.

Je n'ai jamais autant détesté ce bracelet qu'à présent.

Ma respiration devient haletante.

Comment n'ai-je pas pu constater cette évidence ?

Je prends ma tête entre mes mains.

Je me hais.

Je la hais.

Son visage se voile d'incompréhension.

Him,

c'est elle.

Je me retourne vers le mur et y donne un coup de poing si franc que mes phalanges en deviennent rouges.

Ça aurait pu être n'importe qui.

Ça aurait dû être n'importe qui.

Mais c'est elle.

Ça a toujours été elle.

J'allais quitter les lieux mais elle me retient par la main.

"-Qu'est-ce que tu fous ?"

"-F..fous-moi la paix..", je souffle.

"-Tu n'es qu'un lâche, Park Ji Min."

"-T'es sûre que t'aurais dit ça à Yoso ?"

Ça m'a échappé.

"-P-pardon ?"

Je défais mon poignet de son emprise et jette à ses pieds mon bracelet.

"-J-je.."

Elle se laisse glisser le long d'un des murs et baisse la tête.
On dirait qu'elle.. tremble ?
Elle semble comme chuchoter des mots incompréhensibles.

"-Eh.. Tu fais quoi là ?"

J'essaie d'attraper l'une de ses mains mais me rends compte qu'elle est devenue extrêmement froide, quasiment gelée.

Je m'accroupis et lui remonte le visage mais le relâche aussitôt : ses yeux se révulsent en arrière, elle est prise de spasmes et de la bave sort de sa bouche grande ouverte.
Bordel.

***

Sugade la salade

𝐒𝐓𝐑𝐄𝐍𝐆𝐓𝐇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant