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J'ai l'impression qu'on me poignarde. La douleur est-elle que je vomis, je m'entends même crier.
Je sonne chez Francesca ma voisine de pallier, une de mes meilleurs amies.

Nous nous retrouvons le mardi soir au ciné-club et le samedi pour une soirée entre filles avec Annabelle et Margot, petit resto sympa suivi d'un verre ou deux dans un bar musical à quelques rues de la maison.
Pour être honnête je dois préciser que bien souvent nos soirées ont plus l'allure d'enterrements de vie de jeune-fille déchaînés que de dégustations épicuriennes, mais bon, on a à peine trente ans et on est des celibataires su-bli-mes ! Qu'est-ce qu'on rigole !

En general, je rigole moins le lendemain soir au repas hebdomadaire chez mes parents avec ma soeur et sa tribu.
Adorables mes neveux et ma nièce mais une heure.
Au delà, ça devient difficile, ils sont mignons certes mais ça reste des gosses avec leurs geremiades, leurs blagues pourries et leurs bisous humides, beurk. En plus le petit dernier n'est pas très réussi mais bon j'ai entendu dire que les bébés les plus moches font des adultes très beaux, et bien croyez-moi le petit Antoine sera une pure bombe atomique si vous voyez ce que je veux dire...

Aiiiiie !

La douleur me fait reprendre mes esprits.
- Frankie, emmène-moi aux urgences, je dois faire une crise d'appendicite. Je suis trop mal.

Je hurle en tembourinant sur sa porte. Mais je n'entends aucun bruit.
Bizarre. Son appart ressemble plus à une boite à chaussures ( super bien aménagée toutefois ) qu'à un château de mille-deux-cent-cinquante-deux mètres carré. Ça ne sent pas bon pour moi. Si je n'entends aucun bruit ça veut dire que cette chipie est partie retrouver le beau gosse croisé samedi. En même temps je la comprends : il est canon, plaquettes de chocolat et tout ce qui va avec, la belle gueule et tout et tout, et cerise sur le gâteau il ne parle pas un mot de francais : au moins aucun risque d'explications interminables ! Et puis moi je suis censée être avec mon Tesorino à déguster une délicieuse pizza pesto, mozzarella di buffala, roquette et jambon cru, alors...
Oh non, ça recommence et... désolée Frankie. Je crois que je suis bonne pour lui racheter un paillasson, je viens de vomir dessus.
La poisse.
Je rentre attraper un sac poubelle et des chiffons, histoire de faire disparaitre plus ou moins les traces. J'en profite pour chopper mon téléphone et appeler Margot mais je tombe directement sur la messagerie.
J'essaie Annabelle, première sonnerie, deuxième sonnerie...
Décroche, please.
Troisième sonnerie.
Je croise les doigts.
Quatrième sonnerie.
Je croise les orteils.
Cinquième sonnerie.
Je croise les poils des fesses.
Sixième sonnerie... et messagerie.
Putain ! Y a personne ce soir.
Et cette douleur lancinante qui reprend de plus belle. Je n'ai plus qu'à appeler les pompiers.

Super !

Victoria Où les histoires vivent. Découvrez maintenant