EPILOGUE : ''Dites-le (comme) si vous y croyiez''

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11 mois plus tard...

– Je ne t'ai pas montré ma collection de cendres ?

John haussa un sourcil en entrant dans le salon du 221B Baker Street. Sa fille Rosie dans les bras, il salua de la main Sherlock et Molly, laquelle était assise dans son fauteuil.
Il avait fallu trois mois pour que Sherlock se décide à demander à John de prêter à Molly cet objet emblématique de leur amitié, et John s'était aussitôt empressé de dire oui. Molly étant depuis plus d'un semestre la petite amie du détective, il était temps qu'elle trouve dans l'appartement un siège à occuper, et John était ravi de lui laisser le sien lorsqu'elle débarquait presque trois fois par semaine au quartier général de la bizarrerie. Elle était devenue beaucoup plus heureuse, pimpante, et se révélait très douée pour garder la colérique Rosie. Sherlock, quand à lui, avait trouvé un exutoire à sa vie tourmentée, et la difficulté qu'il avait à gérer les relations sociales s'atténuait de jour en jour. Oh, il était toujours aussi perché, mais la compassion, l'écoute et la sympathie ne lui étaient plus étrangères. Et John n'en était que plus émerveillé.

– Non, je ne l'ai jamais vue, montre-la moi ! S'écria Molly, tout sourire.

Sherlock et elle se levèrent aussitôt et prenant instinctivement la main de l'autre, se dirigèrent à grands pas vers le couloir qui menait à la chambre de Sherlock.

– Ce sont des centaines de cendres de tabac différents, j'ai mis un certain temps à les collecter... résonna la voix de Sherlock, assourdie par la porte.

John soupira. Des caractères différents, mais des passions communes... et pour le moins étranges. Il déposa Rosie par terre, qui s'empressa d'aller pincer les cordes du violon posé contre le manteau de la cheminée. Des voix attirèrent son attention, qui montaient l'escalier.

– ... N'a jamais été aussi détendu, et pour vous dire, je le connais depuis au moins six ans...

– Et moi je le connais depuis qu'il est né, Mme Hudson. Répondit une voix pincée d'homme pincé.

Mrs Hudson et Mycroft Holmes entrèrent et saluèrent John.

– Oh John, quel plaisir de vous voir ! S'exclama Mrs Hudson.

– Ravi de vous revoir, John. dit Mycroft avec un ton qui signifiait le contraire. 

Soudain une exclamation attendrie retentit depuis le couloir.

– Oh Sherlock, c'est adorable !

John, curieux, pencha la tête et vit Sherlock agenouillé devant son cadenas, regardant Molly avec la plus sincère surprise.

– De quoi tu parles ? Demanda-t-il.

Mycroft, au loin, étouffa un rire.

– Ton code, Sherlock ! insista Molly, Depuis le temps que nous sommes ensemble j'ai appris tes techniques de reconnaissances, et celle-là fait partie des plus évidentes ! 

Devant le mutisme de l'assemblée, elle fronça les sourcils et entreprit d'expliquer :

– Eh bien, regarde : si on séquence les nombres par groupe de deux ou de 1, on se rend compte qu'ils ne dépassent jamais 26... comme l'alphabet. Alors on les remplace par des lettres, et ça donne...12 14 11 11 25 // 8 14 14 15 5 17... 

– M O L L Y // H O O P E R, compléta Sherlock.

Il resta un instant sans voix, puis esquissa un sourire :

– J'avais oublié que mon code portait ton nom, Molly, quel idiot je fais ! Tiens, dit-il en pointant le fond de sa chambre, les cendres se trouvent dans cette commode. Attends moi dans ma chambre, je vais te préparer du thé.

Molly retrouva sa bonne humeur et posa un timide baiser sur la joue de Sherlock, qui se sentit presque rougir, avant de fermer la porte derrière elle.

Sherlock se retourna et traversa le couloir en sens inverse, le pas lent, les yeux rivés vers son frère.

– C'est comme ça que tu as su.

John observait scène avec incompréhension.

Mycroft esquissa un sourire.

– Tu ne t'en es jamais rendu compte, n'es-ce-pas ? Dit-il.

Sherlock baissa la tête.

– Non, non en effet.

John s'interposa :

– Mais enfin Sherlock, tu déchiffres les codes les plus difficiles au monde, c'est l'un de tes passe-temps , et tu n'as pas été capable de comprendre le TIEN ??!

– Je n'ai jamais réalisé que... Il s'arrêta.
Comme lisant dans ses pensées, John demanda :

– Mais... depuis quand est-il le même ?

Sherlock plissa les yeux , et au bout de cinq secondes, répondit :

– Depuis... Cinq ans, je crois.

Mrs Hudson choquée, regardait Sherlock. Sherlock regardait son frère, et Mycroft regardait John. Ce dernier ne put contenir son fou rire, et Mrs Hudson le suivit allègrement. Sherlock, quoique encore peu habitué aux effusions de joie, s'esclaffa lui aussi, et seul Mycroft ne réussit à produire qu'un gargouillement amusé.

Lorsque l'hilarité générale se tut, Sherlock s'avança vers son frère et attrapa ses épaules d'un geste ferme. Les yeux dans les yeux, il se contenta de dire:

– Merci. Merci pour tout.

Mycroft renifla nerveusement et répondit :

– Je ne cesserai jamais de veiller sur toi et ton bonheur, petit frère.

– Sherlock, tout va bien ? Retentit la voix de Molly.

Le détective s'empressa de répondre, enjoué :

– J'arrive Madame Hooper.

– Future Holmes, s'il vous plaît ! Implora Mrs Hudson en chuchotant.

John regarda son ami. Sherlock avait toujours détesté les mariages. Pourtant ce dernier se contenta d'hausser les épaules. Il s'apprêtait a repartir vers la chambre lorsque Rosie s'accrocha à sa jambe en riant. Il s'accroupit à sa portée et, d'un ton chaleureux que John ne lui connaissait que depuis onze mois, lui demanda :

– Et toi, qu'en dis-tu Rosie ? Si Molly et moi, on se mariait, tu voudrais être notre demoiselle d'honneur ?

Il jeta un regard en coin à John, qui semblait comme frappé par la foudre. L'enfant hocha la tête en souriant de toutes ses dents. 

John réalisa alors à quel point Sherlock était heureux.

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