John ne lâchait pas son ami des yeux. Tourné vers la fenêtre de la voiture, il n'avait pas décroché un mot de tout le voyage. Son violon sur les genoux, il regardait résolument le vide, le visage fermé, la bouche cousue. Il semblait contrarié. Oui, il semblait, car John ne disposait pas des capacités déductrices suffisante pour l'affirmer. Il n'avait qu'un cœur rempli de bonté et d'attention envers ses proches, lui. Le taxi klaxonna, bruit qui poussa l'ancien militaire à user lui aussi de son moyen de communication :
- Un problème ? Demanda-t-il.
Sherlock ne répondit pas. Cela alerta John, car habituellement Sherlock ne pouvait se résoudre à ne pas avoir le dernier mot. Il était donc fâché ? Contre lui ?
- Je ne comprends pas ce qu'il se passe... T'ai-je contrarié ?
- En effet. assena soudain Sherlock.
Son ton était sec, froid, dur. Que lui arrivait-il encore ?
- Mais en quoi ai-je pu...
- Tu savais depuis le début. le coupa l'autre. Même le plus stupide des individus aurait pu comprendre. J'ai effacé cette scène avec Molly de ma mémoire, parce que mon cerveau n'a pu se résoudre a une telle souffrance, pour elle comme pour moi. Elle avait confiance en moi, et je l'ai forcé a tout me dire.
- Eurus t'a forcé à tout lui dire.
- Le résultat est le même : je l'ai détruite. C'était une collègue, une associée, une amie. J'étais alors déboussolé, j'ai détruit le cercueil dont les restes sont aujourd'hui introuvables. Tu savais que cet épisode m'avait affaibli, que j'en sortais rongé de honte. Je me suis drogué pour ne plus voir ce sentiment bloquer mes poumons et me brûler les yeux. Pour ne plus la voir elle, ni la colère dans les siens. Tu n'as rien dit, tu m'as laissé chercher par moi-même, à quoi bon ?! Pour m'aider, peut-être ?
John prit une longue inspiration.
- Tu insinues que je devais savoir a l'avance que cet ... incident avec Molly était la cause de tout cela ? Que tu as préféré te droguer plutôt que d'aller t'excuser ? Mais mon pauvre Sherlock, je ne suis pas devin ! Je ne suis pas comme toi !
Sherlock braquait son regard vers lui. Les mâchoires serrés, il attendait des explications, et John comptait bien lui en fournir :
"- Commençons par le début tu veux, dit-il en essayant tant bien que mal de moduler sa voix, Molly. Dans le cadre d'une des NOMBREUSES expériences d'Eurus, tu as dû lui téléphoner et la pousser a t'avouer son amour. Molly est ton amie, c'est vrai, mais laisse moi te dire que ça n'a pas toujours été le cas. Veux-tu que je te rappelle le nombre de fois où tu t'es servie d'elle ? Ou tu as abusé de ton charme pour la faire rejoindre tes rangs ? As-tu compté les fois où tu l'as rabaissée en public, sans une once de remords, alors qu'elle n'avait d'yeux que pour toi ? ''De quoi pourras-je avoir besoin venant de vous ?'' ? C'est vrai, bonne question ! Molly n'est peut-être pas aussi intelligente que toi, mais elle est gentille, attentionnée, et aimante ! Et que lui as-tu donné en retour ? Tu l'as traitée comme une moins que rien, pendant des années ! Et maintenant que cette noire époque se termine a peine, tu oses me faire croire qu'elle prend une place a part dans ton cœur ?
Désormais, je passe au deuxième point : la honte. Sherlock Holmes est un homme inflexible, savant, élégant et psychopathe. La confiance qu'il porte en lui-même est inquantifiable. Autrement dit : chaque décision qu'il fait est assumée, révolue, même lorsqu'il est forcé de la prendre. Il ne connaît pas l'hésitation, le remords, ni même la HONTE. Tu as eu honte, Sherlock ? Pour la première fois, dans ce cas. Comment aurais-je pu deviner que ce cœur rabougri puisse éprouver autre chose qu'une passion scientifique ? COMMENT ? Tu t'es déjà excusé pour maintes et maintes choses mais jamais un blocage émotionnel ne t'a empêché de demander pardon.
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Élémentaire
FanfictionFanfiction de la série Sherlock de la BBC, que j'adore. Une enquête particulière, ou Sherlock n'est plus maître du jeu ... Shooté depuis trois semaines, il devra rassembler péniblement les indices de la carte de son propre coeur... Le visionnage de...