Partie 31

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BINETA

Le soir arriva trop tôt, je n'ai rien vu venir me voilà à présent seule avec ma badiene (soeur de mon père) qui devait me laver et me faire des prières coutumes de la famille.
Je finis par mettre une grande robe en coton, puis on me noua la tête avec un foulard noir et blanc. Ma badiene rappela maman pour qu'elle se place devant la porte afin que je passe sous ses jambes en rampant, d'après elles cela fera que j'adopterai la même conduite qu'elle dans mon futur ménage. Je le fis avec beaucoup d'émotions, je m'imagine déjà ne pas pas la voir tous les jours. Je rampais ainsi jusqu'au salon où étaient mon père et quelques oncles, on me dit de m'asseoir au milieu, puis badien me recouvrit d'un pagne tissé très lourd, je fus plongé dans le noir sur le coup.

Mon père pris la parole le premier, il me parla de cette nouvelle vie qui m'attendais, de cette nouvelle personne que l'on attendait de moi. De tous ses sacrifices tant sur mon ego, mon comportement que je devais consentir si je voulais faire bien fonctionner mon ménage. Il me dit de prendre exemple sur ma mère

-si tu suis les pas de ta mère, jamais je dis bien jamais tu ne le regrettera, man deh gërëm na sa yaye (ta mère a toute mon estime et ma gratitude) elle a toujours été à mes côtés dans les bons et mauvais moments sans jamais flancher, je veux que tu sois comme elle avec ton mari, soit toujours calme comme l'eau d'une rivière. Demal sama domm denk nala yàlla (vas ma fille je te confie à Dieu) puis il se tut d'un coup, et je crus déceler des pleurs

Mes larmes qui menaçaient de couler le firent sur le coup, je ne pouvais plus m'arrêter je pleurais de chaudes larmes

-Bineta arrête de pleurer, même ta mère est en train de pleurer, bayilene dioy yi ( arrêtez de pleurer)

Elle me donna un verre d'eau mais je pleurais tellement que j'avais du mal à le tenir, j'allais quitter mes parents et la seule maison que je n'ai jamais connu, pour une nouvelle maison une nouvelle vie, de nouvelles habitudes. J'avais peur j'avais vraiment peur de ce qui m'attendait.

-Lève toi, il est l'heure de partir dit badiene en me prenant la main pour me guider, elle me demanda de ramper à nouveau devant maman ce que je fis et je l'entendais elle aussi pleurer

-Bineta demal denkk nala yàlla bou djiss dara loy tiit wala ragal tchi sa seuy bi yalna nga fa sakh, (va ma fille je te confie à Dieu puisse tu ne jamais rencontrer de difficultés dans ton mariage et puisse t il durer toute ta vie) me dit ma mère à travers ses larmes

Les miennes redoublèrent et je fis tout pour la prendre dans mes bras, elle me répéta sa phrase plusieurs fois avant de me libérer.

Je passais la porte de chez moi, ma main dans celle de badiene qui me guidait dans la voiture qui allait me conduire chez mon mari. Aicha et Ouly étaient dans l'autre voiture avec nos bagages, il y avait aussi quelques cousins et cousines pour assurer l'ambiance avaient ils dit .

J'ai cru comprendre que c'est Babacar qui conduisait la nôtre, mais il ne parlait pas, à part le bonsoir qu'il nous a lancé à Badiene et moi. Bineta et Fatim sont rentrées juste avant la cérémonie du "muur", elles disaient qu'elles n'allaient pas supporter.

On roula environ trente minutes avant que la voiture ne s'arrête, badiene me tint à nouveau la main pour me guider. Dès qu'on descendit mes cousins se mirent à chanter et à battre des mains, avant de nous barrer la route pour réclamer de l'argent, moi je voulais juste que ça finisse pour que je puisse enlever ce pagne avant d'étouffer.

Quelqu'un sortit leur remettre une liasse de billets, satisfaits ils nous laissèrent enfin passer en continuant de chanter "sama yaay boma deti mey nang ma mey goor bou sant Kane doula door doula saaga yaa doula torokhal tchi sey morom" traduisez 😂

Vierge et Enceinte (Nouvelle Histoire) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant