''Je suis désolé.''

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Le cocon de Baker Street paraissait presque trop chaleureux après la journée de vingt heures que John et Sherlock venaient de passer. Ce dernier n'étant pas fatigué, il laissa le militaire grisonnant aller se coucher, après avoir déposé un léger baiser sur le front de sa fille, que Mrs Hudson avait gardée pendant leur absence. Sherlock s'était penché brièvement sur son berceau pour lui donner son hochet. Il avait regardé avec dégoût la bave qui coulait sur le menton futé de la petite Rosie, puis s'en était retourné dans son palais mental.

Il avait besoin d'expirer, de relâcher une pression qui semblait avoir été canalisée pendant des années.

Il repassa en boucle les souvenirs de Molly, jusqu'à ce que la honte disparaisse et les lave de tout remords. Il se rendit compte par la même occasion que nombre de ces moments n'avaient pas été partagés entre autre personne qu'eux deux. John n'avait vu que des fragrances de leur relation, et, il devait bien l'admettre, ce n'était pas les plus plaisantes. Il avait envoyé valser son médecin légiste un grand nombre de fois, et la plupart du temps devant des invités. Mais quand ils s'étaient retrouvés seuls, quand le temps avait avancé, quand il l'avait considérée non plus comme un instrument mais comme une amie... les choses avaient changé. Il continuait d'être déplaisant, mais c'était là son propre. Sherlock Holmes n'était jamais gentil. Il était vrai.

Enfin, vrai quand il avait droit a son libre-arbitre. Eurus ne lui avait pas laissé le choix. Ou Molly mourait par une bombe cachée dans son appartement, ou il lui disait en face des mots qu'il ne pensait pas. Seulement étaient-ils vraiment faux ? Totalement erronés.

Sherlock passa le reste de la nuit à penser à l'excuse qu'il lui donnerait lorsqu'il la retrouverait.

'' Bonjour Molly. Si je ne suis pas venu vous voir c'est parce que j'avais honte. Honte que vous croyiez mes mots, ou encore que vous ne vouliez plus me voir à cause de ces mêmes mots qui étaient votre vérité. John a du vous l'expliquer, mais je tiens a vous le dire : j'en étais forcé. Eurus m'a menacé de vous faire avouer vos sentiments pour moi afin de vous épargner. Il fallait que vous me disiez ''Je vous aime'', et la partie était finie. Enfin, cette épreuve.

Et puis, j'ai réfléchi, alors que l'angoisse de vous savoir disparue m'étonnait. Ce qu'Eurus m'a forcé a vous dire... Ca n'était pas tout a fait faux.

On aime ses amis, non ? On leur veut du bien, on s'inquiète de leur prise de poids (quoique mes méthodes soient légèrement maladroites a ce sujet), on veut les savoir sains et saufs. Alors, je ne vous aime pas comme vous aimeriez, mais d'une autre manière, vous m'êtes précieuse. N'oubliez jamais cela.''

Sherlock n'aimait pas vraiment cette réponse, même s'il n'arrivait pas a déterminer clairement pourquoi.

Il voulut se faire un thé, mais une fatigue langoureuse s'empara de lui et le laissa pantelant sur son fauteuil, tandis que le sommeil le touchait de son doigt.

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